Les états généraux des transports publics ont démarré hier et vont se poursuivre jusqu’au 25 octobre. Ces travaux permettront de faire un diagnostic des maux des transports publics au Sénégal. Le chef de l’Etat qui a présidé la rencontre a profité de l’occasion pour revenir sur la problématique de la sécurité routière et dégager des pistes de solutions pour venir à bout des accidents de la route.
HABIBATOU TRAORÉ
Le chef de l’Etat a présidé hier l’ouverture des états généraux des transports publics. Une rencontre qui se tient du 21 au 25 octobre à Dakar. Le chef de l’Etat a, à cet effet, saisi l’occasion pour aborder la problématique de la sécurité routière. D’après le constat de Bassirou Diomaye Faye, au Sénégal, la mobilité des personnes en toute sécurité et en toute sûreté demeure un défi permanant. Il relève ainsi que malgré l’amélioration de la qualité des infrastructures routières, les accidents continuent encore de faire de nombreuses victimes. De plus, souligne le président de la République, les embouteillages chroniques particulièrement à Dakar occasionnent des pertes de temps considérables malgré les efforts déployés dans la construction de routes, de ponts et la réalisation de projets de transport urbain de masse. « L’insécurité routière et son impact socio-économique comme la question cruciale de la régulation du transport public sont des priorités de premiers ordres pour mon gouvernement. Les présentes assises par leur caractère exceptionnel et inclusif offrent une opportunité unique d’établir un état des lieux rigoureux et de réfléchir aux solutions durables pour remédier aux problèmes endémiques du secteur », a fait savoir le Président Bassirou Diomaye Faye.
Mettre en place un plan d’urgence de préventions et de sécurité routière
Il informe d’ailleurs qu’avant ces états généraux, il avait déjà instruit le gouvernement à proposer un plan d’urgence de préventions et de sécurité routière qui soit, précise-t-il, exécuté avec la plus grande rigueur. « Je tiens à féliciter le gouvernement ainsi que les acteurs socio-professionnels du transport public routier pour que les mesures adoptées afin de renforcer la sécurité des personnes, la prise en charge post-accident, la sécurité des véhicules et la sécurisation des infrastructures routières. L’observation des faits, nous permet d’affirmer avec force que les accidents de la route ne sont pas une fatalité, si nous acceptons tous de faire notre introspection. Ce qui se produit sur nos routes n’est pas une conséquence inéluctable, ces drames sont souvent le résultat de comportements humain inadéquats et de manquements à des règles de sécurité élémentaires », soutient le chef de l’Etat. Pour qui, il est impératif que chacun en particulier les acteurs socio-professionnels du transport public routier s’engagent dans une introspection sincère et une prise de conscience de leurs responsabilités. Le Président Faye reste convaincu que ce n’est pas une fatalité, si seulement les acteurs comprennent l’importance de l’adaptation et de l’anticipation dans les stratégies de développement de transport public routier en intégrant des dispositifs d’alerte et de mitigations des risques à l’instar de ce qui se fait dans les secteurs aussi normés que l’aviation et le maritime. Ainsi, pour le chef de l’Etat, il est inconcevable de continuer à faire les choses comme avant, « si nous voulons bâtir ensemble un avenir durable pour nos systèmes de transport public ».
