Taxawu Sénégal a perdu à la fois la Présidentielle et les législatives de 2024. Deux grandes défaites politiques électorales majeures pour se mesurer électoralement. Pourtant, le mouvement animé par Khalifa Sall l’ancien maire de la Ville de la capitale dakaroise ouvrait après les locales et les municipales 2022 des tendances contraires à des résultats cumulatifs si médiocres. En effet, Taxawu Sénégal faisait partie des forces montantes de l’opposition la plus représentative dans le paysage politique. Khalifa Sall était parmi les leaders principaux de la Coalition Yewwi Askan. Il sera d’ailleurs le premier Président de la Conférence des leaders de ce regroupement. En dépit des effets négatifs de son emprisonnement dans l’affaire de la caisse d’avance, Khalifa Sall a rebondi. Il aura réussi à constituer Taxawu Sénégal et à jouer une fonction importante dans le processus de réorganisation de l’opposition et la recherche de consensus fondateurs de l’unité, la stratégie de lutte et de conquête du pouvoir local et central.
La chute électorale de Taxawu Sénégal en moins de deux ans après sa réussite à deux électorales charnières avant la Présidentielle et les législatives 2024 résulte de la conjugaison de plusieurs facteurs traduisant une impasse d’orientation et de leadership. En acceptant de participer au dialogue national initié par le président de la République en exercice, Macky Sall, Taxawu Sénégal a pris de fait ses distances avec Yewwi Askan Wi prônant le boycott du dialogue. Cette divergence de perception et de conduite politique mènera à l’exclusion-marginalisation de Taxawu de la Coalition Yewwi Askan Wi et à l’isolement de son leader de la mouvance de l’opposition dirigée par le Pastef et ses alliés de Yewwi Askan Wi. Si le dialogue national ouvre la porte de la présidentielle à Khalifa Sall, il n’en constitue pas moins une des sources de la perte de confiance des forces de l’opposition radicale et des franges significatives des électeurs à l’égard de la manœuvre présidentielle.
Khalifa Sall perd son influence et sa crédibilité. Son image est ternie. Malgré les explications à propos de ce dialogue et des motivations de Taxawu, le doute quant à la sincérité des responsables de Taxawu se propagera dans les réseaux sociaux. L’opinion indexe des opposants à l’ombre au service du maître du jeu. La sortie médiatique de Barthélemy Dias dans ce contexte de méfiance des anciens alliés et de défiance à l’opposition, aux composantes de Yewwi Askan Wi, singulièrement, du Pastef va alimenter le débat de la trahison. On apprend des tractations nocturnes entre le pouvoir et Taxawu. Taxawu est désormais soupçonné de jouer le double jeu. Cette atmosphère délétère impactera naturellement la campagne présidentielle 2024. Contre toute attente des adversaires au pouvoir, le Pastef réussira à avoir son candidat. Le camp du pouvoir sera surpris par cette donne politique électorale. Taxawu Sénégal est pris de court par les sorties de prison du Président du Pastel, Ousmane Sonko et de son candidat, Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Alors que les leaders de Yewwi Askan finiront par désister au profit du candidat de la coalition Diomaye Président, seuls Taxawu Sénégal et le Pur décideront de briguer les suffrages des électeurs sous leurs propres bannières. Les candidats du Pur et Taxawu arrivent en troisième et quatrième position à la présidentielle 2024.
Les résultats sont décevants. Le scénario est quasi identique aux législatives. Taxawu Sénégal et le Pur se retrouvent ensemble dans une coalition et dans l’inter-coalition avec des leaders et des partis membres de l’ancien pouvoir. C’est l’effondrement électoral de Taxawu Sénégal et du Pur. Il est difficile de ne pas établir des liens étroits entre la perte de terrain politique et électoral de Taxawu Sénégal avec sa stratégie politique trop compromettante et conciliante avec le pouvoir des républicains. La lutte était presque commune entre les républicains et des opposants contre les partis membres de Yewwi Askan wi et le Pastef. La sanction électorale de Taxawu, du Pur laisse penser que les opposants ont été politiquement sanctionnés en raison de la perte de confiance et des intentions non avouables d’un double jeu. La preuve de la sanction semble évidente à travers le choix sans appel du candidat du Pastef dès le premier tour et le score de 130 députés sur 165 parlementaires. Ce qui a perdu Taxawu à par ricochet perdu les opposants conciliants, l’ancienne majorité présidentielle et ses alliés de l’opposition. Une nouvelle configuration du paysage politique se dessine à l’horizon 2026.
Le Pastef et ses alliés exercent le pouvoir. En face, il y a plusieurs partis se réclamant de l’opposition. Toutefois, cette opposition se cherche. Elle n’est pas homogène. Les anciens partis sont affaiblis politiquement. Le Parti socialiste, Taxawu Sénégal seront pratiquement absents à l’assemblée. L’Alliance Pour la République est l’opposition parlementaire majoritaire. La Nouvelle Responsabilité arrive en deuxième. L’écrasante majorité des députés est composée de non- inscrits. Le Sénégal n’est qu’au début d’un long processus de recomposition politique. La seule certitude est pour le moment, l’hégémonie politique du Pastef et de la majorité présidentielle patriotique en construction. De nombreux partis et leaders risquent de quitter le champ politique national. À moins qu’ils se rachètent aux prochaines élections municipales. Ils ont deux ans pour se préparer à se refaire politiquement. La bataille sera rude entre les anciens leaders en perte de terrain et la nouvelle génération frappant à la porte politique.
MAMADOU SY ALBERT