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BENOIT SAMBOU, PRÉSIDENT DE LA PLATEFORME PACTE

«Il y a une certaine unité de façade dans notre coalition»

C’est un Benoit Sambou dépité par le comportement de la classe qui a lancé une Plateforme de rassemblement, de rencontres et d’échange d’idées. Il déplore le départ des jeune, il invite à plus de responsabilité et à accompagner les femmes. Benoit Sambou réclame la reprise des rotations des bateaux entre Ziguinchor et Dakar, non sans plaider pour l’ouverture des universités.

Vous venez de lancer la Plateforme des acteurs pour la citoyenneté, le travail et l’émergence(Pacte). De quoi s’agit-il précisément ?

Nous sommes dans un contexte international marqué par des crises identitaires, communautaristes, économiques et sociales se traduisant par des conflits armés, notre pays continue à assumer son rôle de phare culturel, démocratique et économique du continent. Le Sénégal est une référence. Il est donc important de mettre en place une organisation consolider nos fondements démocratiques et républicains pour un Sénégal par tous et un Sénégal pour tous. Il nous faut préserver notre stabilité pour assurer notre développement économique et de mieux-être social, des hommes et des femmes épris de valeurs républicaines. L’objectif est de consolider notre modèle socio-culturel, reconnu et apprécié du monde Entier.

Vous êtes connu et reconnu comme membre de la mouvance présidentielle. Quel est le positionnement de cette structure ?

Je suis effectivement un militant de l’Alliance pour la République et un élément de la mouvance présidentielle. Je l’assume et je reste dans mon parti. Maintenant, je dois préciser que le Pacte n’est pas un parti politique encore moins un mouvement politique. C’est un cadre de rencontre, d’unité, de réflexion, de proposition d’idées et de discussion sur le devenir du Sénégal. C’est une plateforme où chacun est libre de dire ce qu’il a dans le cœur et de faire ses propositions.

À quelques mois de l’élection présidentielle, qu’est-ce qui motive réellement le lancement de cette plateforme ?

Il est certes vrai que nous allons vers une élection présidentielle qui est un pilier fondamental de notre démocratie. C’est un moment clé durant lequel les citoyens ont l’opportunité de décider de la direction queprendra notre pays. Cependant, son importance, liée à l’impact que des choix individuels peuvent avoir sur nos vies collectives, ne doit absolument pas être détournée pour des objectifs obscurs ayant des conséquences contraires aux valeurs et principes qui fondent notre vivre ensemble. La Pacte/Mboolo Nguir Ëlëk Senegal est née de cette volonté de s’unir afin de consolider et de perpétuer les dynamiques constructives déclenchées pour la prospérité de notre nation. Nous allons nous organiser dans les quartiers, les communes et les départements, pour magnifier les réalisations du Gouvernement et leurs multiples impacts afin de mieux porter, le candidat de Benno Bokk Yaakaar à l’élection présidentielle en 2024.

Ce n’est pas une structure de trop, quand on sait la division dans votre coalition ?

C’est vrai qu’il y a une certaine unité de façade dans notre organisation et c’est pour éviter que tout s’effondre au moindre prétexte qu’il faut mettre en place un mécanisme de maintien. Nous sommes conscients des défis, dont certains, il faut le reconnaitre, sont persistants. Et la Pacte symbolise une réponse audacieuse à ces défis, en apportant notre contribution citoyenne à la définition de nouveaux modèles économiques mettant les femmes, les jeunes, le 3e âge, les paysans, les artisans, les pêcheurs, les commerçants et les acteurs du secteur informel, au cœur des préoccupations publiques afin de réduire les inégalités et d’améliorer la qualité de vie de nos concitoyens.

Comment comptez-vous massifier votre plateforme ?

Je vais sillonner, le Sénégal des profondeurs, avec mes amis pour partager avec les populations sur leurs préoccupations, sur leurs soucis et sur leurs sentiments sur la marche du Sénégal pour ensemble apporter des réponses. Les leaders du Bennoo doivent aller vers les gens et échanger avec eux. Leur comportement est irresponsable et révoltant.

Est-ce un positionnement pour la présidentielle de 2029 ?

Permettez que j’exprime ma profonde gratitude envers tous ceux qui ont contribué à la conception et à la mise en place de cette plateforme et nous invitons toutes les parties à s’engager activement dans la Pacte et à apporter leurs idées, leurs ressources et leur expertise pour que cette initiative soit couronnée de succès. Nous voulons créer un espace où les idées, les visions et les préoccupations de tous les Sénégalais trouvent leur place. Parce qu’il faut parler du Sénégal, de sa marche, de la démocratie, de la justice, de la prospérité et de la paix. Le chemin à parcourir sera exigeant mais ensemble et unis, nous pourrons surmonter les obstacles et réaliser notre vision commune d’un Sénégal émergent à l’horizon 2035 tel qu’inscrit dans le PSE. Il y a déjà 22 organisations politiques, citoyennes et socio-professionnelles qui ont adhéré.

