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VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE

Les statistiques alarmants entre janvier et décembre 2024 dévoilés

Le Projet d’appui à la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre 2 (Pasneeg II) a profité, hier, de la présentation de son rapport d’activité annuel pour dévoiler les mécanismes de prises en charge des victimes de violences basées sur le genre (VBG). En partenariat avec l’Association des Juristes Sénégalaises (AJS), le Paseneeg a mis l’accent sur cinq boutiques de droits (Dakar, Thiès, Kaolack, Kolda et Sédhiou) qui ont permis de mettre la lumière sur les chiffres des VBG entre janvier et décembre 2024.

Par HABIBATOU TRAORÉ

Le Projet d’appui à la stratégie nationale pour l’équité et l’égalité de genre 2 (Pasneeg II) a publié son rapport d’activité de l’année 2024. Ce projet, qui relève du ministère de la Famille et des Solidarités, a pour objectif de promouvoir et de protéger les droits des femmes et des filles au Sénégal à tous les niveaux (institutionnel, juridique, judiciaire, législatif, économique, social, etc.) ainsi que l’adoption par les communautés d’attitudes, de comportements et de pratiques favorables à la non-discrimination.

Ainsi sur la période du 1er janvier au 31 décembre 2024, dans le cadre de la promotion des droits des femmes et l’offre de services aux victimes de Violences basées sur le genre (VBG), les réalisations ont porté principalement, d’après le rapport, sur la poursuite de l’accompagnement de différents mécanismes de prise en charge des victimes de VBG. À cet effet, en partenariat avec l’Association des Juristes Sénégalaises (AJS) et la plateforme Allo 116 du ministère, cinq boutiques de droit ont été mis sur pied dans les régions d’intervention (Dakar, Thiès, Kaolack, Kolda et Sédhiou).

Plus de la moitié des consultations effectuées à Pikine

Sur la période du 1er au 31 janvier 2024, 3 169 justiciables (femmes et hommes) ont reçu des conseils juridiques au niveau des cinq boutiques de droit dans différents domaines (violences, droit de la famille, droit pénal, droit foncier, droit des obligations civiles). Il faut relever que la boutique de Pikine capitalise plus de la moitié des consultations (52 %), contrairement à Sédhiou qui enregistre 121 consultations soit 4 % du taux. « Ces écarts s’expliquent par les facteurs d’ordre socioculturel qui sont spécifiques aux deux zones d’intervention. Ces chiffres portent le nombre de personnes assistées pour motif de violence depuis juillet 2020 à 2 389 victimes, sur une cible globale de 3 000. En termes de sex-ratio, les femmes (2430) soit 80 % viennent largement en tête. Le cumul annuel de 626 consultations (20 %) contraste bien avec les données des précédents exercices où cette fréquentation ne dépassait guère 8 % », renseigne le rapport.

Pour la répartition des catégories juridiques, le document précise que 799 consultations, soit (21 %) sont liées à la violence, 1938 consultations (62 %) relèvent du droit de la famille, 143 relatifs au droit pénal, 167 au droit des obligations civiles et commerciales et 122 portants sur les autres domaines du droit. Toujours dans la période allant de janvier à décembre 2024, le rapport indique que 799 cas de violences ont été traités ou suivis. « Les violences économiques viennent en tête avec 234 (29 %) suivies des violences sexuelles avec 219 cas, soit 27 %. Les violences physiques concernent 24 % des cas (193). Les violences psychologiques occupent la quatrième place avec 54 cas traités et/suivis (19 %) », poursuit le document.

Renforcement des capacités des OPJ et des magistrats

Pour ce qui est des auteurs, les boutiques de droit de l’AJS en partenariat avec le Pasneeg indexent, pour les violences sexuelles, les membres de l’environnement familial ou encore des proches des victimes (oncle, frère cousin, voisin, etc.). En ce qui concerne les violences physiques ou économiques, elles sont causées par les conjoints, alors que les violences psychologiques relèvent généralement du conjoint et de ses proches (Parents, frères, sœurs…). À cet effet, le document renseigne que les femmes et hommes qui ont sollicité les services des boutiques de droit ont bénéficié d’une écoute active et de conseils appropriés. « Ils ont été aussi orientés vers d’autres services spécialisés pour bénéficier des services de médiation ou recevoir une assistance juridique et judiciaire ».

C’est dans ce cadre que 66 personnes ont été orientées vers des services de police et de justice (Tribunaux, Police, Gendarmerie, Avocat, Huissier de justice, Notaire, autres boutiques de droit de proximité), 27 vers des services sanitaires (médecins, gynécologue, sage-femme, travailleurs sociaux), 32 vers des services sociaux (action sociale, aide d’urgence, hébergement d’urgence, autonomisation économique) et 1 vers les mécanismes communautaire (Bajenu Gox, APDC, comité de veille, etc.). « Le renforcement des capacités des officiers de police judiciaire (OPJ) et des magistrats sur la prise en charge des VBG répond au souci de renforcer les mécanismes de prévention et de prise en charge multisectorielle des VBG. Le Pasneeg a ainsi identifié les cellules genre de la Police et de la Gendarmerie au regard de leur convergence d’enjeux et de la crédibilité de leur expertise », dit-on.

Mise en place du Centre d’écoute «Wallu Allo 116»

À côté des boutiques de droit, le rapport souligne que pour conforter le ministère dans sa mission de promotion des droits des femmes et de protection de leur intégrité physique et morale, le Pasneeg a appuyé la mise en place d’un Centre d’Écoute intitulé « Wallu Allo 116 » au sein du ministère. Une plateforme qui a enregistré, durant l’exercice 2024, 12 889 appels dont 4 092 sont relatifs aux problématiques de droit des femmes et de la violence. Il s’agit de 88 cas de violences sexuelles, 2 346 cas de violences physiques, 369 cas d’abandon. À cela s’ajoute la consolidation de l’initiative « Bourses économiques » dans la région de Thiès et son extension à Kaolack pour une autonomisation des femmes et la prévention des violences basées sur le genre.

Pour le représentant du ministre de la Famille et des Solidarités, beaucoup de défis liés à la lutte contre les violences basées sur le genre restent encore à relever, même si reconnaît-il, des progrès ont été certes enregistrés. « C’est encore insuffisant dès l’instant qu’il y a encore quelques cas qui subsistent, c’est dire que les résultats ne sont pas encore totalement satisfaisants. Pour les questions liées à l’autonomisation des femmes, ce que l’on a, ce sont des projets pilote, le grand défi, c’est le passage à l’échelle, essayer de toucher toutes les zones, toutes les catégories de femmes victimes de violences basées sur le genre et qui n’ont pas aussi accès à l’information pour pouvoir jouir de leurs droits », laisse entendre El Hadji Ndiogou Diouf. Pour qui, les questions liées à la violence doivent être éradiquées de façon définitive.

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