Un vent de déstabilisation souffle sur le Sénégal, frappant le régime issu de la révolution citoyenne qui a porté au pouvoir le 24 mars 2024 le Président Bassirou Diomaye Faye. Après les attaques orchestrées par certains patrons de presse, c’est désormais la question casamançaise qui resurgit, utilisée comme prétexte pour diffuser des informations fallacieuses et manipuler l’opinion publique, attisant une peur calculée. Dans cette nouvelle campagne, un article d’Afrique Confidentielle — largement relayé sur les réseaux sociaux — affirme qu’en cas de victoire de PASTEF aux élections législatives du 17 novembre 2024, le chef d’état-major général des armées (CEMGA) serait limogé, et que les rangs de l’armée seraient garnis de recrues issues du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).
Cette fausse information vient s’ajouter aux rumeurs diffusées il y a quatre mois par le même site, qui suggéraient que l’affectation du général Kandé en Inde en tant qu’attaché militaire était une sanction visant à affaiblir la lutte anti-insurrectionnelle en Casamance. Le média avait même affirmé que cette décision émanait du Premier ministre Ousmane Sonko, ajoutant ainsi aux calomnies dirigées contre lui depuis le début de sa carrière politique. Les instigateurs de cette campagne instrumentalisent la figure du général Kandé, érigé en héros solitaire de la lutte contre le MFDC. Ils exploitent son image, sachant que, en tant que militaire, il est tenu au silence par devoir de réserve. Ce faisant, ils cherchent à détourner l’attention et à fragiliser les bases de la stabilité nationale.
Une crise casamançaise instrumentalisée : réalité ou prétexte ?
Il est crucial de rappeler que les stratégies de contre-insurrection en Casamance n’ont pas été inventées par le général Kandé. Avant lui, des officiers comme les colonels Georges Boissy et Yoro Koné ont expérimenté diverses méthodes de contre-insurrection, marquant une continuité historique dans la lutte pour la stabilité de cette région où le sentiment de défiance envers le pouvoir central est ancré dans une histoire coloniale et postcoloniale complexe.
Cependant, réduire l’accalmie observée ces dernières années en Casamance au seul mérite des forces armées serait une erreur. Comme l’a souligné brillamment Babacar Justin Ndiaye, la paix en Casamance est avant tout une possibilité politique, consolidée par des efforts de dialogue visant à répondre aux revendications des insurgés et à délégitimer le mouvement indépendantiste en le privant de sa base sociale. La paix en Casamance est avant tout une construction politique, issue d’efforts de dialogue visant à répondre aux revendications légitimes, légales et acceptables — dans le cadre de l’unité nationale — des insurgés. En dépit de la persistance de certains mouvements radicaux, le contexte a évolué grâce à des processus de paix successifs, sous l’impulsion de divers gouvernements sénégalais et avec la coopération de partenaires régionaux comme la Guinée-Bissau, dont l’intervention militaire contre des factions du MFDC a réduit l’emprise de certaines bases rebelles. La légitimité du mouvement indépendantiste s’est peu à peu effritée. L’État sénégalais a mis en œuvre des politiques visant à saper le soutien social de ce mouvement, en renforçant les investissements locaux et en marginalisant les factions du MFDC les plus violentes.
Manipulations et rumeurs : l’opacité des sources en question
La dernière manipulation en date visant à déstabiliser le Sénégal passe une fois de plus par l’instrumentalisation de la question casamançaise. Des rumeurs orchestrées, issues d’une supposée lettre anonyme d’un « gradé » relayée par le site Afrique Confidentielle, suggèrent un « limogeage » potentiel du chef d’état-major général des armées (CEMGA) en cas de victoire de PASTEF aux législatives, ainsi qu’un prétendu recrutement massif de jeunes affiliés au MFDC dans les rangs de l’armée. En réalité, ces récits alarmistes ne sont que des instruments de déstabilisation visant à fracturer l’unité nationale et à semer la discorde au sein des forces armées. La réputation sulfureuse d’Afrique Confidentielle, qui s’abstient de nommer ses contributeurs et présente un anonymat suspect, renforce la suspicion autour de ces informations.
En effet, Afrique Confidentielle manque cruellement de sérieux en matière de rigueur journalistique et de transparence. Le site n’offre aucune information claire sur l’identité de ses contributeurs, masquant systématiquement ses auteurs sous un anonymat suspect qui échappe à toute responsabilité éditoriale. En relayant des informations sensationnelles sans preuve concrète et en privilégiant le buzz émotionnel au détriment de l’intégrité de l’information, Afrique Confidentielle s’éloigne des standards de journalisme responsable. Ce manque de transparence, associé à un positionnement ambigu qui semble davantage orienté vers la diffusion d’opinions biaisées que vers une information factuelle, place ce média dans la catégorie des officines d’influences au service du camp hostile à la révolution citoyenne sénégalaise.
C’est donc cette plateforme, connue pour sa transparence limitée, crée un terrain fertile aux manipulations, en offrant une crédibilité apparente à des allégations non vérifiées. En exploitant le climat tendu autour de la Casamance et en insinuant des liens entre le pouvoir issu de la révolution citoyenne couronnée par la victoire électorale du 24 mars 2024 et les mouvements rebelles, ces manœuvres cherchent à détourner l’opinion publique des véritables enjeux, tout en minant la stabilité des institutions nationales au profit de récits partisans.
Quand la déstabilisation cible le Premier ministre Ousmane Sonko
Ces manipulations visent principalement le Premier ministre Ousmane Sonko, cible constante de tentatives de déstabilisation. À travers des accusations directes et indirectes, des affirmations mensongères de soutien tacite aux revendications indépendantistes, certains acteurs cherchent à remettre en question la légitimité du Premier ministre, qui, en réalité, est engagé pour la paix et l’intégrité nationale. Ces accusations infondées ne font qu’alimenter une confusion qui nuit à l’unité du pays en déformant ses engagements politiques réels.
Les enjeux de la Casamance sont de longue date instrumentalisée pour diviser le pays. La spécificité culturelle de la Casamance, notamment celle d’une partie de ses populations, a souvent servi de justification pour des mouvements de contestation qui, dès les années 1980, ont pris la forme de rébellion orchestrée par le MFDC. La situation dans la région, bien que stabilisée par des processus politiques, reste fragile et sensible aux rumeurs, amplifiées par des acteurs malintentionnés et des médias qui relaient des informations partiales. En réalité, l’accalmie observée en Casamance est le résultat d’un effort commun et continu entre les autorités sénégalaises et les forces locales, incluant un engagement fort en faveur du développement régional et de l’intégration économique. Comme le rappelait le politologue D. B. Cruise O’Brien sur le « contrat social » sénégalais, l’État a souvent su intégrer les particularismes régionaux, mais cette intégration demande un équilibre constant et une vigilance accrue face aux discours séparatistes.
Certains acteurs vont jusqu’à accuser le Président de soutenir « tacitement » des initiatives séparatistes, ce qui constitue une manipulation visant à instrumentaliser la question de la liberté académique pour délégitimer son action. Le Président reste pourtant un défenseur ferme de cette liberté, rappelant que le véritable chemin vers une paix durable en Casamance repose sur le dialogue, l’inclusion et le respect mutuel. Aujourd’hui, alors que les forces armées et le gouvernement œuvrent de concert pour préserver l’intégrité du territoire, il est essentiel de dénoncer ces tentatives de division qui, loin de renforcer la cohésion nationale, ne font qu’attiser des tensions et entretenir des mythes militaires au détriment de solutions politiques.
DR FÉLIX ATCHADÉ