Le parquet judiciaire financier est en train de scier les branches sur lesquelles se sont assis des responsables politiques et administratifs de l’ancienne gouvernance républicaine. La levée de l’immunité parlementaire de l’honorable parlementaire, Farba Ngom a sonné le déclic de la déferlante vague de panique des républicains. Les caciques républicains redoutent l’effondrement d’un pan de la muraille financière du système. L’annonce non encore officielle de la levée de l’immunité de l’ancien Premier ministre, Amadou Ba et de l’ancien ministre, Moustapha Diop, a semé l’émoi dans les rangs de l’Apr et de la Nouvelle Responsabilité. Ils sont abasourdis. Les protestations se poursuivent et se conjuguent à une mobilisation générale des militants contre les procédures légales et régulières de la justice. Une Sainte alliance se dessine d’ailleurs à l’horizon. Ainsi donc, les anciens gouvernants se préparent à faire face à la justice et à l’Etat de Droit. Les temps et le vent ont vraiment changé. Les puissants gouvernants d’hier ont perdu le sens des responsabilités politiques étatiques et la mesure du propos. Curieusement, la résistance est placée sous les signes de la lutte contre l’instrumentalisation de la justice, contre l’Etat autoritaire et la volonté d’éliminer des adversaires. Ce sont les motifs officiels cousus de fil blanc. En réalité, il s’agit d’un assaut de l’impunité contre la justice et l’Etat de Droit. Les Sénégalais ne sont pas amnésiques. L’Apr et Bennoo Bokk Yaakaar ont dirigé le Sénégal pendant douze ans.
Au cours de ce règne, la justice a été au cœur de la gouvernance de l’ancien président de la République, Macky Sall. Les affaires de Karim Wade, de Khalifa Ababacar Sall et de Ousmane Sonko constituent des moments inoubliables. Elles ont mis à nu des abus de pouvoir des Républicains. Tous ces trois cas ont en commun une volonté manifeste d’exclure des adversaires sérieux à la présidentielle de 2019 et 2020. En outre, la répression sanglante des manifestants durant les événements de 2021 à 2024 a laissé des traces indélébiles dans la mémoire collective sénégalaise. Comment alors comparer cette page sombre de la démocratie pluraliste bâillonnée à ce qui se passe au Sénégal sous le règne du président de la République en exercice, Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Les arguments de la Sainte alliance anti-démocratique ne résistent pas à l’analyse et à l’observation des faits et de la gouvernance des Patriotes. Les députés dont la levée de l’immunité parlementaire devrait être faite font l’objet de soupçons sérieux dans des affaires purement privées remontant à l’époque de la gouvernance républicaine. Autrement dit, toutes ces affaires résultent des rapports faits par la Centif et les Corps de contrôle avant l’arrivée du Pastef au pouvoir. Le Parquet judiciaire financier a simplement traité et saisi le Parlement dans le respect de ses compétences juridiques. Le président de la République et son Premier ministre, Ousmane Sonko, ne peuvent être soupçonnés être derrière des rapports réalisés sous le pouvoir républicain. Les incohérences de l’Apr, de la Nouvelle Responsabilité et leurs souteneurs versent dans l’amalgame et la désinformation. Une manière de se victimiser et de ternir l’image de la justice et de la démocratie.
Les vieux slogans du genre, force restera à la loi ou le respect de la justice indépendante sont de fait rangés dans les tiroirs républicains. La justice doit faire son travail en toute sérénité. Après les affaires privées, les partisans de l’Apr devraient plutôt se préparer à la Haute Cour de Justice. Ils devront rendre des comptes de leur gouvernance. C’est le souhait du peuple souverain qui a donné au président de la République et à son gouvernement tous les moyens politiques et juridiques de gouverner pendant cinq ans. Le Droit sera dit par la justice indépendante au nom du peuple. Si les Patriotes étaient réellement animés par la revanche, ils pourraient rendre infernale la vie de nombreux responsables. Dissoudre l’Apr, emprisonner tous les responsables et complices de la tragédie meurtrière ne serait que rendre la monnaie de la pièce. Ce n’est ni le souhait, ni l’ambition du pouvoir patriotique. Les Républicains devraient revenir à la raison. Rendre des comptes ou répondre de ses actes devant la justice est un acte normal de tout responsable de gestion des biens et services publics. L’impunité est derrière le Sénégal. Il faudra changer de mentalité et de comportements.
MAMADOU SY ALBERT