Actualité Economie

Achat d’énergie : marché de gré à gré de 3500 milliards FCFA entre la Senelec et le West African Energy

Amadou Ly dénonce les manœuvriers Macky Sall, l’ex-DG Pape Demba Bitèye et Samuel Sarr

 

En octobre 2019, le ministre des Finances et du Budget d’alors, Abdoulaye Daouda Diallo, avait enjoint au Directeur général de la Société nationale d’électricité (SENELEC) Pape Demba Bitèye de ne pas signer le contrat avec la société West African Energy (WAE) de l’ancien ténor du PDS Samuel Sarr en raison de plusieurs manquements. Au mépris des intérêts du Sénégal, la SENELEC avait zappé Energy Ressources Sénégal SA (ERS SA), une société anonyme de droit sénégalais sise à Dakar dont elle détenait pourtant 49% des parts. Samuel Sarr et Pape Demba Bitèye ont obtenu, à la surprise générale, l’accord du Président Macky Sall pour octroyer, le 11 juin 2020, le marché de la construction de la centrale électrique d’une capacité de 300 MW à WAE au Cap des Biches sans appel d’offres. Le leader de Yeesal En Marche (YEM), Amadou Ly, a tenu un point de presse, hier, pour dévoiler le stratagème de Samuel Sarr, Pape Demba Bitèye et Macky Sall pour se sucrer sur le dos des Sénégalais.

 

Par ABLAYE DIALLO

Dire que la gestion des finances de la SENELEC sous la direction de Pape Demba Bitèye a été catastrophique est euphémisme. Les scandales se sont enchainés. La SENELEC dispose de 15% dans le capital de West African Energy a délibérément signé le 11 juin 2020 un contrat de 25 ans avec cette société sans licence de production et de distribution d’électricité au moment de la signature du bail. Et pourtant, au même moment la société Energy Ressources Sénégal SA (le premier Producteur Indépendant d’Energie, Independent Power Producer, IPP), dirigée actuellement par Moustapha Sène, avec 49% des parts détenus par la SENELEC, a été écartée.

140 milliards FCFA par an pour Samuel Sarr et son clan

Contrairement à l’avis de son ministre des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo, Macky Sall a agi en complicité avec Pape Demba Bitèye en connaissance de cause au mépris des intérêts du Sénégal pour enrichir davantage un groupe d’amis avec des sommes pharamineuses. Pour couvrir environ 25% du parc de production du pays, WAE de Samuel Sarr et de son clan ont bénéficié du plus gros contrat de l’histoire du secteur des Energies à en croire Amadou Ly, leader de Yeesal En Marche par ailleurs patron d’AKILEE SA qui s’active dans ce domaine depuis près deux décennies : « Nous voulons attirer l’attention des Sénégalais et des autorités sur un sujet dont nous avons connaissance et qui a des conséquences sur la vie des Sénégalais. Nous voulons parler d’un certain nombre de violations dans le secteur des Energies notamment la signature d’un contrat majeur qui, est en vérité, est le plus gros contrat dans le secteur de l’Energie et plus particulièrement dans le secteur de l’électricité. C’est un contrat de 300 mégawatts pour la réalisation d’une centrale électrique avec deux turbines à gaz et une turbine à vapeur. Elle est censée produire une puissance de 300 mégawatts et peut monter jusqu’à 366 mégawatts pour une durée de 25 ans », a déclaré dans un premier temps Dr Ly.  Avant de souligner : « Ce contrat a été porté par la société West African Energy dont le promoteur est Samuel Ahmed Sarr. On connait le passif et le passé de Samuel Sarr dans le secteur de l’Energie. Il aurait une capacité démontrée de porter ce genre de projets, on n’aurait trouvé rien à dire. Il se trouve que la société West African Energy est une entreprise ex-nihilo. Elle a été créée de toutes pièces en novembre 2019. Elle n’a pas aucun état de service, aucune expérience dans le domaine pour aspirer à porter ce genre de projet. Signer un contrat aussi important sur une durée de 25 ans pour un investissement de 200 milliards CFA. En vérité, le montant du contrat, ce n’est pas l’investissement. Ce que le contrat peut rapporter au cours des 25 ans. Considérant le prix auquel le kilowatt sera produit et vendu, considérant les paramètres techniques du fil puissance nominale, durée de fonctionnement, disponibilité de la centrale, on arrive à une somme de 3500 milliards FCFA sur les 25 ans et plus de 140 milliards FCFA par an ».

