Ce mercredi 18 juin 2025, le tribunal des flagrants délits de Dakar a examiné le dossier de Moustapha Diakhaté, ancien parlementaire, poursuivi pour offense au chef de l’État et à des autorités publiques. L’audience a mis en lumière les tensions persistantes entre liberté d’expression politique et respect des symboles républicains.
Une sortie médiatique à l’origine de la polémique
Les faits reprochés à Moustapha Diakhaté remontent à une récente intervention sur un plateau télévisé. L’ancien député y avait vivement critiqué l’organisation du protocole d’État, allant jusqu’à qualifier le président de la République, le président de l’Assemblée nationale et le Premier ministre de « gougnafiers ». Des propos jugés déplacés, voire injurieux, par plusieurs observateurs, au regard des responsabilités et de la symbolique que revêtent ces fonctions dans une démocratie.
Cette sortie médiatique a rapidement attiré l’attention du parquet, qui a engagé des poursuites au nom de la protection des institutions. En réponse, le mis en cause s’est présenté ce mercredi à la barre pour s’expliquer devant la justice.
Une posture d’opposant, entre dénonciation et justification
À la barre, Moustapha Diakhaté n’a pas renié ses propos. Bien au contraire, il a tenté de les inscrire dans une démarche de critique citoyenne. « J’ai simplement défendu la République, car j’estime qu’elle est mal représentée dans certaines circonstances », a-t-il expliqué, tout en soulignant qu’il n’avait nullement l’intention d’attaquer personnellement les autorités.
Il a précisé que le terme « gougnafier » devait être interprété dans son sens critique, comme une expression de désapprobation à l’égard d’une attitude jugée inappropriée dans la gestion des affaires publiques. Pour lui, il s’agissait d’une interpellation morale et non d’une offense gratuite.
Mais alors que le parquet attendait des clarifications plus approfondies, l’ancien député est resté silencieux face aux questions directes du procureur, tout comme il l’avait fait lors de l’enquête préliminaire. Une attitude qui a été perçue par le ministère public comme un manque de coopération.
Le parquet réclame une sanction exemplaire
Dans son réquisitoire, le procureur a rappelé que les propos de Moustapha Diakhaté s’inscrivent dans un contexte de radicalisation verbale qui menace, selon lui, l’autorité des institutions publiques. Il a insisté sur la nécessité de préserver la dignité des fonctions présidentielles et de garantir un débat républicain débarrassé de tout excès verbal.
Considérant la gravité des propos et leur portée publique, le ministère public a requis six mois de prison, dont trois fermes, ainsi qu’une amende de 200 000 FCFA à l’encontre du prévenu. L’objectif, selon le parquet, est d’envoyer un signal fort contre les dérapages dans l’espace public.
Cheikh Thiam