Nécrologie

Adieu mon ami et frère Hamédine !

Par Serigne Saliou GUEYE

Le mercredi 20 novembre 2024, à 7h 42, je reçus un sms de mon ami et homonyme Saliou, émigré sénégalais à Stuttgart ville d’Allemagne. Les premiers mots de son message de félicitation, par rapport à la victoire électorale du Pastef, ne présageaient guère l’annonce d’une mauvaise nouvelle. Et c’est en fin de message que Saliou, à son corps défendant, m’annonça le décès de mon ami et frère Hamédine Ba. Je repassais le message de Saliou plusieurs fois afin de me rendre à la réalité. En effet, mon ami et frère Hamédine a tiré sa révérence le samedi 16 novembre 2024. J’ai compris que Saliou avait de la peine pour me communiquer cette douloureuse nouvelle. Et il lui a fallu cinq jours pour laisser échapper cette triste nouvelle qui me plongea dans une consternation abyssale. Je ressentis à l’instant un étrange vacillement entre l’ombre et la lumière, des déchirures intérieures qui me bouleversaient.

Il est vrai que les flonflons de la campagne et la surcharge du travail m’ont même empêché de me rendre compte que le 15 novembre, veille de son décès, Hamédine qui, usuellement, m’envoyait, chaque vendredi dès potron-minet, son aimable « Juma Moubarak », ne s’était pas manifesté. Mon ami et frère n’était pas au rendez-vous du vendredi. Significatif silence ! Et malheureusement, ce silence du vendredi perdurera jusqu’au jour où je le rejoindrai dans les cieux.

Il m’est difficile dans des moments de souffrance de prendre ma plume pour libérer, à travers les mots, une partie de cette souffrance. Mais les relations fusionnelles que j’entretenais avec cet homme altruiste, généreux, serviable me contraignent d’exprimer toute ma douleur à travers cette plume rétive. Je sais que ce texte ne pourra pas exposer tout ce que je ressens mais il me permettra de me joindre à lui comme nous avions l’habitude de le faire en discutant des problèmes du Sénégal.

Ce qui me reste, c’est de repasser, de ressasser, de réécouter ses messages audio avec sa voix ardente qui résonne et sonne la vie. Il est resté courageux voire stoïque jusqu’à son dernier souffle. Dans ses messages, nonobstant la douleur qui l’étreignait, mon ami et frère Hamédine s’efforçait de m’adresser de longs messages audio avec une gaieté ineffable qui oblitérait son mal. Toujours, il me rassurait de son état de santé même s’il n’hésitait pas, dès fois, à me faire part de la souffrance ressentie lors de ses traitements médicaux. Je le percevais, malgré tout, plein de vie. Tel un artiste, Hamédine disposait du pouvoir du langage pour transformer la souffrance en joie. Mon frère et ami, d’une voix forte et tranquille, certifiait les pouvoirs des mots pour rester collé à la vie, cette vie qui était en train de le fuir traitreusement.

Jamais, je n’aurai imaginé que celui qui me disait qu’il envisageait de venir en vacances au Sénégal ce décembre 2024 pour se ressourcer et se revigorer auprès de sa parentèle et de ses amis anticiperait, au mois de novembre, ce voyage qui est le dernier, dans un cercueil.

Mon frère, mon ami Hamédine, je suis très heureux d’avoir partagé avec toi une partie de ta vie. Toi qui avais l’art de cultiver l’amitié et la bonne humeur, tu rendais tous nos moments d’échanges joyeux et uniques. Tu étais un vrai patriote, c’est-à-dire, que tu aimais ce pays jusque dans l’âme. Et d’ailleurs, c’est cet amour du pays qui t’avait poussé à chercher mon numéro de téléphone jusqu’à tisser avec moi des liens que même ta disparition ne défera jamais. Ton départ ne me laisse pas un vide car tu vis dans mon cœur et nos conversations résonneront toujours dans mes oreilles. Je profite de cet instant éthéré pour adresser mes condoléances attristées à ta fille, tes frères et sœurs et à tous les membres de ta famille.

Je terminerai cet hommage en paraphrasant Jean le Rond d’Alembert : « Adieu, mon cher ami : le ciel vous tienne en joie ! »

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