Société

Ndèye Yacine Dieng, présidente de l’association pour la valorisation de l’environnement des côtes (AVC)

«L’implantation de la centrale à charbon est à l’origine de nombreuses pathologies»

La présidente de l’association pour la valorisation de l’environnement des cotes (AVC) est revenue sur les nombreux problèmes causés par la centrale à charbon de Bargny, qui dit-on, est à l’origine du réchauffement climatique qui accélère l’érosion côtière.

HABIBATOU TRAORÉ

Quand Ndeye Yacine Dieng parle de la situation de Bargny Guedj, des trémolos se font sentir dans sa voix. Le teint noir, la conseillère municipale à la commune de Bargny participe régulièrement à plusieurs rencontres internationales pour faire entendre les doléances de don terroir. Elle reste convaincue que tous, les désastres de sa municipalité viennent du réchauffement climatique avec l’implantation à outrance des industries et la salinité des océans qui a provoqué la raréfaction des ressources halieutiques. « Nous avons la centrale à charbon au cœur de Bargny alors qu’on nous avait promis de l’implanter à deux kilomètres d’ici. Nous avons un site de transformation à proximité, une école élémentaire et notre génie protecteur est également dans les alentours. Et une centrale ne doit pas avoisiner un endroit recevant du public. Cette centrale nous agresse et produit de l’énergie fossile. Le charbon nuit davantage à notre santé et freine nos activités », dénonce-t-elle. D’après Yacine, sa localité ne bénéficie d’aucune retombée liée à la Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) de cette usine. Pire, se désole-t-elle, la RSE contribue plus à créer des tensions dans la communauté. « Ceux qui ont toujours été des modèles pour la société sont aujourd’hui perçus comme des corrompus. L’entreprise attribue des faveurs à une minorité au détriment de la communauté. Notre association (AVC) a pour but de lutter contre la centrale à charbon et tout ce qui est injuste sur le littoral de Bargny, car 70% de notre économie locale vient de la pêche », persiste notre interlocutrice.

Elle relève d’ailleurs que les terres qui étaient jadis destinées à recaser les victimes de l’érosion côtière ont servi à implanter la centrale à charbon. « C’est Mar Diouf, notre défunt maire qui avait morcelé les parcelles et avait fait des lotissements, c’étaient au totale 1433 parcelles qui étaient destinées en majeure partie aux victimes de l’érosion côtière, mais l’Etat du Sénégal, sous le règne de Abdoulaye Wade, a préféré implanter une centrale sans se concerter avec les populations », regrette Ndeye Yacine Dieng. Elle se désole qu’aucune solution alternative n’ait été proposée aux victimes de l’érosion côtière qui sont aujourd’hui obligées de vivre dans des conditions difficiles.

Pour Ndeye Yacine Dieng, l’implantation de la centrale à charbon est à l’origine de nombreuses pathologies dans la communauté. « Nous avons remarqué des maladies pulmonaires, la tuberculose, des maladies respiratoires… À Bargny, l’asthme n’est plus héréditaire, c’est devenu fréquent. Les femmes transformatrices sont les plus exposées. Nous n’avons plus de cheptel, car les animaux broutent à côté de la centrale et consomment les produits nocifs », déplorent la présidente de l’Association pour la valorisation de l’environnement des côtes (AVC). Ndèye Yacine Dieng précise cependant qu’ils n’ont aucune preuve du rapport entre la centrale et les maladies susmentionnées. « Bargny Guédj souhaite la délocalisation de cette centrale qui ne respecte aucune norme du code l’environnement. La mer nous repousse, nous n’avons plus d’habitations et maintenant, on veut jouer avec notre santé », conclut-elle avec amertume.

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