La Direction de l’Emploi transformée en structure de recasement de sa clientèle politique
Personnel pléthorique (plus de 800 recrues), des agents payés à ne rien faire, des millions offerts à des artistes chanteurs et comédiens, des communicateurs traditionnels, gestion nébuleuse calamiteuse, Pape Modou Fall a transformé la Direction de l’Emploi en structure de recasement des apéristes.
Par MOUSSA FALL
Ça grognait et ça grogne du côté de la Direction de l’emploi. Depuis de quatre mois, les agents de ladite structure dirigée par Pape Modou Fall sont confrontés à des arriérés de salaire. Il est vrai que de gros efforts ont été effectués par l’actuel ministre de la tutelle Yankhoba Diémé et que sous peu les agents retrouveront le sourire perdu depuis quatre mois.
Et pourtant à lire la une du journal « 2 mn pour lire l’essentiel », du mercredi 07 août 2024, « 4 mois sans salaire, ça galère à Pôle Emploi. Le ministre Yankhoba Diémé avait promis de tout payer fin juillet, jusqu’ici rien ! », tout laisse croire que si les agents n’ont pas perçu leurs quatre mois de salaires, c’est à cause de la lenteur du ministre qui devait traiter avec célérité cette affaire de sous. Pourtant, la responsabilité du ministre de tutelle n’est nullement engagée mais plutôt celle du DG Pape Modou Fall. Par conséquent, si on en est arrivé à cette situation catastrophique, c’est à cause de la gestion calamiteuse de son Directeur général Pape Modou Fall leader du Parti pour le Rassemblement de la Vérité/ Dëgg Moo Woor. En effet, la Direction de l’Emploi a été transformé en une direction de recasement politique. La vraie raison de ces retards de salaires notés est que ce service dépasse très largement certains ministères en termes d’effectifs.
Personnel pléthorique, des agents payés à ne rien faire…
Entre janvier 2020 (arrivée de l’actuel Directeur de l’emploi) et 2023, la Direction de l’emploi s’est retrouvée avec un nombre pléthorique d’agents au point que certains d’entre eux ont même été ventilés dans d’autres services (Direction de la formation professionnelle, SNOP, Centre avicole, Service civique etc.) Une Direction qu’il a trouvée avec moins 200 agents à son arrivée en 2020, le Coordonnateur de la Coalition Républicaine/SAMM SUNU REW et actuel Directeur de l’Emploi, a porté le nombre d’agents de la Direction de l’emploi à presque 800.
Mais ce qui est incompréhensible, c’est le fait que plusieurs de ces agents sont payés recrutés par le Directeur de l’emploi et payés par la direction de l’Emploi qui pourtant ne servent pas pour l’État du Sénégal. Parmi ceux-là, il y a presque 400 agents d’une structure nommée Baol Digital Fablab It. Et l’on s’interroge sur le statut de cette structure aux missions floues. Elle n’est pas un service de l’Etat. Et sur la page facebook de ladite structure, il est bien mentionné « Baol Digital Fablab est un centre d’incubation mise en place par le Directeur de l’Emploi Modou Fall ». Est-ce donc une structure créée Pape Modou qui travaillerait avec la Direction de l’Emploi qu’il dirige ? Tout laisse le croire. Aux agents Baol Digital Fablab It s’ajoutent ceux de Migrants SN et d’un Magazine nommé le Migrant. Nos recherches ne nous ont même pas permis d’en savoir un peu plus sur ces « structures » dont les agents sont payés par la Direction de l’Emploi.
