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MORT SUSPECTE ET TORTURE EN DÉTENTION L’Asred dénonce et annonce un rassemblement

L’Asred qui milite pour la réinsertion sociale des détenus a, à travers une rencontre avec la presse, avant-hier annoncé un rassemblement pacifique très prochainement pour dénoncer les tortures qui conduisent à des décès en prison.

HABIBATOU TRAORÉ

L’Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (Asred) a annoncé hier un grand rassemblement pour dénoncer les cas de tortures en détention. Ce, suite au décès dans des conditions « troublantes » du détenu Serigne Fallou Ndao, transféré à Rebeuss après la dernière mutinerie de la prison du Camp pénal. Le président de l’Asred renseigne par la même occasion qu’ils continuent à exiger la lumière sur ce décès.

Ainsi, pour Ibrahima Sall, la rencontre d’hier constitue le premier pas d’un plan d’action que l’Asred compte dérouler. « Nous allons mener un combat pour que plus jamais un détenu ne soit torturé dans ce pays et pour combattre les longues détentions préventives. Nous voulons dénoncer la situation des femmes enceintes qui accouchent en prison et y gardent leurs enfants pendant trois ans », a indiqué Ibrahima Sall. Toujours dans la même lancée, le président de l’Asred informe qu’il est également prévu une grève générale de la faim dans toutes les prisons à l’exception des mineurs. « En cas de tortures dans une prison, nous allons déclencher une grève de la faim illimitée dans toutes les prisons du Sénégal pour faire respecter les droits des prisonniers », alerte-t-il.

L’ancien détenu n’a pas manqué de rappeler que de grands hommes de ce pays ont fait la prison. Il liste à ce propos l’actuel chef de l’Etat, son Premier Ministres et d’autres membres du gouvernement. « Nous interpellons le chef de l’Etat, pour des raisons humanitaires, nous lui demandons de faire le tour des prisons à travers des visites inopinées pour constater la situation réelle des détenus, car le mal est beaucoup plus profond », poursuit M. Sall.

Le président de l’Asred critique l’Observatoire nationale des lieux de privation

Le président de l’Asred n’a pas manqué de fustiger la démarche de l’Observatoire nationale des lieux de privation (ONLP). D’après Ibrahima Sall, cette structure ne s’est jamais prononcée sur les « tortures infligées aux détenus » ou des décès en milieu carcéral, car dit-il, l’Observatoire est un démembrement du ministère de la Justice et ne souhaite pas perdre ses privilèges. « L’administration pénitentiaire ne révèle pas les fautes commises par les gardes pénitentiaires alors qu’ils sont responsables de la présence des téléphones portables et de la drogue dans les prisons », souligne Ibrahima Sall. Ainsi, après la mutinerie du Camp pénal, le président de l’Asred fait savoir que le ministre de la Justice, Ousmane Diagne n’a pas rencontré les prisonniers pour connaître le fond du problème, mais s’est plutôt entretenu avec l’administration pénitentiaire. En revanche, magnifie, Ibrahima Sall, le directeur de l’administration pénitentiaire, a discuté avec les pensionnaires du camp pénal et a promis que toutes leurs revendications seront satisfaites. « Ils ont trouvé des consensus sur plusieurs accords et les prisonniers ont accepté de mettre fin à leurs grèves de la faim », explique-t-il. Les membres de L’Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (Asred) ont également déploré les politiques de réinsertions sociales inexistantes au Sénégal. D’après Ibrahima Sall, aucune entreprise ne travaille avec les prisonniers après leurs élargissements. « Des générations sont sacrifiées en prison, ils sont oisifs et n’ont pas de métiers qui pourraient faciliter leurs réinsertions », fustige-t-il.

Venir en aide aux femmes détenues

Après le président de l’Asred, sa vice-présidente est revenue sur les conditions des détentions des femmes. D’après Awa Thiam, elles sont souvent oubliées alors qu’elles traversent les mêmes difficultés que les hommes. Selon Mme Thiam, les prisonnières sont victimes de stigmatisation qui commence dans les lieux de détention avec les comportements des gardes pénitentiaires. « Les détenues ignorent leurs droits, souvent les gardes nous font faire la lessive de leurs enfants, elles nous soutirent l’argent envoyé par les parents où nous prennent nos ravitaillements », détaille Awa Thiam. En plus de ces faits, la vice-présidente de l’Asred souligne que les femmes traînent beaucoup de pathologies en milieu carcéral comme les infections à cause de l’insalubrité et des mauvaises conditions de détention.

 « Des femmes accouchent en prisons et leurs enfants sont emprisonnés dans les mêmes conditions que leurs mères alors que ces nourrissons ne doivent pas subir la même sanction. Les femmes bénéficient de moins de privilèges, elles sont oubliées dans les grâces ou libertés provisoires. Elles ne font pas d’épreuves physiques, elles ont des problèmes de tension et sont obèses à cause de la sédentarisation, elles subissent des tortures physiques et psychologiques », explique Awa Thiam. Elle a, à cet effet, invité le ministre de la Femme et toutes les femmes qui occupent des postes responsabilités dans ce pays à venir en aide à ces femmes détenues.

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