Le Sénégal a connu une augmentation significative de sa dette publique sous la présidence de Macky Sall. Bien que des investissements massifs aient été réalisés dans les infrastructures (routes, ponts, Train Express Régional, etc.), ces projets ont souvent été financés par un endettement jugé excessif, sans garantie d’un retour sur investissement à la hauteur des attentes. Certains ouvrages, comme le TER et certaines autoroutes à péage, ont été réalisés à des coûts très élevés par rapport à leur impact économique réel.
Le rapport de la Cour des comptes indique que la masse salariale du secteur public entre 2019 et 2023 s’est élevée à 21 007,13 milliards de FCFA, avec une progression moyenne annuelle de 9,3 %. Cette dépense a connu une hausse importante, passant de 744,96 milliards de FCFA
en 2019 à 1 303,50 milliards en 2023, soit une augmentation de 74,97 %. Par ailleurs, les transferts courants ont représenté une part significative des dépenses publiques, atteignant 5 028,83 milliards de FCFA sur la même période.
Outre l’endettement, la gouvernance économique du régime précédent a été marquée par plusieurs scandales de détournements de fonds publics, notamment dans les secteurs pétroliers et gazier. L’affaire impliquant Aliou Sall, le frère de l’ex-président, dans l’octroi de contrats pétroliers, a alimenté les doutes sur la transparence dans la gestion des ressources naturelles. Le Sénégal, riche en pétrole et en gaz, n’a pas su tirer profit de ces ressources de manière équitable, et de nombreux citoyens estiment que les contrats signés avec les multinationales sont désavantageux pour le pays.
En plus des problèmes économiques, le régime de Macky Sall s’est illustré par une restriction des libertés publiques et un musellement de l’opposition. L’emprisonnement de figures politiques et la modification des lois électorales ont été perçus comme des tentatives de consolidation du pouvoir.
Les rapports financiers des années 2022 et 2023 ont révélé d’importantes irrégularités. Des rattachements irréguliers de recettes ont été recensés, atteignant 76,86 milliards de FCFA en 2022 et 54,19 milliards en 2023. Ces manipulations comptables ont artificiellement réduit le déficit budgétaire officiel, faussant ainsi l’évaluation de la situation financière du pays. Un audit a révélé une « dette cachée » de 18 558,91 milliards de FCFA au 31 décembre 2023, soit 99,67 % du PIB. Cette dette, issue de dépenses non budgétisées et de prêts bancaires non déclarés, a entraîné un déficit réel estimé à 12,3 % du PIB, bien au-delà des chiffres annoncés par l’ancien gouvernement.
Ces révélations mettent en évidence la nécessité d’une plus grande transparence et d’une meilleure gouvernance dans la gestion des finances publiques. La Cour des comptes recommande une refonte des mécanismes de contrôle et de supervision afin d’éviter de telles irrégularités à l’avenir.
Si le président Macky Sall a réalisé certains projets d’envergure, sa gouvernance a été marquée par une gestion discutable des finances publiques, un endettement excessif et des scandales de corruption. Une large partie de la population estime que ces dérives ont fragilisé l’économie nationale et aggravé les inégalités, laissant le pays dans une situation financière précaire.
Moussa Ba
Militant de PASTEF
Des Parcelles Assainies