Par SERIGNE SALIOU GUÈYE
Il y a un an de cela, jour pour jour, que paraissait le N°00 de Yoor-Yoor Bi. Après 365 jours de parution sans interruption, le journal du Groupe Liberté Médiastient à marquer son premier anniversaire mais dans la sobriété. Notre quotidien, votre quotidien a soufflé sa première bougie. Mais pour cette première, nous l’avons fêté dans la sobriété. En cette période de désarroi où nos enfants périssent par centaines dans l’océan, faute d’un mieux-être chez eux, en cette période de tension où nos prisons débordent de détenus dont la plupart pour des motifs politiques, en cette période de dèche où la Senelec électrocute ses clients, en cette période d’inflation où l’on constate un surenchérissement des denrées de base devant l’impuissance de l’État, notre éthique et notre déontologie nous interdisent faste et paillette. Cet anniversaire a été un moment d’autocritique, de rétrospection, d’introspection, mais aussi de prospection. Et nous aimerions que vous, qui avez fait vôtre ce quotidien, puissiez nous envoyer vos suggestions, critiques, recommandations et conseils. C’est le meilleur moyen d’aider Yoor-Yoor Bi à grandir.
Nous bouclons un an d’existence mais un an de d’endurance et résistance. Nous avons résisté à l’inconsistance des moyens financiers qui constituent le carburant de toute entreprise de presse. Le marché publicitaire est déficitaire pour ne pas quasi-inexistant. Ce que l’on a remarqué sous le régime du Président Macky Sall, c’est l’absence d’une politique médiatique qui puisse permettre aux entreprises de presse d’être des pourvoyeurs d’emplois. On préfère les soutiers à la place de véritables entrepreneurs de presse indépendants. Malheureusement, pour nos gouvernants la presse doit être sous coupe réglée. La presse qui se veut indépendante croule sous les coups de boutoir d’une politique médiatique pour le moins hostile, inefficiente et dommageable pour le droit sacré à l’information.
La presse doit agir en fonction des intérêts de ses tuteurs sustenteurs. Quand on écrit sous la dictée des gouvernants nourrisseurs, des lobbys politico-affairistes, alors on aliène sa plume et l’on perd son indépendance qui est le socle de la liberté de presse. Depuis Senghor, les différents pouvoirs ont voulu faire de la presse une cinquième colonne pour nuire ou détruire leurs opposants. Sous Diouf, certains journaux étaient spécialisés dans l’anti–wadisme. Sous Wade, certains écrivaillons excellaient dans l’art de flétrir Idrissa Seck limogé du gouvernement et même de dénigrer Macky Sall défenestré de l’Assemblée nationale. Sous le régime de ce dernier, les choses se sont empirées. On assiste à une sorte de « lâchez les chiens !» sur la personne de Ousmane Sonko. D’ailleurs, c’est la supposée proximité du dirpub de ce canard avec le chef des Patriotes qui lui ont valu tous ses déboires carcéraux. Il est vrai que nous avons consacré la plupart de nos « unes » au Pastef et à son leader. C’est un choix éditorial libre qui n’est sous-tendu que par la conviction ardente de dénoncer l’injustice qu’il subit depuis son entrée en politique. Comme nous avions eu à le faire pour Idrissa Seck en avril 2004, pour Macky Sall en novembre 2008, pour Karim Wade en avril 2013 et pour Khalifa Sall en mars 2017 pendant que nous dirigions le Desk politique du journal Le Témoin. En ces temps-là de résistance à ce que nous considérions arbitraire, nous avons défendu, à chaque occurrence, sans barguigner, Idrissa Seck, Macky Sall, Karim Wade et Khalifa Sall. Nous adoptons la même posture pour Ousmane Sonko. Demain, nous ferons la même chose pour tout homme politique qui subirait une oppression à cause de ses convictions politiques.
Pendant un an, jamais Yoor-Yoor Bi n’a bénéficié d’un quart de page de pub. Les rares sociétés ou annonceursqui ont pris contact avec notre service commercial pour disposer d’un espace de pub ont fini par renoncer pour des raisons que vous savez aisément. Les conventions, c’est à la tête du client, c’est-à-dire du journaliste qui accepte certaines conditions qui aliènent sa liberté. Un PCA ne disait-il pas, dans ses moments de rage, que Macky Sall doit se séparer de tous ces directeurs généraux ou autres structures qui signent des conventions avec des journaux dont la ligne éditorialedétonne avec les intérêts du pouvoir ? Il en est de même pour l’aide à la presse. Aujourd’hui les chèques ont été libérés mais l’arrêté de répartition reste emprisonné dans les tiroirs du ministre de la Communication qui ne juge pas pertinent de le publier comme le recommande la loi. Et les journalistes, qui jouent au chantre de la transparence et de la bonne gouvernance, n’ont moufté mot pour publier cet arrêté mystérieux. C’est de bonne guerre parce que certains journaux étiquetés anti-pouvoir ont reçu moins que d’habitude s’ils ne sont simplement zappés. Le coup de gueule du journal « Libération » qui ne rechigne pas à trouver l’arrêté de répartition à des fins de publicationrésonne encore dans nos oreilles.
À Yoor-Yoor Bi, nous n’avons jamais songé de recevoir un seul kopeck de cette aide. D’ailleurs, au moment où l’on remplissait en catimini les demandes d’aide remises par le ministère de tutelle, le directeur de publication de ce canard se reposait à Rebeuss à la suite d’une inculpation pour diverses infractions. C’est donc dire que les deniers publics doivent revenir seulement aux journalistes de révérence et de connivence. Ici à Yoor-Yoor Bi, nous avons fait le pari de ne pas aliéner notre indépendance et notre liberté, dussions-nous mettre la clé sous le paillasson ! Nous ne le ferons jamais parce que, quand nous nous lancions dans cette aventure, nous avions mesuré tous les risques et les pierres d’achoppement qui se mettraient sur notre chemin. Si les régies publicitaires nous zappent, l’État nous ignore, par contre, vous nos inconditionnels lecteurs et lectrices, vous nous soutenez depuis le début du projet jusqu’à ce jour. Forts de votre soutien, nous avons résisté aux intempéries financières et aux tempêtes comminatoires. Forts de votre soutien, ce journal dans sa version physique et numérique continue son petit bonhomme de chemin là où des Cassandres avaient vaticiné d’un feu de paille. Merci de votre soutien infaillible et indélébile ! Avec vous, nous continuons nonobstant les sortilèges et maléfices, nonobstant les crocs-en-jambe et guet-apens, nonobstant les intimidations, comminations et embastillements. Nous savons que le difficile est le chemin mais grâce à votre soutien, vos encouragements, vos suggestions, vos critiques, nous transcenderons tout obstacle qui se dressera sur notre chemin raboteux.
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