Editorial

DÉCLARATION DE POLITIQUE GÉNÉRALE

Éditorial

LE COMBAT D’ARRIERE-GARDE DE APR/BENNOO ET LEURS AFFIDÉS

Un combat d’arrière-garde, nous indique le dictionnaire, est une « action visant à retarder l’avance d’un adversaire au cours d’une opération de repli ; lutte menée avec le seul espoir de retarder des changements jugés inévitables. »

C’est exactement ce qui s’applique à l’agitation que l’APR/BENNOO, certains ex opposants aigris et une certaine presse marron beige entretiennent autour de la Déclaration de politique générale que le Premier ministre devrait, selon eux, faire incessamment. Beaucoup de gens qui hurlent avec les loups ne le savent peut-être pas, mais les caciques et les idéologues de l’Ancien Régime qui sont à la manœuvre ne l’ignorent aucunement : si l’article 55 oblige le premier ministre à faire sa déclaration de politique générale (DPG) devant l’Assemblée Nationale, il ne l’astreint à aucune date.

En outre, ainsi que le rappelle Meissa Diakhaté, agrégé en droit, « l’Assemblée Nationale a abrogé, tirant les conséquences de la suppression du poste de premier ministre en 2019, l’article 97 dont le chapitre 22 traite de la DP, l’article 98 dont le chapitre 23 porte sur la question de confiance et l’article 99 dont le chapitre 24 traite de la motion de censure. En somme, le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale en vigueur n’a plus aucune capacité à entendre de la DPG du premier ministre.

Le Professeur Mounirou Sy constitutionnaliste, ancien conseiller du premier ministre de Macky Sall Boun Abdallah Dione et coordonnateur de la coalition présidentielle Dionne 24, confirme : Sonko a raison, il est tenu de faire sa DPG, mais rien ne l’oblige à le faire à une date quelconque. D’autant que, rappelle le constitutionaliste, Abdoul Mbaye, a été nommé premier ministre par le président Macky Sall le 3 avril 2012 mais n’a fait sa DPG que le 10 septembre 2012, plus de 5 mois après sa nomination donc. Pourtant le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale imposait alors au premier ministre de faire sa DPG dans les 90 jours suivant sa nomination.

En fait tous les premiers ministres qui se sont succédés au Sénégal au cours des vingt dernières années de Moustapha Niasse, à Mame Madior Boye, de Idrissa Seck et à Boun Abdallah Dione, ont fait leur DPG plus de 90 jours après leur nomination.

Et maintenant ?

L’APR/BENNO a donc crée de toute pièce cette crise. Sa presse l’a amplifié. Pourtant la solution évidente, simple, et rapide qui s’impose consisterait simplement à reprendre le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale pour y réintroduire les dispositions qui y figuraient jusqu’en 2019, relatives notamment aux délais de présentation du programme de gouvernement et à la procédure. Selon le Professeur Mounirou Sy cela ne prendrait que quelques jours. Au lieu de cela, voici que l’Assemblée Nationale en rajoute une couche en annulant le 29 juin la présentation du budget du gouvernement par le ministre des Finances et du Budget. Le prétexte ? Le premier ministre Sonko aurait « outragé » l’Assemblée Nationale et menacé « le fonctionnement des institutions de la République » en déclarant qu’en « cas de carence de l’Assemblée Nationale d’ici le 15 juillet, je tiendrai une DPG devant une assemblée constituée du peuple souverain… »

Que cherchent donc vraiment l’APR/BENNOO ?

C’est bien un combat d’arrière garde que les politiciens et propagandistes de l’APR/BENNO mènent en faisant de l’agitation sur cette soi-disant obligation impérative et urgente pour le premier ministre de présenter sa DPG et cette accusation d’outrage et de menace contre les institutions.

À quelles fins ? La démission du gouvernement Sonko ? Ils doivent pourtant bien savoir que même s’ils arrivaient à obtenir la démission du gouvernement Sonko grâce à une motion de censure votée à la majorité absolue des membres de l’Assemblée Nationale, le Président de la République reconduirait immédiatement son premier ministre qui renommerait son gouvernement à l’identique.

Que gagnerait ils alors ? À empêcher le nouveau gouvernement de travailler bien sûr ! En suscitant des polémiques artificielles et de fausses crises tantôt sur les arrières d’impôts de quelques entreprises de presse puis sur l’affectation d’un ancien chef d’état-major des armées, ensuite sur une soit disant fonde des meuniers et maintenant sur cette prétendue crise institutionnelle. Cherchent-ils à faire oublier la reddition des comptes annoncée par la publication des rapports des corps de contrôle qu’on avait pendant toutes ces années, gardés secrets et dont les révélations vaudront des années de prison à nombre de cadres de l’APAR/BENNOO ?

Il s’agit de retarder par tous les moyens la mise en œuvre du Projet ! De semer la confusion dans les esprits fragiles sur le caractère d’Ousmane Sonko et sur la réalité du Projet. De tenter de susciter effectivement la division fantasmée entre Ousmane Sonko, « le fantasque et belliqueux premier ministre » et Diomaye Faye le président de la République qui serait « un vrai démocrate », « courtois » et « affable ». Alors qu’il y’a peu on présentait le même Diomaye Faye comme « un dangereux salafiste qui « n’a même de tarikha et de marabout ». Au vu du traitement qu’ils ont fait de l’affaire du général, du soi-disant malaise que son affectation aurait suscité au sein de la grande muette, on pourrait même penser qu’on cherche à créer les conditions d’un coup d’état militaire !

Focus rek !

En tous cas, face à ces gens qui apparemment n’ont rien appris et n’ont changé en rien non plus, qui oublient qu’il y’a trois mois à peine, ce peuple qu’il prétendent représenter a plébiscité « Diomaye moy Sonko », il convient de rester concentré sur la transformation systémique du Sénégal. Ce qui inclue la transformation de la représentation nationale en une Assemblée Nationale populaire avec un nouveau type de représentation et de fonctionnement.

Focus rek, comme on dit. En attendant que l’on rétablisse donc le règlement intérieur de l’Assemblée nationale ! Sinon, nous serons fondés à tenir, comme le considère madame la présidente Aminata Touré, qu’« une DPG devant une Assemblée Nationale qui ne reflète pas la volonté populaire n’a aucun sens ». La convocation de « l’Assemblée populaire souveraine » préconisée par le premier ministre Ousmane Sonko s’imposerait dès lors !

ALYMANA BATHILY

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