Le couperet est tombé pour El Hadj Babacar Dioum, plus connu sous le pseudonyme de « Kocc Barma ». L’homme, célèbre pour ses activités en ligne controversées, a été officiellement placé sous mandat de dépôt ce mardi 22 juillet 2025, après sa présentation au parquet du tribunal de grande instance hors classe de Dakar. Accusé d’être à la tête d’un vaste réseau de cybercriminalité opérant depuis plusieurs années, il passera sa première nuit en détention à la prison de Rebeuss, dans un contexte où les autorités judiciaires entendent frapper fort contre les dérives numériques.
Un tournant judiciaire majeur sous le régime Diomaye Faye-Ousmane Sonko
Ce dossier emblématique marque un tournant dans la lutte contre la criminalité numérique sous le magistère du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko, dont le gouvernement a fait de la justice et de la moralisation de la vie publique des priorités. La neutralisation du réseau attribué à Kocc Barma est présentée par certains observateurs comme une réponse forte aux appels à la régulation des contenus en ligne et à la protection des citoyens contre les violences numériques.
De lourdes charges pesant sur Kocc Barma
Les chefs d’accusation retenus à ce stade sont d’une extrême gravité. Selon les éléments de l’enquête menée par la Division spéciale de cyber sécurité (DSC), Kocc Barma serait impliqué dans :
La diffusion massive de contenus à caractère pornographique, incluant des vidéos à connotation pédopornographique, via des plateformes numériques gérées ou administrées par ses soins ;
L’atteinte à la vie privée, notamment à travers la publication d’images volées, d’informations personnelles, de montages diffamatoires visant des personnalités publiques et des anonymes ;
Le chantage, l’extorsion de fonds et les menaces, pratiqués contre des victimes contraintes au silence ou à des paiements pour éviter la diffusion de contenus compromettants ;
Le blanchiment d’argent, à travers l’usage de sociétés écrans et de circuits financiers opaques destinés à dissimuler l’origine illicite des fonds générés ;
La fabrication et l’usage de faux documents administratifs, facilitant les activités frauduleuses et le contournement des dispositifs de traçabilité.
Saisies et premiers éléments d’un dossier tentaculaire
L’opération de démantèlement, supervisée par la DSC, a permis la saisie de matériels informatiques sophistiqués, de plusieurs véhicules de luxe, ainsi que la mise sous scellés de deux entreprises suspectées de servir de façade à ces activités criminelles. Selon des sources judiciaires proches du dossier, les enquêteurs ont retracé un système structuré, articulé autour d’un modèle économique reposant sur la monétisation du trafic de contenus choquants et sur des pratiques d’intimidation numérique.
Une avalanche de plaintes depuis 2018
Le caractère systémique de l’affaire est renforcé par le nombre impressionnant de plaintes déposées contre Kocc Barma depuis 2018. Le parquet recense à ce jour plus de 5 000 plaintes émanant de victimes réparties sur l’ensemble du territoire national. Nombre d’entre elles affirment avoir vu leur vie bouleversée, leur carrière compromise ou leur famille exposée du fait de contenus publiés sans leur consentement. Certaines actions seraient également en cours à l’international, notamment pour violation de conventions relatives à la protection des mineurs.
Ce dossier met en lumière les failles de régulation des espaces numériques au Sénégal, un pays confronté à la montée des plateformes informelles et à l’absence d’un cadre juridique spécifique suffisamment contraignant pour prévenir les dérives. La justice pourrait faire de cette affaire un cas d’école, à la croisée des enjeux de cyber sécurité, de protection des droits fondamentaux, et de lutte contre l’impunité numérique.
Cheikh Thiam











