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Présidentielle 2024 Entretien avec Cheikh Tidiane Dièye

«Ousmane Sonko est le seul qui peut faire face au système actuel»

Dr Cheikh Tidiane Dièye est le Coordonnateur national de la Plateforme Politique Avenir Senegaal Bi Nu Begg et membre de la Conférence des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi. Devant la flopée des candidatures, il a exclusivement annoncé à votre quotidien préféré qu’il renonce à sa candidature pour soutenir celle de Ousmane Sonko, leader de Pastef-Les Patriotes. En sus, il s’est prononcé sur la situation du pays notamment sur le phénomène inarrêtable de la sonkorisation, l’éligibilité de Sonko

Yoor-Yoor Bi : Comment appréciez-vous la situation nationale ?

Cheikh Tidiane Dièye : J’avais déjà annoncé, il y a de cela quelques mois, que le régime de Macky Sall deviendrait de plus en plus nerveux et violent à mesure que l’on se rapprocherait de 2024. L’État a failli presque partout et les Sénégalais ont fini de déchanter. Il faut peut-être même corréler les départs massifs de jeunes pour l’émigration vers l’Europe ou l’Amérique, au péril de leur vie, avec leur désenchantement et le désespoir qu’ils vivent depuis que le rêve de lendemains meilleurs qu’ils nourrissait s’est écroulé sous les balles assassines ou emporté dans les prisons du pays.

N’ayant plus de marge de manœuvre politique et incapable de rassurer, de convaincre et de se faire aimer et respecter par les sénégalais, le régime chancelant et à bout de souffle de Macky Sall n’a plus que la répression violente pour espérer tenir en laisse les opposants, les journalistes qui refusent de se coucher, les activistes et tous ceux qu’ils voient comme une menace pour la conservation du pouvoir. Mais c’est évidemment peine perdue, car le peuple sénégalais trouvera toujours le moyen de résister et de faire face à tout l’arbitraire du pouvoir, les injustices et violations massives des droits.

La répression policière violente, les arrestations massives et abusives ainsi que l’interdiction systématique des manifestations pacifiques ont sans doute permis au pouvoir d’étouffer momentanément l’expression des libertés sur le territoire national. Mais le peuple est en train de trouver d’autres voies, d’autres modes d’expression politique pour s’exprimer. La sonkorisation qui gagne désormais tous les espaces publics et le port de signes et symboles visibles à l’effigie d’Ousmane Sonko en est une autre. Il s’y ajoute la vaillante résistance portée par les sénégalais de l’extérieur partout où ils sont présents, et dont le point culminant a été atteint à New York le vrai visage de Macky Sall a été révélé à la face du monde. C’est un sinistre revers pour lui.

Comment appréhendez-vous la remise en cause de l’éligibilité de Sonko par les autorités de l’État ?

Depuis que Macky Sall a abdiqué, sous la pression populaire et internationale, renonçant à la troisième candidature qu’il convoitait, il s’accroche désormais à sa dernière cartouche, consistant à écarter Ousmane Sonko de la course présidentielle, même s’il faut, poury arriver, tordre le coup aux lois, pervertir le droit et violer les règles et procédures judiciaires. Mais là également, nous saurons apporter les réponses juridiques et politiques pour refuser que les droits inaliénables d’Ousmane Sonko soient durablement voire définitivement compromis à travers des subterfuges politico-judiciaires contraires à la Constitution, aux lois nationales et aux conventions internationales auxquelles nous avons adhéré.

Malgré ce qu’en a dit le ministre de Justice, qui au demeurant n’est pas la justice, ne peut la rendre et ne peut interpréter ou qualifier les décisions de justice, Sonko reste éligible car sa condamnation par contumace s’est effondrée dès l’instant où ils l’ont arrêté, peu importe le lieu, la cause, les modalités ou motifs de cette arrestation. C’est cela l’esprit de la loi. Le reste, c’est de la politique.

Ma conviction est qu’en République la fin ne doit pas justifier les moyens. L’éthique qui doit sous-tendre la posture et les décisions des gouvernants doit les empêcher d’inventer et de tailler sur mesure des formes d’interprétation des procédures judiciaires uniquement pour régler des problèmes politiques avec un adversaire craint.  En le faisant ils créent de l’insécurité judiciaire contre nous tous et rendent notre pays vulnérable. Et cela pourrait se retourner contre eux lorsqu’ils ne seront plus au pouvoir.

Serez-vous sur la ligne de départ en 2024 ou vous soutenez le candidat de Pastef comme en 2019 ?

Sonko sera candidat en 2024. J’ai décidé de renoncer à ma candidature et de soutenir la sienne. Une semaine avant son arrestation, nous échangions sur certains éléments du Projet que nous avons en partage, qui aurait même pu s’appeler « Senegaal Bi Nu Begg », tellement il reflète aussi mes visions et préoccupations politiques. Il devait me l’envoyer pour que j’y intègre certains éléments avant que nos équipes ne poursuivent sa bonification en perspective de la campagne électorale pour le présenter aux Sénégalais.

Je voudrais dire, toute modestie mise à part, que ce projet est le plus pertinent, le plus ambitieux et le plus adapté au présent et à l’avenir du Sénégal. C’est un projet refondateur, patriotique, souverainiste et panafricain. À la différence de beaucoup d’autres programmes qui vont utiliser ces concepts par circonstance ou pour être dans l’air du temps, le nôtre est porté par des souverainistes convaincus et sincères, dont le parcours, la posture et le discours suffisent pour convaincre de leur ancrage dans ces idéaux.

Comme je l’avais fait en 2019, avec le résultat fort appréciable que nous avons obtenu ensemble, j’ai décidé encore, à la prochaine élection, de soutenir Ousmane Sonko pour que nous parachevions l’œuvre de reconstruction et de refondation que nous sommes en train de co-construire pour notre pays.

Ceux qui me connaissent savent que je n’envisage ma réussite et mon ambition que dans la réussite et le succès collectif. J’aurai pu déclarer ma candidature, juste pour « faire genre » comme disent les jeunes, et en rajouter à la cacophonie des candidatures, dont probablement un bon nombre n’ira pas chercher les parrainages et peu parmi ceux qui en chercheront pourraient en trouver suffisamment. J’ai préféré, pour ma part, contribuer à un projet sérieux, élaboré et porté par des Sénégalaises et Sénégalais animés du même esprit que moi et qui a une chance incontestable de gagner. En 2024, conscients des enjeux du moment, les Sénégalais choisiront entre ce système qui gouverne le pays depuis son indépendance avec le résultat que l’on sait et une alternative crédible et inclusive qui suscitera et assumera les transformations durables et profondes auxquelles notre pays doit arriver pour libérer notre peuple et son énergie créatrice.

Ousmane Sonko est le porte-étendard de cette mouvance politique qui seul peut faire face au systèmeactuel basé sur la permanence et l’immobilisme. C’est un homme de valeur et de vertu que j’ai appris à connaitre et respecter pour son courage, son patriotisme, sa ténacité et sa ferme volonté de changer le destin du Sénégal et de l’Afrique. Il me le rend bien et c’est pour cela que nous cheminons ensemble depuis 2015 et passons les épreuves et les vicissitudes de la vie politique en restant focalisé sur notre objectif plutôt que les défis mineurs et les accidents du parcours.

Nous mettrons en place, dans les prochains jours, le dispositif politique qui portera cette candidature et ira à la rencontre des sénégalais de l’intérieur et de la diaspora pour collecter les parrainages. Je suis convaincu que nous en récolterons des millions car le peuple est prêt. Et nous aussi.

Propos recueillis par

MOUSSA FALL

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