Actualité Politique

Deux députés en désaccord sur le fonctionnement de l’Assemblée nationale

L’espace numérique sénégalais a été le théâtre d’un débat interne de deux députés, alors que ses derniers représentants à l’Assemblée nationale, les députés Guy Marius Sagna et Ismaïla Diallo, ont affiché des positions divergentes quant au bilan et au fonctionnement de l’institution parlementaire. Ces échanges, rendus publics sur leurs pages Facebook respectives ce jeudi 19 juin, révèlent des tensions sur la manière dont les parlementaires doivent exercer leur mandat et rendre compte de leur action.

 

Guy Marius Sagna dresse un bilan et dénonce des pratiques obsolètes

Dans une publication largement partagée, l’honorable Guy Marius Sagna a présenté un rapport détaillé de ses six premiers mois au sein de l’Assemblée nationale. L’élu de la 15e législature y revendique 267 initiatives parlementaires, dont 264 questions écrites adressées au gouvernement, deux propositions de résolution visant la mise en place de commissions d’enquête parlementaire, ainsi qu’une initiative de mise en accusation de l’ancien président de la République. Il souligne par ailleurs que 28 de ces actions ont concerné directement le département de Ziguinchor, sa circonscription.

 

Au-delà de ce bilan chiffré, le député a exprimé de vives préoccupations quant à certaines pratiques internes qu’il juge incompatibles avec les exigences de transparence et de rigueur budgétaire. Il dénonce notamment la distribution de « Sukëru koor » (sucre de Ramadan) aux députés, l’attribution de billets de pèlerinage aux parlementaires, l’opacité entourant les financements alloués aux groupes parlementaires, l’absence de consultation préalable dans les acquisitions de véhicules de service, ainsi que les retards persistants dans la publication des rapports comptables de l’Assemblée.

 

Se référant aux idéaux portés par des figures historiques comme Mamadou Dia, Thomas Sankara et Amílcar Cabral, Guy Marius Sagna a appelé ses collègues, y compris au sein de son propre camp, à renouer avec une éthique de responsabilité et à placer l’intérêt du peuple au centre de leur action. Il invite à instaurer, d’ici décembre 2025, une gouvernance parlementaire fondée sur la transparence, la sobriété et l’efficacité.

 

Ismaïla Diallo prend ses distances et recadre son collègue

En réponse à cette sortie, le député Ismaïla Diallo, également membre de PASTEF, a apporté un éclairage nuancé en exprimant publiquement son désaccord avec l’approche critique de son collègue. Dans un communiqué ferme, il estime que certaines dénonciations formulées par Guy Marius Sagna relèvent davantage d’une posture militante que d’une analyse équilibrée du fonctionnement parlementaire.

 

Tout en reconnaissant la nécessité d’améliorer la gestion interne de l’Assemblée, Ismaïla Diallo défend une ligne plus pragmatique. Il appelle à ne pas jeter le discrédit sur l’ensemble de l’institution parlementaire, insistant sur les efforts entrepris depuis l’arrivée d’une nouvelle génération de députés issus du changement politique. Selon lui, les réformes structurelles doivent se faire dans le cadre d’un dialogue interne constructif, loin des accusations généralisantes qui risquent de fragiliser la cohésion de leur groupe politique.

 

Cheikh Thiam

Articles similaires

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires