Le Saes déterminé à enclencher la bataille
Le monde universitaire continue la lutte pour la reprise des enseignements en présentiel. Hier, la coordination Saes des universités du Sénégal a entamé une grève de 48h avec une marche pacifique.
Par HABIBATOU TRAORÉ
Le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) a mis en application sa menace d’une grève de 48h les lundi 6 et mardi 7 novembre 2023 dans toutes les universités du pays. Hier, la coordination de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar était dans la rue pour une marche pacifique suivie d’une déclaration à la presse. L’objectif est d’exiger la réouverture de ce temple du savoir fermé depuis le début du mois de juin à cause de la tension politico-judiciaire, suite au verdict de l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko et qui a mis l’université à sac. Ainsi, pour la Coordonnatrice Saes Campus de Dakar, Fatou Seck Youm, il est temps de mettre un terme à cette situation. « Cinq mois ça suffit ! Voilà cinq mois que l’Ucad est sortie de ses sentiers battus à savoir l’enseignement présentiel qui lui a valu sa place de première université francophone », regrette Fatou Seck Youm.
«Atermoiement des autorités dans un dilatoire savamment orchestré»
D’ailleurs, elle estime que ce temps d’attente impacte négativement sur le quantum horaire et par conséquent sur la qualité de la formation. En cinq mois, insiste Mme Youm, « il a été noté l’atermoiement des autorités dans un dilatoire continu et savamment orchestré ». « Durant toute cette période, lesdites autorités n’ont posé aucun acte concret pour une reprise des enseignements en présentiel laissant visible les stigmates des saccages nonobstant les multiples alertes de la coordination. Aussi, inacceptable que cela puisse paraitre, nous ne pouvons plus nous arrêter sur des atrocités commises par des malfrats, des bandits qui ont brûlé l’université le 01er juin 2023 car il y va de la survie de l’Ucad en général et de la communauté universitaire en particulier », fait savoir la coordonnatrice Saes Campus. Avant de poursuivre : « Nous n’avons pas le droit de laisser croire à ces personnes malveillantes que leur objectif criminel qui était la mise à terre de notre outil de travail et par de là l’enseignement supérieur est atteint. Nous n’avons pas non plus le droit de laisser croire à l’opinion que l’université est devenue un lieu d’instabilité et d’insécurité ».
Devant ses collègues, Fatou Seck Youm a précisé qu’il est impératif que l’Ucad se redresse par la reprise sans délais des enseignements en présentiel, ce au moins pour sauver l’année académique 2022-2023. « Aussi est-il, utile de faire un rappel aux membres du conseil académique, doyens de facultés, directeurs d’écoles, directeurs d’instituts, représentants des enseignants chercheurs et chercheures, le devenir de l’UCAD est entre vos mains, vous membres du premier conseil institué au sein de l’Université Cheikh Anta Diop, la situation impose que vous décidiez le 08 novembre 2023 à l’unanimité à la reprise effective des enseignements en présentiel. Vous avez la destinée de l’UCAD entre vos mains, vu le ras-le-bol généralisé, l’épuisement et l’exaspération de tous les enseignants chercheurs et chercheuses qui traduisent simplement un immense désir de reprendre l’enseignement dans les amphis, les salles de cours, de TD et TP, vous n’avez pas le droit de faillir », a-t-elle lancé.
«Application fidèle des décisions issues des instances délibérantes»
La Coordonnatrice Saes Campus de Dakar a aussi alerté sur l’angoisse des étudiants suffisamment, dit-elle, atteints par la peur d’une année compromise. Ainsi, d’après Fatou Seck Youm, la coordination du campus Saes de Dakar maintiendra sa mobilisation ferme et résolue jusqu’à entière satisfaction. « Main dans la main, nous devons parvenir par une reprise immédiate et effective des enseignements en présentiel, à rassurer les parents d’étudiants, les étudiants, la communauté nationale et internationale. Nous appelons le recteur à plus de responsabilité, de sagesse au respect et à une application fidèle des décisions issues des instances délibérantes », indique Mme Youm. La coordination de Saes campus de Dakar exhorte, en outre, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Pr Moussa Baldé à une matérialisation diligente des accords verbaux et écrits qui engagent le gouvernement.
« Au nom de l’UCAD qui nous a tout donné, au nom de la garantie de l’autonomie des universités par-delà les instances pédagogiques, la Coordination du Saes des campus de Dakar dit non à la volonté de confiscation des pouvoirs de décisions des instances académiques, elle dit non à cette campagne de désinformations de l’opinion sur la situation de l’UCAD. Elle dit oui à une reprise immédiate et sans condition des enseignements en présentiel ».
Pour rappel, lors des Assises de l’université tenues les 26 et 27 octobre, le directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD) avait indiqué qu’il n’est pas encore question de réouverture ou de reprise des cours mais plutôt de la mise en œuvre d’un ensemble de mesures qui ont été arrêtées soit par le Conseil académique de l’université, soit par le Conseil d’administration du Coud. Ces mesures, d’après Maguette Sène vont dans le sens de préparer la réouverture. « Si on doit ouvrir dans les mêmes conditions que l’on avait fermé le 1er juin, on va certainement fermer à nouveau. Il faut ouvrir en prenant la responsabilité de prendre les mesures de sécurité qui s’imposent, faire de sorte qu’il y ait le climat social qu’il faut pour les études. Il est question de faire des choses durables », avait déclaré le maire de Malicounda pour justifier la fermeture de l’UCAD.