Le Premier ministre veut faire du secteur privé un moteur de souveraineté dans la Vision 2050
En mission officielle dans la province du Zhejiang, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko entame une séquence diplomatique et économique de haute importance. Ce Samedi 21 juin 2025 à Hangzhou en chine. Il prendra part à un forum économique sino-sénégalais réunissant des acteurs publics et privés des deux pays, avec pour objectif de redéfinir les contours d’une coopération bilatérale tournée vers l’innovation, l’investissement stratégique et le développement industriel.
Mais bien avant cette grande rencontre, c’est dans une ambiance de dialogue et de mobilisation que le Premier ministre a échangé avec les membres du secteur privé sénégalais installés en Chine, ainsi qu’avec une délégation d’hommes d’affaires venus du Sénégal. Ces échanges ont permis d’aborder sans détour les opportunités, les défis et les attentes réciproques entre l’État et ses partenaires économiques.
Mobiliser la diaspora entrepreneuriale : un enjeu de souveraineté économique
La rencontre de Hangzhou, tenue à la veille du forum, a permis de mettre en lumière le rôle essentiel que joue la diaspora économique sénégalaise dans la diplomatie commerciale et la construction d’une image forte du Sénégal à l’international. Ousmane Sonko a tenu à féliciter ces pionniers de l’investissement transnational, qui œuvrent souvent dans la discrétion mais avec une efficacité remarquable.
« Vous portez une autre image du Sénégal, une image faite de compétence, de discipline et d’ambition. Ce que vous réalisez ici contribue directement à redéfinir notre position dans les échanges mondiaux », a-t-il affirmé dans son allocution.
À travers ses mots, le chef du gouvernement sénégalais a réaffirmé sa volonté de faire du secteur privé un vecteur central de la Vision Sénégal 2050, qui ambitionne de bâtir un pays émergent, souverain et technologiquement avancé.
Une coopération orientée vers les secteurs d’avenir
Au cœur des discussions, la nécessité de concentrer les investissements vers des filières stratégiques à fort potentiel de transformation : l’énergie renouvelable, le numérique, les nouvelles technologies, l’industrie manufacturière, mais aussi l’agriculture intelligente et l’éducation technique.
Le Premier ministre a invité les entrepreneurs à sortir des schémas classiques d’import-export et à s’engager davantage dans la création de valeur ajoutée locale, soulignant que le Sénégal doit désormais compter sur des champions nationaux capables de porter les ambitions industrielles du pays.
« Il ne s’agit plus seulement de consommer ou d’intermédiaire. Il nous faut produire, innover, et exporter du savoir-faire sénégalais. La Chine ne s’est pas développée en copiant seulement, mais en réformant profondément son modèle. »
Un soutien étatique réaffirmé : foncier, fiscalité et financement
Conscient des freins structurels rencontrés par les investisseurs nationaux, Ousmane Sonko a annoncé un plan d’appui renforcé au secteur privé, articulé autour de trois leviers :
L’accès sécurisé au foncier productif, notamment pour les projets industriels ou technologiques ;
Une réforme de la fiscalité, visant à encourager l’investissement et la rétention des capitaux sur le territoire national ;
Un meilleur accompagnement financier, à travers la mise à disposition d’instruments adaptés aux réalités des PME et startups sénégalaises.
Il a aussi évoqué la nécessité de rationaliser les procédures administratives, souvent lourdes et dissuasives, pour fluidifier la mise en œuvre des projets structurants.
Changer les mentalités pour changer le pays
Mais au-delà des instruments, Ousmane Sonko a insisté sur la nécessité d’une révolution des comportements. Dans un discours à la fois introspectif et mobilisateur, il a dénoncé les pesanteurs culturelles et institutionnelles qui freinent la modernisation du pays. Comparant le fonctionnement de l’administration sénégalaise à celle de la Chine, il a reconnu les efforts accomplis, tout en soulignant l’écart structurel qu’il reste à combler. « Nous faisons partie des administrations les plus avancées du continent. Mais si on se compare honnêtement à la Chine, il est clair que nous devons changer en profondeur. Cela demande du travail, de la rigueur, mais surtout un changement de mentalité. »
Une résistance au changement qui doit être surmontée
Dans une séquence très directe, le Premier ministre a mis en garde contre les forces de résistance qui, selon lui, freinent l’élan national. Il a dénoncé les comportements passifs au sein de certaines sphères de l’État, des médias et d’autres corps intermédiaires, appelant à une mobilisation collective sans faille.
« À chaque fois que des réformes sont engagées, certains reculent. Tant que cette inertie persistera, le Sénégal ne changera pas. Nous, nous avons décidé d’aller de l’avant. Il ne s’agit pas d’un simple slogan, mais d’une dynamique irréversible de redressement. »
Vers une diplomatie économique plus audacieuse
En participant à ce forum stratégique à Hangzhou, Ousmane Sonko entend positionner le Sénégal comme un partenaire crédible et attractif dans les échanges sino-africains. Sa visite s’inscrit dans une stratégie diplomatique qui veut rompre avec les logiques de dépendance pour miser sur des partenariats équilibrés, portés par un secteur privé fort, structuré et patriote.
Le rendez-vous de Hangzhou marque ainsi une étape importante dans la redéfinition de la diplomatie économique sénégalaise. Un signal fort envoyé aux investisseurs : le Sénégal veut transformer son économie, et il a choisi de le faire avec ses propres forces vives conclu le premier ministre.
Cheikh Thiam