Le parti Rassemblement pour la Vérité de Cheikh Oumar Diagne a fait face à la presse, hier, pour exiger la libération de son leader et candidat à la présidentielle de 2024.
Par HABIBATOU TRAORÉ
Trois candidats à la présidentielle de février 2024 sont en détention au Cap Manuel. Il s’agit de Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye et Cheikh Oumar Diagne. Les partisans de ce dernier ont d’ailleurs fait face à la presse hier pour exiger sa libération. Ils ont indiqué que leur candidat à la candidature est sous mandat de dépôt depuis 8 mois.
« Le fond du dossier a été minutieusement examiné pendant cinq mois, l’avocat de Cheikh Oumar Diagne a présenté plusieurs demandes de mis en liberté provisoire. Celles-ci ont été toutes rejetées par le juge d’instruction puis confirmées par la Chambre d’accusation du Tribunal de Dakar malgré le fait que toutes les conditions soient réunies pour y prétendre. Le fait de refuser à Cheikh Oumar Diagne une liberté provisoire alors qu’il est présumé innocent et qu’il remplit toutes les exigences pour l’obtenir semble constituer une détention arbitraire et rien ne justifie son emprisonnement », ont estimé les membres de sa formation politique.
Fatou Kiné Fall, porte-parole du jour fait en ce sens remarqué qu’avec le contexte actuel, tous les signaux sont au rouge. Ce qui prouve à suffisance d’après ses dires qu’il est évident que le Sénégal n’est plus ce havre de paix tant envié par ses voisins en termes de droit et de libertés. Mme Fall en veut pour preuve, les reculs notés à tous les égards.
« Le candidat Cheikh Omar Diagne a été inculpé par le premier cabinet du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar pour des actes présumés de nature à compromettre la sécurité publique ou à causer de graves troubles publiques. Il apporte dans ses livres des solutions face aux problèmes du Sénégal et même de l’Afrique, c’est un panafricaniste convaincu. Un modèle dont la jeunesse doit s’inspirer pour stopper l’émigration clandestine », dit-elle. D’après les membres du parti Rassemblement pour la Vérité, Cheikh Oumar Diagne totalise depuis 2022 quatorze mois d’emprisonnement pour trois arrestations aux « motifs fallacieux ».
« En avril 2022, il a été arrêté pour diffusion de fausses nouvelles pendant trois mois, suite à une émission télévisée et n’a pas pu participer aux dernières législatives. Trois mois après, il a encore été arrêté à propos de l’affaire Imam Ndao pour diffusion de fausses nouvelles et a passé 4 mois en prison. Et deux mois plus tard, il est encore arrêté, cette fois depuis huit mois. Nous nous levons pour dire halte aux autorités, Cheikh Oumar Diagne doit sortir car il est candidat à la prochaines présidentielle », souligne, Fatou Kiné Fall.
«L’État a tellement peur que n’importe quel acte est assimilé
à un appel à l’insurrection ou atteinte à la sureté de l’État»
Amadou Ba du Pastef trouve lui qu’il ne pouvait y avoir meilleure coïncidence avec la détention en même temps au Cap Manuel de Cheikh Oumar Diagne, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, trois candidats à l’élection présidentielle. M. Ba pense d’ailleurs, qu’avec le régime actuel, tous les Sénégalais ont intériorisé le vocabulaire de la répression politique.
« Tout le monde connait les termes : juge de premier cabinet, deuxième cabinet, mandat de dépôt, retour de parquet… C’est devenu une normalité dans le vocabulaire quotidien de tous les Sénégalais. On ne parle plus de croissance, de chômage ou des choses qui ont attrait à l’amélioration de nos conditions de vie mais plutôt de la répression politique », se désole le membre du bureau politique du Pastef.
Pour lui, l’image de la justice est abimée non pas dans ses fonctions habituelles, mais dans le volet politique qui, dit-il, reste l’aspect le plus médiatisé. « Si les magistrats ne commencent pas à résister à la pression politique de ce régime, il y aura des programmes politiques qui viendront poser des réformes qui peuvent être douloureuses pour tout le monde », avertit Amadou Ba. Il pense ainsi qu’il revient aux magistrats de garantir leur indépendance pour que la justice ne soit plus un instrument de répression politique.
« Ce Code pénal et Code de procédure pénal ne protègent aucun Sénégalais. L’État a tellement peur de la démocratie que n’importe quel acte est assimilé à un appel à l’insurrection ou atteinte à la sureté de l’État. Des termes que personne ne connaissait auparavant. Macky Sall a instauré une judiciarisation de l’espace politique avec une répression qui n’a plus de sens. Cheikh Oumar Diagne est un détenu d’opinion et cela doit cesser au Sénégal. Nous demandons à l’autorité judiciaire de le laisser mener sa campagne électorale », invite le responsable du Pastef.
Dans le même sillage, Dame Mbodj indique que Cheikh Oumar Diagne dérange au plus haut sommet de l’État. Le syndicaliste pense néanmoins que sa candidature doit être soutenue avec un parrainage massif. « Le trio du Cap Manuel est le favori de cette présidentielle. Il faut une solidarité autour des Sénégalais emprisonnés car ils subissent une injustice. Actuellement, on emprisonne pour dégrossir les rangs des manifestants », martèle Dame Mbodj.