Les violations de la loi dans l’octroi de ce marché nébuleux

Membre de la Coalition Diomaye Président, Amadou Ly dévoile également toutes les violations de la loi lors de la signature de ce contrat record : « On a donné ce contrat en entente direct sans aucun appel d’offres en totale violation des lois du Sénégal. La première violation est que l’appel d’offres était de vigueur parce que le Code de l’électricité qui était en vigueur est la loi 98-29. Le contrat a été signé le 11 juin 2020 sans aucun appel d’offres alors que la loi exige qu’il y ait un appel d’offres. La 2e violation est qu’ils ont décidé de signer le contrat sans remplir les conditions imposées par la loi. En effet, la loi dit dans ses articles 19, 20 et 21 qu’il faut au préalable une licence de production et de distribution d’électricité pour pouvoir signer un contrat de production d’électricité indépendante à titre privé pour le compte de l’opérateur électricien national SENELEC. Cette licence n’a pas été exigée. Le contrat a été signé le 11 juin 2020 et la licence n’a été demandée qu’en septembre 2021. Plus d’un an après ». L’homme politique ne s’arrête pas là. Il enfonce le clou : « Certains diront que le Code des Obligations de l’Administration ne s’applique pas à la SENELEC. L’article 34 dans ce Code stipule qui si vous signez un contrat sans remplir les conditions préalables pour le signer, ce contrat est de nullité absolue. Le contrat est non-formé et non reconnu par la loi. Il est nul quels que soient les engagements et la construction que vous avez faits. En droit pur, ce contrat n’existe pas. Parce que la licence qu’il fallait avoir, il ne l’avait pas ».

Les liaisons dangereuses entre DG sortant et nouveau DG

Acteur de premier plan du secteur énergétique, Amadou Ly appelle les nouvelles autorités à agir pour freiner le dangereux clan de Samuel Sall pour éviter toutes mauvaises surprises dans la fourniture de l’électricité : « Je fais partie modestement des gens qui ont élu le Président Bassirou Diomaye Faye. À sa demande, il m’a sollicité et je l’ai accompagné. J’ai été désigné Directeur de campagne adjoint en charge de la Stratégie et des Finances pour la Coalition Diomaye Président. Je considère être membre de la Coalition et engagé au triptyque idéologique que nous avons vendu aux Sénégalais à savoir le Jub Jubal Jubbanti. On appelle les gens à la droiture et à redresser les errements. Quand on a de si grands errements qui ont incidence directe sur le coût de l’électricité, il n’est pas possible pour nous d’agir en traitre. Savoir et ne pas parler pour moi, c’est une trahison à la nation. Un petit lobby s’est arrangé pour signer ce contrat en violation de toutes les lois et procédures. On ne peut pas laisser passer cela ». Il persiste et alerte : « Il m’a été donné de constater il y a deux semaines une audience que Premier ministre Ousmane Sonko a accordé à un partenaire Ahmed Çalik, le PDG de Çalik Holding impliqué dans ce contrat avec West Africa Energy. Il est important pour nous d’alerter les autorités. Je considère qu’elles n’ont pas connaissance des éléments dont nous nous avons connaissance. Cette affaire concerne tous les Sénégalais. Même n’étant pas partie du contrat entre la SENELEC et West Africa Energy, considérant que la SENELEC est un bien commun, mon devoir de citoyen sénégalais est de dénoncer tout cela. C’est la raison pour laquelle j’ai assigné la SENELEC au tribunal pour leur demander de requérir l’annulation de ce contrat et les réparations pour que les Sénégalais puissent y trouver leur compte ». Amadou Ly a également dénoncé les liaisons dangereuses avec l’ancien responsable de l’Alliance pour la République Pape Demba Bitèye et le nouveau DG Pape Toby Gaye : « Le management sortant de la SENELEC est sorti sans sortir en fait. Dans le management sortant, il y avait un Secrétaire général, bras droit du DG sortant. C’est ce SG qui est devenu le DG. Il a été impliqué et partie prenante des négociations. C’est Samuel Sarr lui-même qui l’a dit. Vous avez suivi la vidéo. Comment des gens qui ont été impliqués dans ces violations seraient ce qui allaient les dénoncer. Cela me parait peu probable ». Il a aussi évoqué les violations sur la centrale de Sendou où il y a eu 13 milliards CFA de surfacturation entre autres.

Articles similaires

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires