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TIRS GROUPÉS SUR LE CANDIDAT DE BENNOO

Pourquoi Amadou Ba peine à assurer et à rassurer ses camarades

Le Premier ministre-candidat Amadou Ba n’a pas la verve et le verbe pour soulever les foules. Un domaine dans lequel Me Abdoulaye Wade, Macky Sall et Ousmane Sonko excellent. Suffisant pour refroidirdéjà l’ardeur de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY).

Par MOUSSA FALL

Dans un communiqué – repris du site atlanticactu – aux allures de philippiques, Abdoulaye Bibi Baldé, ancien ministre et ancien Directeur général de la Poste, flétrit le candidat de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar qu’il taxe de ne pas rassurer les militants et sympathisants qui veulent l’élire comme 5e Président du Sénégal. En voici quelques extraits incandescents : « La désignation d’Amadou Ba comme candidat de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar a révélé la vraie posture et le vrai visage de l’homme, premier ministre longtemps décrit comme un homme de paix et de consensus. De nos jours, nous ne le reconnaissons plus. Au fait, il sait se jouer de son monde. En effet, depuis qu’il a été choisi, les structures du parti et de la coalition à la base ont fini d’être profondément divisées avec un manque de concertation, de coordination et de communication. Bref, tout est confus et cette confusion a été empirée par son dispositif parallèle ou en marge du Benno avec des mouvements appelés partout debout. Les cas foisonnent à Louga, Sédhiou, Kaolack, Kolda, Dakar. Pour toutes ces raisons et pour tant d’autres, le Candidat ne nous rassure pas dans sa démarche, dans son organisation, dans son discours, dans ses faits et gestes et par rapport à notre niveau d’implication dans le processus de préparation des échéances à venir. Il s’y ajoute des rendez-vous manqués et des promesses non tenues. Son comportement est aux antipodes des engagements pris dans le pacte dit éthique et politique devant la conférence des leaders de la coalition BBY et de la grande majorité présidentielle, le 02 octobre 2023. Nous manquons de confiance et doutons de sa capacité de porter sur ses frêles épaules le PSE et la prise en charge des aspirations du peuple nous laisse perplexe. Donc, nos doutes sont toutes légitimes et sont loin d’être tempérés. »

Souleymane Jules Diop aussi y va de son laïus

Et comme s’ils se sont passés le mot Souleymane Jules Diop (SJD), ambassadeur du Sénégal auprès de l’Unesco,fustige à son tour l’amorphie dans laquelle geint Amadou Ba. « Je le trouve amorphe. Je trouve qu’il ne montre pas assez aux Sénégalais, aux gens de sa majorité, qu’il a les épaules, qu’il a l’étoffe. Il ne le fait Pas assez, il doit se bouger, il doit aller vers les gens. À un moment donné, il faut vous assumer. Je m’impatiente de voir Amadou Bâ s’affranchir, se lever et dire aux Sénégalais : c’est moi. Il commence à susciter de l’inquiétude dans nos rangs. C’est profond ce que je vous dis. Il ne fait pas assez. Et si ça continue comme ça, l’opposition bien organisée peut nous battre aux prochaines présidentielle. Il faut qu’il nous rassure. Il faut qu’il rassure son camp. Il ne le fait pas assez ! », déclaré SJD dans l’émission Grand Jury de la RFM d’avant-hier.

À mesure que l’on avance vers la présidentielle, le jeu s’éclaircit et les langues se délient. D’ailleurs SJD a dit que ses propos bruissent dans les couloirs de la mouvance présidentielle. Ce qui signifie que le choix présidentiel n’a pas remporté l’onction d’une bonne partie et que ceux qui y croyaient commencent à perdre espoir, tant le baptême de feu d’Amadou Ba, c’est-à-dire la tournée politico-économique qu’il a effectuée ces derniers jours, n’a pas connu le succès populaire escompté. Dans beaucoup de localités où il a mis pied, on a senti l’absence d’implication et d’engagement des responsables apéristes et des alliés. Dans le nord comme à l’ouest du pays, la foule qui accueillait le Président sortant lors de ses tournées politiques est loin d’être au rendez-vous de son poulain.

Manque d’engagement de certains responsables de la mouvance présidentielle

D’abord la première faiblesse du candidat Ba résulte de ce manque d’engagement de certains responsables de la mouvance présidentielle pour soutenir le choix d’Amadou Ba. Et beaucoup de leaders qui ont été à la base de l’enfantement de l’Alliance pour la République (APR), contrairement à Amadou Ba qualifié de rallié de la 25eheure, insupportent qu’eux, qui ont trimé et trinqué pour assoir un parti pour accéder au pouvoir après quatre ans d’existence, se voient laisser en rade quand il s’agit de désigner le successeur de Macky Sall. Ne lui reconnaissant aucune légitimité historique ni politique, les apparatchiks de l’Apr refusent de mouiller le maillot pour un joueur pas plus méritant qu’eux. Et c’est pourquoi, fort de café, les Ali Ngouille Ndiaye, Boun Abdallah Dionne, Mame Boye Diaw et Abdoul Aziz Diop ont quitté le navire dès qu’il a été désigné un nouveau capitaine dont les galons ne l’y autorisent pas. D’autres comme Abdoulaye Daouda Diallo sont restés dans la coalition sans y être réellement. Nonobstant les discours de façade, nonobstant les assurances de parade, il appert que plusieurs caciques du parti au pouvoir ne peuvent pas se mettre sous la coupe d’un militant de la 25e heure.

Quand Macky éclipse son poulain

Depuis hier, le Président sortant fait lui aussi sa campagne politique sous le maquignon d’une tournée économique. Il a remarqué que le démarrage de son poulain est poussif au point qu’il est nécessaire de lui porter secours. Mais le Président Sall se méprend s’il pense qu’un électorat se lègue comme on lègue sa fortune. Seule la personne concernée est en mesure de construire un discours auquel adhèrent ses destinataires. Cette pérégrination du Président à l’intérieur du pays est une tournée de remobilisation et crédibilisation d’un électorat qui s’effiloche depuis la présidentielle de 2019. Mais à vouloir être trop présent, à vouloir trop jouer au mentor d’Amadou Ba, Macky Sall finit par noyer son candidat dans les abysses. Le Président sortant fera sa tournée dans les localités ciblées, les mobilisations tarifées seront au rendez-vous, et l’on fera croire que pour la présidentielle, c’est déjà acquis alors qu’aujourd’hui les sondages commandités tant du côté du pouvoir, de l’opposition et de certains organismes indépendants annoncent autre chose. Le chef de Bennoo éclipse son poulain mais ce dernier aussi refuse de s’émanciper de la tutelle présidentielle. Et c’est cela qui justifie les cris de détresse de SJD et les philippiques de Bibi. Peut-être Amadou Ba les rassurera, pas avec son rictus légendaire, mais avec des actes concrets sur le terrain politique.

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