Dans une décision attendue avec grande attention par les acteurs du paysage audiovisuel sénégalais, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a livré, ce vendredi 25 juillet 2025, ses conclusions sur les différents recours introduits dans le cadre du litige autour de la gestion de la chaîne privée Africa 7. Un dossier sensible qui, depuis plusieurs mois, cristallise les tensions entre actionnaires et remet sur la table les enjeux de gouvernance dans le secteur audiovisuel national.
Recours jugés recevables mais conflit non tranché
Réuni en séance plénière le 23 juillet 2025, le Collège du CNRA a statué sur la recevabilité des recours déposés par Madame Oumou Yaya Wane et Monsieur Alioune Ndiaye, tous deux cogérants inscrits au registre du commerce de la société Africa7 SARL. Dans sa décision, l’autorité de régulation reconnaît que les deux personnalités ont qualité à intervenir sur les questions touchant à l’exploitation de la chaîne.
Cependant, le CNRA a souligné clairement qu’il n’était pas compétent pour arbitrer le différend opposant ces derniers à Monsieur Moussa Faye, également impliqué dans la gouvernance de l’entreprise. Il s’agit, selon l’institution, d’un litige de nature commerciale et sociétaire relevant du domaine judiciaire et non d’un contentieux relevant du champ d’intervention du régulateur des médias.
Précisions contractuelles sur la relation avec TDS SA
Au-delà de la gestion interne de la société Africa 7, le CNRA a tenu à apporter des clarifications importantes concernant la relation contractuelle entre la chaîne de télévision et TDS SA, le principal opérateur de diffusion audiovisuelle terrestre au Sénégal.
Selon les termes de la décision, la convention signée entre Africa7 SARL et le CNRA en date du 28 avril 2021 reste en vigueur dans son intégralité, tout comme le contrat de diffusion passé avec TDS SA le 14 juillet 2023. Aucune de ces conventions n’a fait l’objet de modification ou de dénonciation officielle depuis leur signature.
Le CNRA précise également que le courrier adressé à TDS SA le 2 janvier 2025 ne saurait être interprété comme une révision unilatérale du contrat de diffusion. Il s’agissait, selon le régulateur, d’un simple rappel à l’ordre relatif au respect des dispositions réglementaires encadrant la diffusion des chaînes de télévision agréées.
Une volonté affirmée de transparence et de régularité
Dans un contexte où les spéculations vont bon train sur la régularité des procédures de diffusion et les droits d’exploitation de la chaîne, le CNRA a tenu à rappeler son attachement aux principes de transparence et d’impartialité. La décision mentionne que celle-ci sera formellement notifiée à toutes les parties prenantes, et publiée « partout où besoin sera », afin de garantir une information claire et accessible sur les éléments tranchés par le régulateur.
Un dossier révélateur des failles de gouvernance dans l’audiovisuel privé
L’affaire Africa 7 illustre de manière symptomatique les tensions croissantes qui entourent la gouvernance des médias privés au Sénégal. Entre conflits d’actionnaires, contrats de diffusion et questionnements sur la régularité des actes de gestion, le secteur audiovisuel est de plus en plus confronté à des enjeux juridiques complexes.
Cette situation met également en lumière les limites de l’intervention du CNRA, dont le champ d’action reste strictement défini par son mandat : veiller au respect des cahiers de charges, garantir la pluralité des opinions, et s’assurer que les opérateurs respectent les normes du secteur. Le différend entre actionnaires de Africa 7 devra donc suivre une autre voie : celle des juridictions civiles et commerciales, seules habilitées à trancher sur la légitimité des actes de gestion et des représentations statutaires.
Cheikh Thiam
