Ce mercredi 18 juin 2025, le tribunal des flagrants délits de Dakar a rendu son verdict dans l’affaire opposant le ministère public à Oumar Sow, ancien ministre-conseiller du président Macky Sall. Le prévenu a été condamné à six mois de prison, dont un mois ferme, assortis d’une amende de 200 000 francs CFA. Il était poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, à la suite de propos controversés tenus dans une émission publique.
Des propos jugés mensongers sur une procédure judiciaire
Les faits remontent à la fin mai, lorsque M. Sow, intervenant à la télévision dans un contexte politique tendu, avait affirmé que la mise sous bracelet électronique de l’ancien ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, avait été ordonnée par le parquet. Une déclaration jugée inexacte, qui avait rapidement enflammé les réseaux sociaux et provoqué un tollé dans les milieux judiciaires.
Estimant qu’il s’agissait d’une atteinte à la crédibilité des institutions judiciaires, le procureur avait requis, lors de l’audience du 4 juin, une peine d’un an de prison, dont six mois ferme, en plus de l’amende.
Un “lapsus” devenu viral : la ligne de défense de l’accusé
À la barre, Oumar Sow a tenté de relativiser ses propos, plaidant la bonne foi. « J’ai fait un lapsus en évoquant le parquet », a-t-il déclaré. « Mon intention était de saluer la rigueur morale du procureur Ibrahima Ndoye. Mais dans mon discours, j’ai utilisé le mot “parquet” à la place de “ministère”. Cette confusion a été exploitée politiquement par mes adversaires. Ils ont sorti cette phrase de son contexte, en la diffusant dans un montage vidéo devenu viral », s’est-il défendu.
Malgré cette tentative d’explication, le tribunal a retenu la responsabilité pénale de M. Sow pour diffusion de fausses informations susceptibles de troubler l’ordre public ou de jeter le discrédit sur l’institution judiciaire.
Un jugement entre droit et contexte politique
Cette affaire soulève à nouveau la question de la liberté d’expression des figures politiques dans les médias, dans un contexte post-transition où la parole publique est scrutée et parfois instrumentalisée. Le verdict, plus clément que les réquisitions du parquet, semble chercher un équilibre entre sanction du faux et prise en compte du contexte.
Reste à savoir si cette décision suffira à apaiser les tensions autour du rôle des anciens collaborateurs du pouvoir précédent dans le débat public actuel. En attendant, Oumar Sow devra purger un mois derrière les barreaux, sauf si ses avocats choisissent de faire appel dans les jours à venir.
Cheikh Thiam