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29 août 2016 – 29 août 2025 : Ousmane Sonko, d’un fonctionnaire radié au chef du gouvernement sénégalais

Le 29 août 2016, Macky Sall signait un décret de radiation contre un jeune inspecteur des Impôts et Domaines qui osait dénoncer les dérives du régime. Neuf ans plus tard, jour pour jour, ce même homme, Ousmane Sonko, est Premier ministre du Sénégal. Son ascension politique, forgée dans l’épreuve et nourrie par une mobilisation populaire sans précédent, marque un tournant majeur dans l’histoire politique du pays.

 

2016 : La radiation, point de départ d’un destin politique

 

À 42 ans, Ousmane Sonko était encore un haut fonctionnaire prometteur, inspecteur des Impôts et Domaines, reconnu pour sa compétence et sa rigueur. Mais sa volonté de briser le silence sur les pratiques opaques de l’administration et de dénoncer la corruption lui valut d’être considéré comme un homme à abattre.

 

Le 29 août 2016, Macky Sall signa son décret de radiation, un acte jugé arbitraire par une partie de la société civile et par de nombreux juristes. Pour beaucoup, il s’agissait d’un avertissement adressé à tout fonctionnaire tenté de défier le pouvoir. Pourtant, cette sanction donna à Sonko une visibilité nationale et le transforma en symbole de courage et de résistance.

 

La naissance d’un leader : de fonctionnaire radié à homme politique

 

Refusant de se taire, Ousmane Sonko transforma sa radiation en tremplin politique. Il fonda Pastef Les Patriotes, un parti qui plaça au cœur de son programme la souveraineté nationale, la justice sociale et la lutte contre la corruption.

 

En 2017, il fit son entrée à l’Assemblée nationale comme député. Ses interventions à l’hémicycle, souvent percutantes et argumentées, dynamitèrent la routine parlementaire. Il s’imposa comme une voix différente, refusant la compromission et appelant à un renouveau politique fondé sur la transparence et la responsabilité.

 

L’épreuve et la popularité (2019 – 2023)

À partir de 2019, Ousmane Sonko s’imposa comme la figure centrale de l’opposition sénégalaise. Sa popularité grandissante, notamment auprès de la jeunesse, inquiéta le pouvoir en place. Dès lors, commença pour lui une longue série d’épreuves judiciaires et politiques qui allaient marquer durablement le paysage national.

 

D’abord, il fut confronté à une avalanche d’accusations : viol, diffamation, appel à l’insurrection, corruption de la jeunesse… Autant de procédures qui, selon ses partisans, relevaient d’une stratégie concertée destinée à briser son ascension politique. Ces affaires judiciaires alimentèrent un climat de tension permanente et polarisèrent l’opinion publique entre partisans convaincus et détracteurs farouches.

 

Ensuite, Sonko dut faire face à des restrictions sévères de ses libertés. Assigné à résidence à plusieurs reprises et arrêté de manière répétée, il se retrouva souvent empêché de se déplacer ou de participer pleinement aux activités politiques. Cette situation, loin d’affaiblir son aura, renforça l’image d’un leader persécuté mais déterminé à poursuivre son combat.

 

Parallèlement, le pays fut secoué par une série de manifestations d’une rare intensité. Entre 2021 et 2023, plusieurs vagues de protestations éclatèrent à travers le Sénégal. Ces mobilisations, largement portées par la jeunesse, furent violemment réprimées. Les affrontements avec les forces de l’ordre entraînèrent la mort de dizaines de jeunes Sénégalais, plongeant le pays dans une profonde douleur et accentuant la fracture entre le pouvoir et une partie importante de la population.

 

Ainsi, entre accusations judiciaires, restrictions de liberté et mobilisations réprimées, Ousmane Sonko traversa une période d’épreuves sans précédent. Mais loin d’affaiblir son engagement, ces épreuves contribuèrent à forger son statut de symbole de résistance et de résilience, consolidant son rôle de principal opposant au régime de Macky Sall.

 

 

Ces événements renforcèrent paradoxalement son aura politique. Aux yeux de nombreux Sénégalais, Sonko devint le symbole d’une résistance à un système perçu comme injuste et répressif.

 

Les victoires électorales et la consolidation d’un camp politique

 

En 2022, Sonko fut élu maire de Ziguinchor, capitale de la Casamance. Cette victoire confirma sa capacité à transformer son capital militant en succès électoral. Dans la foulée, il participa à la dynamique de la coalition Yewwi Askan Wi, qui conquit plusieurs grandes mairies et s’imposa comme une force politique incontournable.

 

En mars 2024, son allié et compagnon de lutte, Bassirou Diomaye Faye, fut élu président de la République dès le premier tour, consacrant ainsi la stratégie politique de Sonko. Le nouveau chef de l’État, fidèle à son engagement, le nomma Premier ministre quelques semaines plus tard.

 

L’homme d’idées : publications et visions pour l’avenir

 

Au-delà de son rôle de contestataire, Ousmane Sonko s’est illustré par ses réflexions sur l’avenir du Sénégal et de l’Afrique. Auteur de plusieurs ouvrages, il y développe des solutions pour la refondation économique, la souveraineté nationale et la gestion des ressources naturelles.

 

Ses positions sur le gaz et le pétrole, plaidant pour une exploitation transparente et bénéfique aux générations futures, renforcèrent son image de dirigeant soucieux de l’intérêt général.

 

29 août 2025 : le symbole d’une revanche historique

 

La date du 29 août 2025 prend une dimension hautement symbolique. Neuf ans après avoir été radié pour avoir osé dire non à un système, Ousmane Sonko dirige aujourd’hui le gouvernement du Sénégal.

 

Cette trajectoire incarne la résilience, la persévérance et la volonté d’un peuple qui a refusé la résignation. Elle symbolise également une nouvelle ère politique, marquée par la rupture avec un passé de répression et la promesse d’un avenir bâti sur la justice, la transparence et la souveraineté.

 

L’histoire d’Ousmane Sonko est celle d’un homme qui, de fonctionnaire radié, est devenu l’un des acteurs politiques les plus influents de l’Afrique contemporaine. Son parcours illustre la force des convictions, la capacité de résilience et la puissance de la mobilisation populaire.

 

Le 29 août 2016 restera gravé comme le jour d’une sanction injuste ; le 29 août 2025, comme celui d’une victoire éclatante. Entre les deux, neuf années d’épreuves, de combats et de sacrifices qui auront façonné une figure désormais incontournable de l’histoire politique sénégalaise.

Cheikh Thiam

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Sakıp Sabancı Museum tour
Invité
Sakıp Sabancı Museum tour
2 mois il y a

Sakıp Sabancı Museum tour Loved the walking tour of the old city, highly recommend. https://newhamindependents.org/?p=25115