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TOUBA : AFFAISSEMENT DU BASSIN DE POFDY

Des pertes inestimables

Après l’affaissement du bassin de rétention de Pofdy, le ministre auprès du ministre de l’Eau et de l’Assainissement, chargé de la Gestion et de la prévention des inondations, s’est rendu, ce lundi, sur place dernier. Selon Issakha Diop, les impactés seront indemnisés. Cependant, ceux du village de Ndock attendent toujours que les autorités tiennent leur promesse de 2022.

Si ceux qui sont touchés par l’affaissement du bassin de rétention de Pofdy croient aux propos d’Issakha Diop, ce ne sont pas les habitants de Ndock. Les agriculteurs impliqués dans le maraîchage rappellent toujours aux autorités les promesses qu’ils ont faites lors de l’effondrement du bassin de Darou Rahmane l’année dernière. Le village de Ndock, situé à neuf kilomètres du centre-ville de Touba, produit la plupart des légumes de cette cité religieuse. Ces dernières années, les jardins maraîchers ont été endommagés par l’eau provenant de l’affaissement des réservoirs de Pofdy et Darou Rahmane. Les autorités ont donc réitéré leur engagement à indemniser toutes les personnes concernées.

« Nous allons instruire le gouverneur de la région de mettre en place une commission de recensement des impactés », a déclaré Issakha Diop lors de sa visite à Touba lundi dernier, ajoutant que le Directeur de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) avait promis d’indemniser les personnes touchées, notamment celles de l’année dernière.L’une des personnes touchées dans le village de Ndock, Moustapha Niang, a vu une nouvelle fois ses récoltes englouties par les eaux du bassin de Pofdycomme l’année dernière.

Selon lui, les pertes de l’année dernière devraient dépasser les 100 millions de FCFA. Il a déclaré que l’évaluation de cette année n’avait pas encore été réalisée, mais que les dégâts étaient importants. En fait, il estime que la responsabilité incombe aux autorités qui devraient suivre les recommandations qui s’imposent depuis l’affaissement du bassin de Darou Rahmane l’année dernière. « Nous ne pouvons pas permettre que la même situation se reproduise cette année », a-t-il déclaré, affirmant que l’eau a inondé les plantes jusqu’à une hauteur d’un mètre. « Les dégâts sont incommensurables », dit-il.

«Tous nos espoirs sont déçus, car les dégâts sont énormes»

En ce sens, Moustapha Niang déplore les actions des autorités étatiques et religieuses. Il a précisé qu’aucune autorité administrative ou religieuse n’était venue sur place pour s’enquérir de leur situation depuis que le bassin s’est effondré. À ses yeux, ce n’est pas normal. Ainsi, il leur rappelle la promesse de l’année dernière avant de déclarer qu’ils avaient procédé à un recensement des personnes touchées. « Ils ont constaté les dégâts et enregistré toutes les victimes », a-t-il précisé, ajoutant que le dossier avait ensuite été classé sans suite.

Pour Moustapha Niang, « tous leurs espoirs ont été déçus parce que les dégâts sont énormes ». « En conséquence, outre les pertes de récoltes, le seul puits du village produisant de l’eau potable est également resté fermé pendant deux mois », souligne-t-il. Il a ajouté que « l’eau de pluie ayant pénétré dans le forage, ils ont décidé de le fermer pendant deux mois pour des raisons de santé ». Ils craignaient que l’eau du bassin ne se mélange à l’eau du forage. En fait, comme l’explique toujours Moustapha Niang, « ils sont restés sans travail pendant deux mois ». Il a expliqué que « lorsqu’ils ont perdu plus de 100 millions de francs CFA, ils ont décidé de recommencer avec leurs propres ressources ». Ainsi, selon notre interlocuteur, « ils ont labouré les champs, trouvé des graines et ont recommencé à travailler ».

À l’heure où les jeunes Sénégalais voyagent vers l’Europe par la mer et le désert, Moustapha Niang estime que « les autorités devraient encourager ceux qui choisissent de rester et de travailler ». « Nous ne connaissons que la culture de légumes », dit-il, ignorant le nombre exact d’emplois générés par les potagers, ajoutant qu« heureusement, ils s’en sortent très bien ». Selon lui, « il est inestimable, précisant que salade, piment, citron entre autres produits ont été submergés par les eaux de pluies ».

«L’État ne nous a pas aidés. Nous sommes nos propres pourvoyeurs»

Un autre jeune rencontré sur les champs, Cheikh Gueye, suit également les traces du premier interviewé. Il a déclaré que c’était la quatrième fois qu’ils étaient victimes d’un affaissement de bassin de rétention. Il suit les traces de son prédécesseur et estime que « les autorités ne les considèrent pas. Elle a expliqué que les femmes parcourent de nombreux kilomètres chaque jour pour s’approvisionner en marchandises et les revendre ». Selon lui, « cela explique pourquoi ce domaine constitue une source de revenus pour une grande partie de Touba et des villages environnants ». Il appelle donc les autorités religieuses de Touba à porter leur parole devant les autorités de l’État.

« Nous n’avons jamais bénéficié de fonds gouvernementaux ni de prêts bancaires », a-t-il déclaré, soulignant qu’ils dépendent de leurs maigres ressources pour mener à bien leurs activités. Cheikh Gueye affirme que « s’ils ne sont pas pris en compte, c’est parce qu’ils sont résidents de Touba et nepeuvent pas manifester ». Pour lui, « les travaux de construction du bassin ne sont pas de grande qualité, c’est pourquoi des effondrements sont enregistrés chaque année, estimant que le bassin et la zone de culture sont distants de cinq kilomètres ».

Arrosoir à la main, Khoudia Dia est en train de reconstruire son champ dévasté par l’eau de pluie. Elle dit qu’elle fait ce travail depuis cinq ans et qu’elle s’en sort très bien. En fait, ajoute-t-elle, « l’effondrement du bassin leur a causé beaucoup de problèmes et que toutes ses récoltes étaient immergées ». Toutefois, elle veut être claire. « L’Étatne nous a pas aidés. Nous sommes nos propres pourvoyeurs ». Toutefois, il faut noter que les agriculteurs de Ndock se plaignent aussi de l’enclavement de leur zone. Ils sollicitent des autorités la construction de la route Touba-Ndock.

IBRAHIMA KHALIL DIOP

(Correspondant)

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