Convention Nationale Etat-Employeurs : un gouffre financier
Maintenant quid de la « Convention Nationale Etat-Employeurs privés pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes » dont le budget est passé d’un milliard à 10 après les violences de mars 2021 ? Cette Convention a été créée en 1997 avant d’être renégociée en 2000 puis en 2015. Elle constitue un cadre de partenariat efficace entre l’État et le secteur privé en vue d’assurer une promotion active et régulière de l’emploi des jeunes par un partage des coûts. En effet, les stagiaires perçoivent une allocation mensuelle versée totalement par l’entreprise où le stage est effectué. En retour, les entreprises établissent des états récapitulant les stagiaires accueillis ainsi que la totalité des allocations versées à ces derniers et l’État se charge de rembourser 50 % des indemnités versées (50 mille). Mais là, nos sources nous renseignent que plusieurs magouilles et détournements sont constatés dans l’effectuation de cette Convention. La Direction de l’Emploi a signé avec des entreprises fictives qui n’existent que sur papiers, n’ayant pas de personnel et qui percevaient régulièrement leurs versements. Le deal avec ces entreprises fictives est de reverser des contreparties conséquentes aux personnes en charge de la gestion de la Convention. Chose gravissime une bonne partie du personnel de la Direction est payée par le budget de la Convention qui pourtant est destinée aux entreprises privées.
Il faut souligner que les actions de promotion de l’emploi prévues par la Convention sont exécutées comme composantes essentielles de la politique nationale de l’emploi. Elles sont au nombre de quatre et concernent, respectivement le Programme de stage et d’apprentissage (stages d’apprentissage, stages d’incubation, stages d’adaptation et/ou de requalification), le Programme « contrat de solidarité », le Programme « contrat d’essaimage », le Programme de « financement des ressources humaines des PME ». Et selon la Revue d’économie du développement 2020, le Programme de stage et d’apprentissage polarise 86,2 % des jeunes qui ont été accompagnés dans le cadre de la Convention et ont bénéficié du programme de stage et d’apprentissage. Cela n’expliquerait-il pas la création de Baol Digital Fablab It pour capter tous les demandeurs de stages de ladite qui sont rémunérés par la Direction de l’Emploi ? That’s the question. En tout cas, ces rémunérations sont irrégulières et des audits déclenchés révéleront sans doute toutes ces exactions financières au niveau de la Direction de l’Emploi. La gestion du partenariat État du Sénégal-Employeurs dans le cadre de la Convention était exclusivement assurée par trois personnes dont l’une est issue d’un recrutement népotique.
Programme Xëyu Ndaw Ñi transformé en « took mouy dokh »
Dans le cadre du programme Xëyu Ndaw Ñi, la Direction de l’Emploi et l’Agetip ont signé le jeudi 09 mars 2023 une convention de partenariat. Concernant le volet pavage du programme, des lutteurs ont eu droit à des quotas de recrutement. 499 personnes ont été recrutées pour la plupart par des lutteurs bien connus dans le milieu. Mais ce qui est scandaleux, c’est que beaucoup de ces personnes recrutées dans le cadre du Programme Xeyu Ndaw gni perçoivent des salaires sans travailler. « Le took mouy dokh » y est érigé en règle.
Les libéralités du DG Pape Modou Fall
Pape Modou Fall est connu pour ses libéralités. Généreux, il offre des millions à des artistes chanteurs et comédiens, des politiciens, des communicateurs traditionnels, des groupements de femme etc. Son bureau ne désemplit pas. Et ceux qui lui rendent visite ne sortent jamais les mains nues.
Concernant les parrainages de certaines soirées des artistes comme Kéba Seck, Coumba Gawlo entre autres, ou événement comme la Calebasse de l’excellence, les achats de table et de tickets VIP à coût de millions font florès.
Mais sa générosité ne se fait pas sentir dans le traitement salarial de certains travailleurs de la Direction de l’Emploi. La discrimination dans le traitement salarial a été une arme de gouvernance de Pape Modou Fall. Des agents compétents et diplômés et qui ont durée dans la Direction sont sous-payés par rapport à sa cour dont les éléments sont grassement payés à ne rien faire.
Pour ce qui des cotisations de retraite des agents de la Direction de l’emploi qui sont majoritairement des contractuels (près de 98% des agents sont des contractuels) et la Couverture maladie universelle, nous sources nous indiquent que les travailleurs ont découvert que leurs cotisations ne sont jamais reversées à l’Ipres. Alors où est-ce que va l’argent de ces travailleurs ? Une question à laquelle Pape Modou Fall ne serait certainement pas à l’aise pour y répondre.
