AFFAIRE DE CORRUPTION PRÉSUMÉE Ismaël Madior Fall sous bracelet électronique et assigné à domicile

L’ancien ministre de la Justice sous le régime de Macky Sall a été le premier dans le lot des anciens ministres à être inculpé par la Haute Cour de Justice. Ismaël Madior Fall perdu par une affaire de corruption, a été placé sous bracelet électronique hier avec assignation à domicile à Dakar. 

HABIBATOU TRAORE

L’ancien ministre de la Justice sous le régime de Macky Sall est depuis hier sous bracelet électronique avec assignation à domicile à Dakar. Ismael Madior Fall a écopé de cette « sanction » à l’issue de son audition dans une affaire de corruption par la présidente de la Commission d’instruction de la Haute Cour de Justice. L’ancien Garde des Sceaux fait partie des cinq ministres sous le régime de Macky Sall dont l’Assemblée nationale a adopté le 8 mai dernier, une résolution visant à les envoyer devant la Haute Cour de justice. Ainsi, si des ministres comme Mansour Faye, Ndeye Saly Diop Dieng ou encore Moustapha Diop sont devant cette juridiction dans le cadre d’une enquête relative à la gestion des fonds force Covid-19, Ismael Madior Fall a été lui convoqué pour une affaire de corruption. Il s’agit d’une enquête sur des pratiques frauduleuses présumées liées à l’attribution d’un contrat pour la construction d’un centre de surveillance par bracelets électroniques.

«Association de malfaiteurs, corruption et détournement de deniers publics»

Il faut dire que dans cette affaire les accusateurs de Ismael Madior Fall ont été les premiers à subir les foudres de dame justice. Ainsi, le promoteur immobilier Cheikh Guèye, directeur général de la société Technologie Consulting Service (TCS), et Mohamed Anas El Bachir Wane, ancien directeur des Constructions au ministère de la Justice ont été placé sous mandat de dépôt, lundi dernier. Le magistrat instructeur a, Informe-t-on, retenu à l’encontre des miss en cause les chefs d’accusation « d’association de malfaiteurs, corruption et détournement de deniers publics ». Pour rappel, l’un des principaux accusés, Cheikh Gueye avait soutenu que le Constitutionnaliste lui aurait réclamé un « pot-de-vin » de 250 millions FCFA pour l’attribution d’un contrat de construction d’un centre de surveillance de bracelets électroniques. À cet effet, le directeur général de la société Technologie Consulting Service (TCS) reconnaît lui avoir versé une avance de 50 millions FCFA en espèces, en présence de Mohamed Anas El Bachir Wane. Une somme qui, dit-il, lui a été restituée après son refus de payer le montant initialement convenu en raison des lenteurs dans la délivrance du bail promis en échange de sa contribution.

«Pot-de-vin de 250 millions FCFA pour l’attribution d’un contrat de construction»

Dans l’émission à la 7 TV, en l’occurrence « Face à MNF », Ismael Madior Fall a tenté de se disculper. D’après le ministre, l’ancien directeur des Constructions au ministère de la Justice, Mohamed Anas El Bachir Wane n’avait pas les compétences requises pour réaliser cette infrastructure. Et d’ailleurs, indique l’ancien ministre, c’est sur cette base que le contrat a été résilié. M. Fall reconnaît cependant que son accusateur, Cheikh Gueye lui a « gracieusement offert 50 millions par l’intermédiaire de son directeur de construction Mouhamadou Wane », qu’il a à son tour refusé « diplomatiquement » pour éviter d’autres connotations. « On n’a jamais parlé d’argent, car je ne voulais pas être lié pour éviter d’être dans l’incapacité d’annuler le marché », renseigne Ismael Madior Fall. L’ancien ministre de la Justice indique cependant qu’il ignore si cette somme a été restituée à Cheikh Gueye ou non. « Je ne sais pas ce qui s’est passé après l’alternance, mais apparemment, Cheikh Gueye a repris le terrain et j’ai entendu mon nom dans cette affaire pour corruption », déroule M. Fall.

H. Traoré