Pourquoi le choix de Dakar pour son lancement ?

Dakar est la miniature de Sénégal. Et dans ce genre de structure, il faut rassembler. Et à cet effet, il faut s’assurer que chaque communauté et que chaque groupe socioprofessionnel soit impliqué. Mon souci, c’est d’instaurer un Sénégal de dialogue. On ne veut plus d’un Sénégal où les politiques passent tous les jours à s’invectiver, à s’insulter, à saccager et créer ne tension inutile. Certains n’ont plus l’envie d’écouter les radios encore moins suivre la télé parce qu’on n’y tire rien de ce qui peut nous faire avancer.

Est-ce à dire que les politiques ont failli ?

Il y a une grosse déception que la classe politique inspire aujourd’hui. Les politiciens, tout bord confondu, de l’opposition comme du pouvoir, ne parlent plus de programme, ne rivalisent plus avec l’intellect. Ce ne sont que des injures et des cassesqu’on distille.  L’espace politique est pollué et c’est ce qui justifie mon silence depuis un certain temps. J’avais des craintes pour le Sénégal, sur sa stabilité et sur son avenir. J’ai failli renoncer à l’engagement et à l’action politique. Nous voulons que le Sénégal ne sombre pas. Le jour où le président Macky Sall m’a a informé de sa non-candidature, je l’ai félicité pour cette sage décision. Et ce jour, j’ai failli renoncer à la politique, à ce milieu où il n’y a plus de débats encore moins d’idées constructives. Il est temps de parler du Sénégal, seulement du Sénégal, de son avenir.

Comment se comporte votre coalition à la base, en prélude du 25 février 2024 ?

C’est désolant mais nos amis ont abandonné les populations à la base. Beaucoup de leaders ne font plus de la politique. Ils sont confinés dans leurs bureaux, entre quatre murs et entre quatre vitres teintées. Ils ne font que leur autoglorification dans les médias. Chacun pense que l’autopromotion se procure par le débit permanent d’énormités et de propos indécents. C’est dommage. Il est temps de revenir à la raison, de retrouver la lucidité et de penser au Sénégal. Il est temps de poser le véritable débat du Sénégal de demain, en faisant preuve de responsabilité. Il faut repartir vers les populations et leur tenir un discours de vérité pour apporter des solutions à la cherté de la vie, à la migration irrégulière et à tous les maux dont souffre notre pays.

Les jeunes préfèrent braver la mer que rester au pays. Ça vous inspire quoi ? C’est écœurant de voir ces jeunes partir par la mer. Je suis peiné. Il y a des jeunes qui ont déserté leurs ateliers et bravent la mer au nom d’une ambition de mieux-vivre. Il faut réinjecter l’espoir de vivre ici dans les cœurs des jeunes, notamment dans le secteur informel. Il faut aller au-delà, soutenir les femmes. Les femmes n’ont plus besoin de financement parce qu’elles ont réussi à créer de l’épargne par elles-mêmes et elles peuvent investir. Ce dont elles ont besoin, c’est de mini-unités industrielles et de la formation pour transformer les produits locaux pour répondre au besoin de consommation de nos compatriotes et exposer et écouler le reste dans nos supermarchés.

Les universités sont fermées, ça râle de partout. Quelle solution préconisez-vous ?
Il y a des soucis dans nos université et il faut en parlerpour résoudre ces équations. Nous devons faire en sorte que les jeunes retrouvent le chemin des amphis tout en évitant d’exposer nos étudiants à la force publique. Et ça, c’est la responsabilité des acteurs politiques. Les jeunes ne peuvent pas être victimes des turpitudes des adultes politiques et eux aussi doivent arrêter de se constituer en chair à canon.

Depuis des mois, le déplacement en Casamance est limité par l’arrêt des bateaux. Pourquoi ?

Je m’en désole. Je ne peux pas vous donner des informations là-dessus. Cependant, nous réclamons le retour des bateaux dans les eaux pour assurer la desserte entre la Casamance et Dakar. C’est une urgence et nous le demandons vivement à Macky Sall et au gouvernement. Il faut créer les conditions sécuritaires pour que les bateaux reprennent les rotations pour le transport des personnes et des biens, notamment des produits de la Casamance.

Entretien réalisé par
BARHAM BA

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