Actualité Société

MFDC/DIAKAYE-ÉTAT DU SÉNÉGAL

«Les ex-combattants du MFDC attendent toujours la réalisation des accords signés avec le gouvernement »

La zone des palmiers qui abritait l’aile armée du MFDC de Diakaye attend toujours la réalisation des accords signés avec le gouvernement du Sénégal. Selon Seyni Badji, chargé de communication de l’Initiative pour la réunification des ailes politiques et armées du MFDC (IRAPA) de Diakaye, «sur l’ensemble des activités retenues lors des négociations, pour un suivi efficace, l’USAID n’a pris en charge que quatre».

« Après le dépôt des armes, il devait y avoir une ébullition en matière de réalisations sur le terrain, des efforts de création de conditions d’une vie meilleure dans cette zone, pour exprimer que c’était une priorité pour l’Etat. S’il y a des lenteurs à ce niveau, cela pose problème », estime ce membre du comité de négociation entre l’Etat du Sénégal et le MFDC/Diakaye.

Pour lui, « l’Etat ne peut pas déléguer le suivi de ses propres engagements ». Seyni Badji se réjouit que des efforts soient consentis dans l’insertion sociale des combattants. « C’est bien mais il n’y a pas que les combattants qui doivent être ciblés et pris en compte. Il ne faut pas donner l’impression que pour être accompagné, il faut être un combattant. Les efforts dinsertion doivent être déployés pour les jeunes qui sont en âge de travailler dans la zone despalmiers », souligne M. Badji.

Seyni affirme, pour illustrer l’impératif, que dans l’arrondissement de Kataba 1, tout est urgence. « Et tant que les populations ne verront pas des choses se dérouler réellement, c’est-à-dire que les routes sont en construction, que les surfaces cultivables sont emblavées, que les périmètres maraichers sont installés et des forages érigés, il n’y aura qu’un semblant de résolution de la crise », juge-t-il.  

«Si rien n’est fait jusqu’à la fin novembre…»

Et Seyni Badji d’inviter le gouvernement à hâter le pas. « Nous interpellons l’Etat du Sénégal. Nous faisons face à une année électorale et si rien n’est fait jusqu’à la fin novembre, ce n’est pas évident que quelque chose soit entreprise à partir du mois de décembre », dit le membre du comité de suivi évaluation des accords de paix.  Il souhaite que le projet de dépôt des armes soit un projet national et non un projet de l’État ou de Diakaye.

D’autant plus que, précise-t-il, « dans la négociation que nous avons menée avec le gouvernement depuis 2021, j’ai constaté et salué sa disponibilité à négocier ». Ils ont tenu sept rencontres et lors d’une d’elles, rien que pour l’ordre du jour, ça

leur a pris vingt-quatre heures. « Cela veut dire que l’Etat est dans la disposition de négocier. Nous avons essayé, nous avons réussi, il faut consolider », affirme Seyni Badji.

D’après lui, la question de la résolution de la crise en Casamance ne doit pas faire l’objet d’un Présidentmais un dossier inscrit dans l’agenda national. « Chaque président peut se l’approprier, savoir où son prédécesseur s’est limité et prendre le relais.C’est d’autant plus possible que le 17 mai, après le dépôt des armes, Macky Sall en a parlé au Conseil des ministres et l’a retenu comme un programme de l’Etat ».

Dans la prise en charge des ex-combattants, ils ont été formés dans divers métiers et ils ont reçu des pécules pour se lancer. « Présentement, nous sommes dans la formation des épouses des combattants. Ce qui reste à faire, c’est de former et d’outiller ceux qui veulent évoluer dans l’agriculture et le maraichage, ce qui nécessite des investissements lourds. C’est à ce niveau que le gouvernement doit intervenir ».

«Il faut réussir la réintégration économique»

À son avis, c’est le seul moyen de convaincre ceux qui hésitent encore à déposer les armes. « Mais s’il n’y a aucune évolution à ce niveau, nous craignons même que certains reprennent le chemin du maquis. Et si ça devait arriver, ce serait une catastrophe. Nous ne désespérons pas parce que les excombattants de Diakaye et les éléments des différentes factions se parlent et ils ont de très bonnes relations », souligne M. Badji.  

Il prône un accompagnement individuel et celui collectif à la fois. « Il faut une ferme agropastorale qui va réunir plusieurs secteurs d’activités, qui va réduire le chômage des jeunes. Les jeunes en âge de mener une activité économique et qui n’ont pas pris le chemin du maquis doivent être associés et accompagnés au même titre que les combattants pour assurer un équilibre socioéconomique local », soutient-il.

La faction de Diakaye qui a volontairement et librement déposé les armes est observée par les autres factions. « Il nous faut réussir la réintégration économique de ces ex-combattants pour convaincre d’autres à faire de même. Il urge de créer les conditions d’attraction pour les amener à déposer les armes. Il faut qu’ils voient en ceux qui ont abandonné la lutte armée une forme de réussite sociale et économique », conseille Seyni.

Le 13 mai 2023, 255 combattants de la faction de Diakaye de l’aile armée du MFDC avaient déposé les armes à Mongone, dans le département de Bignona. L’acte a été salué par de nombreux observateurs. Depuis lors, ces excombattants sont scrutés par leurs pairs d’autres factions. Ils attendent d’être convaincus par le sort des premiers avant de les imiter et de déposer les armes à leur tour.

BARHAM BA

(Correspondant)

Articles similaires

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires