Actualité Editorial

Pincez tous vos koras, frappez les balafons pour la DGE…

ÉDITORIAL
Par MOUSSA FALL

« La démission de Thiendella doit être non négociable,car il est disqualifié pour organiser la présidentielle. »C’est le cri de colère de El Malick Ndiaye, chargé de com du Pastef, après que la Direction générale des élections (DGE), pour une énième fois, refuse, sur injonction de la Cena, de délivrer des fiches de parrainage au mandataire de Ousmane Sonko en l’occurrence le député Ayib Daffé. En manquant gravement à son devoir, qui est de remettre sans distinction des fiches de parrainage aux mandataires de tous les candidats à la candidature, en trahissant la confiance que les Sénégalais ont placée aux administrateurs chargés de la gestion de la chose électorale, la DGE vient encore de commettre une véritable forfaiture, un crime dans l’exercice de safonction.

Par correspondance datée du 31 octobre dernier, la Cena a enjoint la DGE « de prendre, en relation avec tout service concerné du ministère chargé des Élections, les mesures nécessaires pour faire tenir à la disposition du mandataire de Monsieur Ousmane SONKO la fiche de parrainage, la clé USB ainsi que tout autre outil de collecte prévu par la loi ». Mais voilà que le tout-puissant DGE Thiendella Fall, dans sa réponse à la Cena le même jour, persiste et signe que sa structure ne peut remettre des fiches de parrainage au mandataire de Sonko du fait toujours de l’absence de ce dernier des listes électorales. Et pour conforter sa forfaiture, le DGE s’adosse à « l’ordonnance n° 23 du 06 octobre 2023 du Président de la première Chambre administrative de la Cour suprême ». Par conséquent,« la DGE ne peut pas prendre tout autre acte serait en contradiction avec la décision de la chambre administrative de la Cour suprême susmentionnée ».

Pincez tous vos koras, frappez les balafons, battez les tambours, la DGE a rugi en s’attachant solidement à son respect infaillible et inoxydable de la loi. Sauf que ce respect à la loi est à géométrie et juridictionsvariables. Une ordonnance peut en cacher une autre. L’ordonnance de la Cour suprême qui donne raison à la DGE, en quoi est-elle valable que celle du juge du Tribunal d’instance de Ziguinchor, Sabassy Faye ? Ordonnance dans laquelle il est déclaré ce qui suit : « L’extrait de la décision de condamnation est, dans le plus bref délai à la diligence du Ministère public, inséré dans l’un des journaux de la République (Yoor-Yoor Bi, Ndlr) ; Il est affiché en outre à la porte du dernier domicile du condamné, à la porte de la mairie de sa commune ou à la porte des bureaux de son arrondissement ou de l’arrondissement où le crime a été commis et au tableau d’affichage du tribunal de grande instance. Pareil extrait est adressé au représentant du service des domaines du domicile du contumax. Attendu qu’en l’espèce aucune preuve de ces formalités qui permettent d’appliquer la déchéance n’a été versée à la procédure. Que c’est plutôt le fait négatif que Ousmane Sonko, par l’organe de conseils, a voulu prouver en produisant le procès-verbal de constat de Maître Weynde Dieng, Huissier de justice. Que dès lors, en l’absence de ces formalités, aucune déchéance ne peut frapper le requérant. Qu’ainsi la mesure de radiation du nom de Ousmane Sonko des listes électorales est irrégulière. Que la demande du requérant est juste et fondée. Qu’il échet d’y fait droit en annulant la mesure de radiation de son nom des listes électorales.

Par ces motifs, statuant publiquement, contradictoirement à l’égard des parties, en matière électorale et en dernier ressort, en la forme recevons l’exception d’incompétence soulevée par l’État du Sénégal, la rejetons comme mal fondée ; nous déclarons compétent ; recevons l’action.

Au fond, annulons la mesure de radiation du nom de Ousmane Sonko des listes électorales, ordonnons sa réintégration par les services centraux du ministère de l’Intérieur sur la liste électorale de la commune de Ziguinchor ainsi que sur le fichier général des électeurs ».

Dès lors, comme l’a signifié clairement le juge Sabassydans l’ordonnance rendue, il incombe aux services centraux du ministère de l’Intérieur compétents en matière électorale de prendre toutes les dispositions nécessaires pour remettre au candidat Ousmane Sonko ses fiches de parrainage comme tout bon citoyen désirant briguer les suffrages des Sénégalais et des Sénégalaises.

Aujourd’hui, la DGE s’agrippe à l’ordonnance de la Cour suprême du 6 octobre dernier pour justifier sa position opiniâtre. Pourtant, dans un communiqué en date du 20 octobre 2023, le DGE argumentait son refus tenace ainsi : « Il n’y a pas encore de décision définitive, l’État du Sénégal ayant décidé d’exercer les voies de recours qui s’offrent à lui. Par conséquent, le dossier suit toujours son cours judiciaire. Au terme dudit processus, l’État du Sénégal se conformera à la décision rendue comme il l’a toujours fait ». Là, c’est lepourvoi de l’État en perspective devant la Coursuprême qui fonde le refus de la DGE. Alors où était passée l’ordonnance de la Cour suprême qui lui sert aujourd’hui de bouée de sauvetage pour justifier avec désinvolture son refus opiniâtre de délivrer dûment des fiches de parrainage à qui de droit ? En commettant un ultra-petita, en sortant des termes précis du rôle qui a créé leur structure, les arbitres électoraux n’ont plus aucune qualité pour diriger la rencontre électorale du 25 février 2024. L’interrogation de l’expert électoral, Ndiaga Sylla, sur la neutralité de la DGE pour arbitrer le jeu électoral trouve sa réponse dans son comportement allant à l’encontre du leader du Pastef Ousmane Sonko dont le seul tort est d’être l’homme politique de prédilection des Sénégalais et des Sénégalaises.

La DGE n’est pas neutre, elle est partiale !

Il appert, avec tout ce qui s’est passé depuis le début de la délivrance discriminante des fiches de parrainageaux prétendants, que la DGE n’est plus apte à arbitrer les concurrents parce qu’elle a son favori. Et il est fort à craindre qu’El Malick n’ait prêché dans le désert politique parce que les candidats à la candidaturepensent que ce qui se passe actuellement est une affaire ousmano-sonkiste. Et beaucoup de ceux qui s’agitent – du pouvoir, de l’opposition ou des non-alignés – pour être dans les starting-blocks le 25 février prochain souhaitent intérieurement ne pas voir sur la ligne de départ un certain compétiteur du nom de Ousmane Sonko dont la victoire, avant le coup de feu du starter qui jette les concurrents sur la piste, ne souffre d’aucune incertitude.  

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