Le Directeur général du Bureau opérationnel de coordination et de suivi des projets et programmes (BOCS), Birome Holo Ba, était, hier, l’invité de l’émission «Face à la Nation» sur Senepeople. Docteur en informatique, spécialisé en optimisation et sûreté des systèmes, il a révélé que «sur les dix dernières années, il n’y a aucun projet d’envergure qui ait été exécuté dans les délais» et déplore des surcoûts que l’État a été obligé de payer. Il assure que les nouvelles autorités se sont engagées pour que «les grands projets soient exécutés à temps».
Par ABLAYE DIALLO
Le Bureau Opérationnel de de Suivi du Plan Sénégal Émergent (BOS-PSE) a été remplacé par le Bureau opérationnel de coordination et de suivi des projets et programmes (BOCS). Le docteur en informatique Birome Holo Ba a été désigné Directeur général de cette cellule logée à la Primature pour le suivi et l’évaluation de l’exécution des grands travaux de l’Etat. « On a souvent de belles idées mais on a des problèmes pour l’exécution des projets. On a du mal à respecter les délais et le coût des projets. Notre rôle est de suivre les projets pour voir l’état d’avancement physique, vérifier s’il n’y a pas de décalage sur le plan financier entre le montant qui était prévu et le coût réel des travaux. Parce qu’il est arrivé dans le passé que des milliards FCFA soient injectés dans des projets sans que les objectifs ne soient atteints », a déclaré le Directeur général du BOCS lors de l’émission « Face à la Nation » sur Senepeople. Avant de donner un exemple probant : « L’autosuffisance en riz devait être atteint en 2017. Et pourtant, jusqu’à maintenant, nous n’avons pas atteint cet objectif que s’était fixé le régime de Macky Sall. Peut-être s’il y avait un dispositif de suivi qualitatif, il y aurait une évaluation pour voir où vont tous les milliards qui ont été dépensés ».
«L’État a perdu beaucoup d’argent en raison des retards dans l’exécution des projets»
Le Directeur Birome Holo Ba soutient que les grands projets de l’Etat seront exécutés en respectant l’échéance pour éviter les surcoûts en milliards FCFA qui étaient devenus la règle tout au long du magistère de Macky Sall : « Sur les 10 dernières années, il n’y a aucun projet d’envergure qui ait été exécuté dans les délais. Tous les projets ont pris du retard dans leur exécution. Le BRT et le TER ont été exécutés avec des coûts très élevés et des retards dans la réalisation. Désormais, on veut exécuter des projets sans surcoûts ni retard. On veut également que les objectifs fixés soient atteints. On a constaté que l’Etat a perdu beaucoup d’argent en raison des retards dans l’exécution ». Par exemple, pour l’Université Amadou Mahtar Mbow, le décret de création de cet établissement universitaire date de 2013. « Jusqu’à maintenant des bâtiments qui ne sont pas achevés », souligne Dr Birome Ba. Il précise : « Sur les 13 bâtiments qui devaient être construits, il n’y en a que 7 qui sont fonctionnels. Il y a encore 6 bâtiments qui doivent être construits. C’est un projet qui a duré plus de 10 ans. Il faut qu’on évalue combien ces retards ont coûté à l’Etat. Il y a des coûts financiers, des pénalités et même des coûts d’opportunités liés aux retards des projets. Il faut impérativement que les grands projets soient exécutés à temps. C’est très important. Il faut que l’Etat économise de l’argent. La culture d’évaluation doit être généralisée au Sénégal ».
«Ils ne faisaient pas vraiment le suivi financier»
Le Directeur général du BOCS a trouvé des écarts et un manque de rigueur dans la gestion de la précédente équipe du BOS PSE : « J’ai fait l’état des lieux à mon arrivée du BOS PSE. Il y avait un tableau de bord avec des anomalies. J’ai trouvé des manquements que je compte corriger. Ils ne faisaient pas vraiment le suivi financier ». Dr Ba promet des changements radicaux dans la gestion : « On va régler ce problème avec l’appui et le soutien de l’Autorité. Nous allons suivre un certain nombre d’indicateurs comme le transfert de technologies et le contenu local en dehors des mines et de l’Énergie. On va amener de la nouveauté sur la partie SUIVI. On va aussi amener de la coordination. Parfois quand un projet touche plusieurs ministères, chaque ministère peut être tenté de tirer la couverture sur lui. Nous allons jouer le rôle de facilitateur et de coordinateur. Au-delà de la coordination de projets interministériels, il y a des unités d’exécution de projets et des comités de pilotage. C’est l’instance de gouvernance de l’unité d’exécution de projets ». Le BOCS est tenu d’être dans les comités de pilotage des grands projets. Il faut souligner que le pilotage est assuré par le ministre porteur du projet. Le BOCS a des experts pour aller sur le terrain, relever des données, plus la remontée des données des chefs de projets de suivi ainsi on aura un tableau de bord en temps réel avec toutes les données. Birome Holo Ba de faire savoir que « l’autorité peut voir à tout moment l’état d’avancement de tous les projets. On peut régulièrement faire le point et voir les besoins d’arbitrage ou d’orientation sur certaines difficultés de concernant certains projets ».
«Il faut qu’on ait cette souveraineté alimentaire»
Le Directeur du BOCS s’est également prononcé sur l’emploi des jeunes et la souveraineté alimentaire : « Nous avons un relief plat, des terres arables, des jeunes en bonne santé, il n’y a rien qui puisse justifier qu’on n’atteigne pas l’autosuffisance alimentaire. L’agriculture pourrait être un formidable levier pour employer un grand nombre de jeunes. Il faut qu’on ait cette souveraineté alimentaire. Sinon, nous serons dépendants et fragiles ». Le Kaolackois s’est montré optimiste quant à la réalisation de la Vision Sénégal 2050 : « Un Sénégal juste, prospère et souverain dans une Afrique en mouvement, nous y croyons fermement. Nous considérons que le président de la République et son Premier ministre sont sur la bonne voie. La conquête de la souveraineté, c’est sur ça que nous sommes engagés. Le régime de Macky Sall avait fait plus de deux ans au pouvoir et payé plus de 3 milliards FCFA à un cabinet étranger pour mettre sur la table le PSE (Plan Sénégal émergent). Nous, en six mois, nous avons un Agenda de transformation du Sénégal sur 25 ans, un masterplan sur 10 ans et plan quinquennal sur les 5 ans à venir ». Avant d’ajouter : « À mon avis, c’est une très bonne base. Sur cet Agenda national de transformation, il y a un ensemble de projets, de programmes et de réformes prioritaires. Si nous mettons en œuvre tout cela, nous allons permettre au Sénégal de faire de grands pas vers le développement ».
Membre du MONCAP, le patron du BOCS a salué la promotion des jeunes dans les structures étatiques : « Le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko ont fait confiance aux jeunes du pays, aux femmes et beaucoup de jeunes de la diaspora sénégalaise. Je suis convaincu que ces jeunes à des postes de responsabilité vont faire des résultats ». Birome Holo Ba qui travaille au quotidien auprès du chef du Gouvernement a évoqué aussi les qualités de ce dernier : « Le Premier ministre un leader, un homme charismatique. Il est généreux mais très sérieux. Il est d’une grande bienveillance. C’est un homme de grande qualité. Nous sommes fiers de travailler à ses côtés et de voir. Il est très engagé et déterminé à transformer de façon systémique ce pays-là. Nous sommes convaincus que nous allons y arriver ensemble ».
