Le secteur de la santé est en ébullition. En plus d’une grève illimitée décrétée par les internes et médecins en spécialisation, le syndicat démocratique des travailleurs de la Santé et du secteur social (SDT-3S) annonce une grève de 72 h à compter du 04 décembre prochain. Les blouses blanches avancent, entre autres griefs, la posture du gouvernement par rapport à leurs revendications.
Par HABIBATOU TRAORÉ
Après, les médecins en spécialisation qui ont décrété une grève illimitée pour une révision de leur statut, le conseil national syndical du syndicat démocratique des travailleurs de la Santé et du secteur social (SDT-3S) compte également aller au front. Ces syndicalistes après une réunion du conseil national syndical qui a enregistré la participation de la majorité des délégués des différentes sections venus de Salémata, en passant par Goudiry, Ranérou, Pété, Richard-Toll, Bambey… ont annoncé une grève de 72 h, les 4, 5 et 6 décembre prochain. À ce plan d’action, s’ajoutent la rétention d’informations et le boycott des supervisions. Dans un communiqué, les membres du Conseil national syndical (Cns) informent qu’aucune autre action de lutte allant jusqu’au boycott des activités qui se profilent à l’horizon n’est exclue.
Le Cns, « qui tient l’État du Sénégal responsable de toutes les conséquences qui découleront de ce bras de fer », a exposé dans sa note ses points de revendications. Cheikh Seck et Cie ont fustigé « l’inertie notée dans la prise en charge des préoccupations des travailleurs de la santé et de l’action sociale ». Il s’agit, entre autres points listés, « du respect de l’accord du 10 mai 2022 relatif au régime indemnitaire, celui du 29 décembre 2023 portant sur les ressources humaines, la gouvernance du secteur de la santé, les questions financières et budgétaires et la matérialisation des accords du 10 mai 2022 ».
«Il est impératif pour le gouvernement de se pencher sur le gap de 15 000 agents»
Les membres du SDT-3S militent aussi pour « la finalisation du processus de reclassement des infirmiers, sage-femmes d’État et techniciens supérieurs de santé ». Pour le conseil national syndical du syndicat démocratique des travailleurs de la Santé et du secteur social (SDT-3S), « il est également impératif pour le gouvernement de se pencher sur le comblement du gap de 15 000 agents dans le secteur de la santé et de l’action sociale par un recrutement spécial de 3 000 agents par an pendant 5 ans et une utilisation rationnelle et efficiente des ressources du ministre de la Santé et de l’Action sociale ».
Dans ses revendications, le Cns demande la mise en compétition ou du profilage des postes des directions ainsi que l’augmentation des subventions et la définition des critères d’allocations budgétaires des hôpitaux.
« Le Cns fustige la pente dangereuse empruntée par le ministre de la Santé en favorisant un groupe de corps au détriment d’autres. Cela est en train même d’avoir des répercussions sur les indicateurs sanitaires et sur les risques majeurs de la non-atteinte de la vision de couverture sanitaire. Aucun corps ne doit se croire être l’alpha et l’oméga du système de santé, qui doit répondre d’une approche holistique fondée sur l’éthique et l’équité. C’est cela qui mettra fin à l’ostracisme d’un groupe qui entend peut-être par ignorance se prévaloir d’être les seuls garants d’un système de santé qui s’exprime de plus en plus dans la communauté avec toute sa diversité ». Les syndicalistes recommandent, à cet effet, à l’Etat de s’ouvrir à des considérations fécondes et sortir des zones de confort pour s’accommoder, souligne-t-on, aux nouveaux paradigmes auxquels appelle le concept « One Health ».
«Il est temps de départir le système sanitaire de la complaisance»
Pour les membres du Cns, « il est temps de départir le système sanitaire sénégalais de la complaisance et de se baser sur ces mutations indispensables pour élaborer des critères précis, définir des profils adéquats, transcendant la qualification professionnelle, mais surtout sur les compétences requises pour satisfaire à la description de poste ». Et de marteler : « Le ministre de la Fonction publique doit veiller à la convocation régulière du comité de suivi des accords et la présence effective des autres départements ministériels concernés. Il doit nous éclairer sur la composition de la commission d’équivalence des diplômes et de reclassement ainsi que sur la transparence dans la gestion des dossiers. Il devra également procéder à la révision du décret 77-887 portant statut particulier du cadre des fonctionnaires de la santé et de l’action social pour les adapter aux différents corps de métiers actuels du secteur actuel de la santé et de l’action sociale. La seule référence en matière de formation et d’homologation de diplôme reste pour nous les dispositions établies par l’Organisation Ouest Africaine de la Santé OOAS ».
Dans son communiqué, le Cns invite par ailleurs, le ministère en charge de l’Urbanisme et de l’Habitat à respecter les engagements du gouvernement qui ont conduit aux accords sur l’octroi de terrain à usage d’habitation à Daga Kholpa. Au vu de toutes ces situations, le Conseil national syndical donne mandat au bureau exécutif national et au Secrétaire général de continuer et de définir toutes les orientations stratégiques dans le cadre d’alliances ou d’unités d’action pour la satisfaction totale des revendications.
Pour les perspectives, le Conseil national syndical a fixé la date du prochain congrès du SDT-3S, dans la deuxième quinzaine du mois de janvier 2025. Dans son communiqué, le Cns demande aux responsables de continuer à travailler pour le rayonnement et la vulgarisation de la centrale CNTS-FC dans tous les départements et régions.