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Condamnation de Cheikh Diagne : six mois de prison ferme pour propos jugés attentatoires à la religion

Le tribunal des flagrants délits de Dakar a rendu son verdict ce mercredi 18 juin 2025 dans une affaire qui a suscité une vive controverse au sein de l’opinion publique. Cheikh Diagne, plus connu sous le nom de Moussa Diagne, guide religieux aux positions atypiques, a été condamné à six mois de prison ferme assortis d’une amende de 200 000 FCFA. La justice l’a reconnu coupable de plusieurs infractions, notamment discours contraire aux bonnes mœurs, incitation à la discrimination religieuse, appels tendant à un soulèvement entre citoyens et insultes émises via un système informatique.

 

Des vidéos polémiques au cœur de l’accusation

À l’audience du 4 juin dernier, les juges ont visionné cinq vidéos datant de 2020 dans lesquelles Cheikh Diagne tenait des propos jugés offensants à l’égard de la religion musulmane et du prophète Mohamed (PSL). Ces déclarations, largement relayées sur les réseaux sociaux ces dernières semaines, ont provoqué l’indignation dans certains cercles religieux. Selon l’accusation, ces contenus ont pu nourrir un climat de tension communautaire et porter atteinte à la cohésion sociale.

 

Invité à s’expliquer devant la barre, le prévenu n’a pas nié les faits. Il a reconnu être l’auteur des propos incriminés, tout en expliquant qu’ils avaient été sortis de leur contexte. Selon lui, ses déclarations relevaient davantage d’un discours spirituel mal interprété que d’une intention de nuire. Cheikh Diagne a présenté ses excuses publiques, affirmant ne jamais avoir voulu attenter à la paix religieuse dans le pays.

 

Des réquisitions sévères, une défense sur la retenue

Le ministère public, représenté par le substitut du procureur, avait requis une peine de deux ans de prison, dont six mois ferme, ainsi qu’une amende de 200 000 FCFA. Une réquisition motivée, selon le parquet, par le caractère dangereux et provocateur des propos tenus, susceptibles de semer la discorde entre citoyens dans un pays où les questions religieuses restent particulièrement sensibles.

 

Face à cette demande de condamnation, la défense, composée de trois avocats, a tenté de relativiser la portée des faits. Les conseils de Cheikh Diagne ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une instrumentalisation religieuse orchestrée par des individus qu’ils qualifient de « gendarmes autoproclamés de la foi », mus, selon eux, par une volonté de règlement de comptes personnels. Ils ont en outre souligné qu’aucune partie civile ne s’était constituée dans ce dossier, plaidant ainsi pour une application clémente de la loi, au regard du profil du prévenu, inconnu jusque-là des services judiciaires.

 

Une décision lourde de symboles

La peine infligée par le tribunal six mois ferme et 200 000 FCFA d’amende – traduit une volonté de la justice de marquer les esprits dans un contexte où les dérives verbales sur les réseaux sociaux se multiplient. Au-delà de la sanction individuelle, cette décision s’inscrit dans une logique de préservation de la paix publique et de respect du vivre-ensemble, socles de la stabilité religieuse du Sénégal.

Cette affaire relance par ailleurs le débat sur la liberté d’expression des guides religieux dans l’espace public, et sur les limites à ne pas franchir dans un État laïc mais profondément ancré dans la culture musulmane. Le cas de Cheikh Diagne pourrait ainsi faire jurisprudence et servir d’exemple dans le traitement futur de dossiers similaires.

Cheikh Thiam

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