Après les victoires successives à la présidentielle du 24 mars et du 17 novembre 2024, le peuple sénégalais ouvre une nouvelle page de son histoire. Le processus de l’alternative se met progressivement en marche à travers le pouvoir patriotique prenant ses marques et fixant les grandes orientations stratégiques de la transformation profonde de la nouvelle gouvernance politique et économiques. Les lignes des politiques publiques, les modalités d’une gestion inclusive par la concertation, le dialogue et la recherche de consensus sociaux, culturels et politiques pour jeter les bases éthiques et morales d’un socle durable capable de porter le Sénégal juste, prospère et souverain se dessinent à l’horizon. Le changement des mentalités et des comportements collectifs et individuels sera au cœur de ce projet national de refondation de la République, de la démocratie et de la gouvernance. C’est là, un chantier social et culturel titanesque.
Certes, il est à la portée de tous les peuples qui luttent pour la souveraineté, la liberté et l’épanouissement. Il faudra toutefois des efforts pour s’affranchir de multiples pesanteurs sociales, culturelles et politiques antinomiques aux mutations sociales et culturelles souhaitées. Des sénégalais organiseront sous diverses formes et modalités la résistance contre le changement des mentalités et des pratiques de la nouvelle gouvernance en gestation. Les partisans de l’ancien ordre social et des manières de penser et d’agir de la vieille époque révolue n’ont jamais cru au changement. Au mieux, ils ont réduit le changement à l’amélioration de leurs conditions de vie et de leurs proches. Tout au long du règne des élites sénégalaises post indépendance, certains responsables de l’Etat ont gouverné en fonctions d’intérêts étrangers inavouables et de leurs intérêts égoïstes. Cette mentalité dominante a fini par influencer gravement les modes de fonctionnement la société sénégalaise et des citoyens. Les élites dirigeantes africaines et locales ont une grande responsabilité dans les défaillances du fonctionnement de la gouvernance des affaires publiques et des comportements.
Évidemment, la société a, elle aussi, une grosse part de responsabilité dans la crise des valeurs sociales, culturelles et religieuses. La paresse intellectuelle de notre société et de nos dirigeants entretient des relations étroites. Elles sont insondables. L’intérêt général a été placé au dernier rang des préoccupations des acteurs politiques et des pouvoirs traditionnels se partageant la richesse nationale. Des pans entiers des populations ont été exclus de la gouvernance. Le renversement de cette tendance privilégiant les dirigeants, l’intérêt personnel, les intérêts de groupes privés et des partis est une œuvre culturelle collective. Elle est complexe. Ce n’est point en un mandat présidentiel que le pouvoir des patriotes et alliés réussira à vaincre des mentalités et des comportements millénaires ancrés dans la gouvernance institutionnelle et dans le tissu social et culturel sénégalais. Le Jub-Jubal-Jubbanti est une réponse stratégique sur le long terme. Le Pastef a une mission et une fonction fondamentale qu’il devra jouer dans la lutte pour le changement des mentalités et des comportements.
Le sens du sacrifice et le don de soi devraient être labélisés, vulgarisés et promus au sein de la famille, du système éducatif, de l’Enseignement supérieur et au sein de toute la société. L’éducation au changement des mentalités et des comportements doit être au centre de l’action de l’Etat, du gouvernement, des acteurs politiques et de la société civile. Ce changement est une question de gouvernance qui nécessitera de la pédagogie par l’exemple du sommet à la base et la mobilisation de ressources humaines et financières exceptionnelles. L’Etat, le secteur privé national et les partenaires techniques et financiers internationaux doivent se mobiliser au tour de cette problématique majeure de la transformation systémique de la gouvernance et des mentalités. Le changement social et mental est une condition presque absolue pour l’avènement des résultats attendus, du progrès, de la justice, l’épanouissement et le mieux- être social collectif et personnel.
MAMADOU SY ALBERT