Le CUSEMS et le SAEMSS
déterrent la hache de guerre
Le syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (SAEMSS) et le cadre unitaire des syndicats d’enseignants du moyen-secondaire (CUSEMS) observent, ce mardi 7 novembre 2023, une journée « École morte » sur l’étendue du territoire national. Ndongo Sarr, Secrétaire général du CUSEMS, a fait savoir au micro de Yoor-Yoor Bi que les enseignants exigent la libération de leurs collègues détenus pour des raisons politiques. Le SG évoque également le non-respect des accords signés en 2018 et 2022, les affectations désordonnées en raison du déficit criard d’enseignants, la réduction du montant des rappels, la lenteur du paiement des indemnités de sujétion entre autres.
La libération des enseignants détenus exigée
« Nous avons déposé un préavis conjoint, ensuite il y aura l’observation d’une journée morte le 7 novembre sur l’étendue du territoire dans le secteur public. Si nous en sommes arrivés à ce point, c’est parce que nous avons beaucoup de collègues qui sont arrêtés puis incarcérés. Il y a des enseignants qui, après 5 voire 6 mois de détention, ont été libérés sans être jugés. Quand ils ont interpellé leurs geôliers, ces derniers leur ont simplement répondu qu’ils ont reçu des instructions. Cela confirme que les arrestations sont totalement arbitraires. Et la plupart de nos collègues n’ont fait rien d’autre qu’exercer des libertés consacrées par la Constitution. Et pourtant, dans ce pays, il y a d’autres Sénégalais qui ont fait des choses beaucoup plus graves et qui, aujourd’hui, vaquent tranquillement à leurs occupations sans aucune inquiétude. Tout cela pour dire que c’est du deux poids deux mesures. Cela est pour nous totalement inacceptable.
« Nous observons une diminution drastique du nombre de rappels payés à la fin du mois »
L’autre chose, c’est le passif des accords. Nous avons signalé avec le gouvernement des accords en 2018 et en 2022 avec un échéancier très clair. Aujourd’hui, quasiment toutes les échéances sont dépassées et il y a des points sur lesquels on note un immobilisme inacceptable. C’est pourquoi, nous avons dit sur la formation bien que les lignes aient bougé, nous considérons que le rythme d’enrôlement des cibles est extrêmement lent. Sur les lenteurs administratives, la gestion de la carrière, là également, c’est la même chose. On note aussi une diminution des rappels. Et je rappelle que les rappels sont des sommes dues aux enseignants. Aujourd’hui, on a le sentiment que les autorités veulent nous amener à l’ajustement structurel. C’est pourquoi, depuis peu, nous observons une diminution drastique du nombre de rappels payés à la fin du mois.
Nos collègues privés de liberté sont nombreux. Rien qu’à la MAC (Maison d’arrêt et de correction) de Rebeuss, nous en avons dénombré 13. Nous avons dénombré 37 étudiants. Nous sommes en train de faire les recensements à l’échelle du pays. Les Sénégalais conviendront avec nous lorsqu’on parle de déficit criard d’enseignants, il est inadmissible qu’on garde ainsi des enseignants dans les prisons d’autant plus qu’ils ont tous des garanties de représentation. Quand bien même on leur reprocherait des choses, il faut les libérer et poursuivre les instructions. Mais aujourd’hui, nombre d’entre eux ont été détenus pendant 7 mois pour entendre dire au finish « rentrez chez vous » sans aucune explication. C’est inadmissible dans un Etat de droit. Il y a des gens qui ont été arrêtés juste pour avoir publié une caricature, d’autres pour avoir publié des émoticônes ou simplement exprimé leurs opinions. Le Sénégal n’est plus cette démocratie où les gens ont le droit de dire ce qu’ils pensent. C’est extrêmement grave.
Classes multigrades, classes double flux et réduction d’horaires pour les élèves
Maintenant, on a ce déficit criard d’enseignants constaté sur l’étendue du territoire national. Aujourd’hui, partout où l’on va, on interroge les IA (Inspections d’Académie), c’est un casse-tête pour trouver des enseignants en nombre suffisant. C’est pourquoi, au niveau de l’élémentaire, on a des classes multigrades se multiplient. On a un seul enseignant qui tient trois ou quatre classes. On a des classes à double flux. Dans le moyen-secondaire, on procède à des réductions d’horaires. Il y a des chefs d’établissement qui sont nommés depuis trois voire quatre ans et jusqu’à ce jour, ils ne disposent pas de décisions qui les nomment et leur permettent d’obtenir les indemnités de sujétion liées au poste qu’ils occupent. Dernièrement, nous avions des camarades qui sont partis en position de stage au niveau de la FASTEF qui vont sortir cette année. La tradition veut, le cas échéant, que ces gens-là soient retournés dans leurs IA d’origine. On peut comprendre qu’ils n’aillent pas dans leurs écoles d’origine mais au moins qu’ils puissent retourner dans leurs IA. Malheureusement, pour cette année, c’est tout le contraire. Ces camarades-là ont été envoyés un peu partout à travers le pays. Des gens qui étaient dans l’IA de Dakar-Plateau ont été balancés à Matam ou ailleurs en violation des dispositions sur la gestion démocratique. Donc, ce sont ces problèmes-là auxquels nous attendons des solutions de la part de nos autorités. »
Propos recueillis par ABLAYE DIALLO