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Cambérène sous tension : Sonko promet justice et jure que « les drames des années passées ne se répéteront plus »

Le Premier ministre Ousmane Sonko s’est rendu ce samedi 5 juillet 2025 à Cambérène pour présenter les condoléances officielles du gouvernement aux familles des deux jeunes tragiquement disparus la semaine dernière lors d’un affrontement entre forces de l’ordre et civils. Accompagné du ministre de l’Intérieur Jean Baptiste Tine, du ministre des Forces armées et du préfet de Dakar, le chef du gouvernement a visité les domiciles des familles Ba et Dieng pour témoigner de la solidarité de l’État.

 

Une compassion officielle face à un drame humain

Accueilli dans un climat de douleur et de recueillement, Ousmane Sonko a exprimé la compassion du chef de l’État et de l’ensemble du gouvernement. « Nous sommes venus partager votre peine. Le président de la République m’a chargé de vous assurer que tout sera mis en œuvre pour faire la lumière sur ce drame. Une enquête impartiale et approfondie est déjà ouverte, et elle ira jusqu’à son terme », a déclaré le Premier ministre devant les proches des défunts.

 

Le chef du gouvernement a par ailleurs insisté sur la gravité des événements : « Perdre un jeune, surtout un jeune ambitieux, est une blessure pour toute la nation. Nous n’avons pas le droit de banaliser ces pertes. Ce qui s’est passé à Cambérène ne doit plus jamais se reproduire au Sénégal. »

 

Une enquête annoncée, la responsabilité à établir

S’il a reconnu la sensibilité du contexte et la complexité de l’affaire, Ousmane Sonko a rappelé qu’aucune conclusion ne devait être tirée avant la fin de l’enquête. « Je ne peux pas, à ce stade, affirmer que les forces de l’ordre sont responsables. Mais les informations préliminaires indiquent que des éléments de la police figuraient parmi les acteurs impliqués. La justice déterminera les responsabilités », a-t-il affirmé, en appelant au respect du processus judiciaire.

 

Le Premier ministre a révélé avoir été informé en temps réel : « J’ai été alerté dès les premières minutes de la tragédie. J’ai visionné des vidéos, j’ai immédiatement contacté le ministre de l’Intérieur pour comprendre ce qui s’était passé. Il m’a fait état de confrontations entre policiers et jeunes manifestants, et m’a informé que deux personnes avaient disparu en mer. J’ai ordonné sans délai l’ouverture d’une enquête. »

 

Un engagement pour la réforme sécuritaire et administrative

Élargissant son propos, Ousmane Sonko a évoqué les violences récurrentes entre forces de l’ordre et populations lors des dernières années, qu’il qualifie de symptôme d’un dysfonctionnement plus profond. « Les armes et les salaires des forces de sécurité sont financés par les citoyens. Il est donc inacceptable que des conflits dégénèrent au point de coûter des vies. Il y a eu trop de morts et de blessés ces dernières années. Ce cycle de violence doit cesser », a-t-il insisté.

 

Il a également appelé à une réforme profonde de l’administration, aussi bien civile que militaire : « Il faut repenser la formation de nos forces de l’ordre. Certains agents ne sont pas suffisamment préparés à la gestion de situations tendues, ce qui entraîne parfois des comportements inadaptés. Mais je tiens aussi à souligner qu’une majorité d’entre eux sont des professionnels exemplaires. »

 

Des directives ont ainsi été données pour revoir les programmes de formation et renforcer la doctrine d’usage proportionné de la force. Le Premier ministre a par ailleurs salué les efforts du ministre des Forces armées, récemment dépêché à Rosso pour dialoguer avec les populations après un autre épisode de tension.

 

Libertés publiques : un droit encadré, une volonté de pacification

Ousmane Sonko a réaffirmé son attachement à la liberté d’expression et au droit de manifester : « J’ai donné instruction pour que toutes les manifestations pacifiques soient autorisées et encadrées. Ce droit est garanti par la Constitution. En revanche, en cas de violence, l’État prendra ses responsabilités. Il ne s’agit pas de répression, mais de garantir la paix civile. »

 

Selon lui, les relations entre citoyens et forces de sécurité doivent être fondées sur la confiance et la complémentarité : « Il ne peut y avoir de paix durable sans sécurité, et il ne peut y avoir de sécurité sans respect des citoyens. »

 

Les familles saluent la démarche de l’État

La visite du Premier ministre a été bien accueillie par les familles endeuillées. Un porte-parole de la famille Ba a exprimé sa reconnaissance : « Nous remercions le chef du gouvernement pour sa présence et ses paroles. Nous avons été touchés par le message du président de la République, et nous attendons que les engagements pris soient tenus. »

 

Le déplacement du Premier ministre à Cambérène marque un moment fort de reconnaissance étatique d’un drame local aux résonances nationales. En annonçant une enquête rigoureuse et des réformes structurelles, le gouvernement semble vouloir éviter que ces tragédies se reproduisent. Reste à savoir si les mesures annoncées seront suivies d’effets concrets dans un pays encore marqué par les tensions entre sécurité et libertés.

Cheikh Thiam

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