Prendre des solutions durables et structurelles
Dans la même lancée, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et Aériens a fait savoir que la lancinante question de la sécurité routière est mise en exergue parce que le Sénégal perd « énormément » de vies humaines dans des accidents. Et le plus grand pourcentage de ces accidents, regrette El Malick Ndiaye émane du comportement humain. « Ce qui fait qu’il nous faut prendre des solutions durables et structurelles et guidées pour définitivement régler cette question-là. Je pense que nous sommes sur la bonne voie avec la digitalisation intégrale, la vidéo verbalisation. Bien sûr, le permis à point qui est en train d’être préparé et la carte professionnelle du chauffeur, la régularisation du secteur des deux-roues, des VTC, le renouvellement du parc et le renforcement surtout du contrôle routier avec des outils digitaux », a rassuré le ministre. D’après M. Ndiaye, chaque acteur doit prendre ses responsabilités, faire une rétrospection pour pouvoir lui-même apporter sa pierre à l’édifice. Pour El Malick Ndiaye, des solutions à ce problème devront être trouvées ensemble et en même temps adopter la démarche participative comme l’a recommandé le président de la République et le Premier ministre. « Donc, tous les acteurs ont été associés et nous pensons qu’au sortir de ces assises-là, nous allons mettre tout un chacun devant ses responsabilités et le reste, l’Etat va jouer son rôle avec toute la rigueur qu’il faut. Il faut que cela soit très clair, nous allons mettre toutes les mesures nécessaires. Nous avons un programme d’élargissement des routes, de renouvellement du parc, mais aussi, nous allons changer la gouvernance des titres. Nous allons digitaliser tout le système et nous allons renforcer de manière très rigoureuse tout ce qui est contrôle routier afin de régler définitivement ces questions », a rassuré le ministre des Transports.
Le Jubbanti nécessaire dans le secteur des transports
Le secrétaire général du ministère des Transports a rappelé les importants investissements consentis par l’Etat dans le secteur depuis le début des années 2000 avec des records significatifs au niveau de l’offre des infrastructures par les services des transports. Serigne Bamba Sy liste, à ce propos, l’expansion du réseau routier et autoroutier et également des efforts dans l’organisation des transports terrestres. Selon le Sg, de 2014 à 2023, c’est plus de 883 km de route qui ont été construits, et presque 200 km réhabilités sur la même période ainsi que le renouvellement du matériel roulant, il y a trois mois (Aftu et 3D). « En matière de relance ferroviaire, il y a des avancées avec la mise en service du Ter et son extension vers Aibd, et de nombreuses tentatives de relance du chemin de fer entre Dakar et Tamba même si elles sont restées vaines. Sur le développement du hub aérien, on note la mise en service de l’Aibd, la création de la compagnie Air Sénégal… Cependant, malgré ces efforts, des problèmes persistent et imposent l’urgence d’adapter la conception de politiques publiques en matière de transports. C’est essentiellement des problématiques liées à l’organisation de la gouvernance du secteur, le financement du système du transport ainsi qu’à l’exploitation avec surtout, la question de l’insécurité routière et son corollaire sur le développement socio-économique du pays », a expliqué Serigne Bamba Sy.
Bassirou Diomaye Faye informe à ce propos que ces assises sur le transport public ont pour objectif d’asseoir un consensus fort rapide et intégral du système du transport public. Ces consultations, d’après le chef de l’Etat, traduisent une forte ambition de réinventer et de moderniser le secteur du transport public. « Il s’agit de répondre aux besoins croissants des usagers en renforçant la compétitivité de notre économie, notamment à travers le développement des chemins de fer et des corridors routiers ouest africains. Un tel projet ne peut se réaliser sans un dialogue inclusif direct et prospectif entre les différents acteurs de l’écosystème des transports présents ici aujourd’hui », a renseigné le Président BDF. Il a, dans la même veine, invité les acteurs du transport public a profité de ces assises pour dresser un diagnostic complet des différents sous-secteurs des transports publics routiers ferroviaires et aériens.
Le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens a fait savoir que tous les Sénégalais ainsi que les étrangers vivant au Sénégal sont d’accord que le secteur des transports vit d’innombrables problèmes et a besoin d’être restructuré, repensé et tout simplement d’être « Jubbanti ». « Il fallait pour nous travailler d’arrache-pied pour matérialiser cette requête du Président. Ce qui fait que des ateliers ont été organisés au sein du ministère, ensuite des séminaires avec les organes étatiques et un séminaire élargi avec les partenaires sociaux de façon globale. Le travail a été fait et sur pratiquement 55 points majeurs, seul 12 ont fait l’objet de divergences et d’absences de consensus, mais les travaux vont continuer et je pense qu’à partir d’aujourd’hui les acteurs sociaux, ceux du secteur du transport, les équipes ici présentes, mais aussi les partenaires nationaux et internationaux vont se pencher sur différentes questions afin de pouvoir sortir avec des résolutions fortes qui vont être désormais transformées de manière radicale et intégrale le secteur du transport ».