Actualité Politique

DE MAI 68 AU 24 MARS 2024 LA LONGUE MARCHE DE LA RÉVOLUTION CITOYENNE

Mamadou Wane dit «Mao», sociologue, militant révolutionnaire Génération Mai 1968 et expert en analyse politique et sociale. Il revient sur le long de processus révolutionnaire depuis mai 68 jusqu’au 25 mars 2024 qui a abouti à l’alternative politique qui consacre la victoire plébiscitaire du duo Sonko-Diomaye.

Par MAMADOU WANE DIT MAO

2024 – Bassirou Diomaye Faye, président de la République du Sénégal, depuis le 2 avril 2024. M. Ousmane Sonko, Premier ministre du premier gouvernement issu de la révolution démocratique citoyenne du mars 2024.

Qui l’aurait cru ? Il y a seulement moins de deux mois, ils étaient tous les deux pensionnaires de la prison Cap Manuel. C’est historique et magique à la fois. Idéalisme à la limite du mystique ou utopie concrétisée ?

Pour moi qui suis politiquement né en mai 68 sur les barricades de l’Université de Dakar et qui depuis lors attends le grand soir c’est effectivement la réalisation de nos utopies d’adolescents de voir au pouvoir d’Etat une génération de leaders politiques (hommes et femmes) porteurs du projet de rupture avec le néocolonialisme français et occidental.

Ma génération politique nourrie à la sève du matérialisme dialectique et du matérialisme historique rêvait d’une avant-garde révolutionnaire et de leaders de la trempe de Patrice Lumumba, Kwamé Nkrumah, Amilcar Cabral, Cheikh Anta Diop, Julius Nyerere, Nelson Mandela et d’autres panafricanistes progressistes pour porter le projet de rupture avec l’ordre néocolonial et de reconquête de toutes nos souverainetés.

5 FÉVRIER 1971 : LE REJET DE LA TUTELLE COLONIALE

De mai 68 à la visite officielle, le 5 février 1971, de l’ex-président de la République française Georges Pompidou, nous avions écrit tant de dazibaos sur les murs des différentes rues de Dakar et tant de tracts avec ces mots prometteurs de lendemains libérateurs : Non aux accords secrets avec la France, troupes militaires françaises dehors, nationalisation des secteurs clé de l’économie, non aux assistants techniques français dans les collèges et lycées, institutionnalisation de l’enseignement dans nos langues nationales dès l’école primaire.

Par ailleurs, nous exigions la libération de la paysannerie du joug des compagnies bordelaises et autres comptoirs coloniaux, des traitants sénégalais et libano-syriens. Cette libération avait été entamée par le Président Mamadou Dia liquidé, en décembre 1962, par l’aile réactionnaire de l’UPS dirigée par le Président Senghor agent de l’impérialisme français avec la complicité de Lamine Gueye président à l’époque de l’Assemblée nationale et des députés renégats qui ont voté la motion de censure contre le gouvernement du Président du Conseil Mamadou Dia.

LA REPRESSION SENGHORIENNE

 

Nous exigions la liberté d’expression et le multipartisme intégral face au parti unique de fait imposé par le régime despotique de Senghor qui compte à son actif : les tribunaux spéciaux, dont le commissaire du gouvernement, faisant office de procureur de la République, était membre du Bureau politique du parti Etat l’UPS ; l’introduction dans notre code pénal de l’article 80 (article liberticide) ;  la répression sanglante, avec 40 morts et 250 blessés en un seul jour, des manifestations de protestation dans les rues de Dakar contre l’élection usurpée de Senghor et des députés de son parti candidats uniques aux élections présidentielle et législative du 1er décembre 1963 suite à  l’ exclusion du processus électoral de l’opposition conduite par le PRA.

Le régime de Senghor compte également à son actif : l’emprisonnement de jeunes détenus politiques dans les caves de la prison Fort B comme Dialo Diop Blondin, moi-même et tant de nos camarades dont le seul tort est de combattre l’oppression néocoloniale ; l’emprisonnement de militants du PAI (comme feu Charles Gueye) accusés de tentative d’instauration d’un foyer de lutte armée de libération à partir du Sénégal oriental, de militants diaistes, de patriotes et officiers accusés de tentative de coup d’état (dont Abdoul Baila Wane, Moustapha Dramé, Mody Diagne, Ndiogou Wack Ba, Aboubacry Kane, Mody Niane, feu commandant Saoura Wane, feu capitaine Pereira) ; l’emprisonnement du guide religieux patriote feu Cheikh Tidiane Sy El Makhtoum ; l’arrestation massive, en mai 68, d’étudiants et d’élèves parqués d’abord au camp Mangin avant d’être acheminés au camp militaire Archinard à Ouakam ; la condamnation à mort et l’exécution de Moustapha Lo pour tentative d’assassinat du président Senghor.

Le régime de Senghor compte dans son bilan d’Etat ultra-répressif à l’encontre du mouvement estudiantin l’enrôlement forcé d’étudiants dans l’armée du fait de grève contre l’instauration en 1971 des examens partiels.  Ces étudiants patriotes enrôlés ont pour noms :  Abdoulaye Bathily, Pape Konaré Niang, Tidiane Ly, Bassirou Faty, feu Al Ousseynou Cissé, Famara Sarr, feu M’Baye Diack, Mamadou Diop Decroix, Saguewar Diop, feu Mamadou Sall, Mouhamadou Sanoko, MBaye Diouf. Ils ont été déployés à la frontière avec la Guinée Bissau où le PAIGC menait à l’époque la lutte de libération nationale contre le colonialisme portugais. Le camarade Al Ousseynou Cissé fut décapité, le 26 mai 1972, par des mercenaires autochtones au service de l’armée fasciste portugaise de Salazar. Hommage à ce martyr de la lutte patriotique contre le régime néocolonial de Senghor ainsi qu’à l’étudiant Salomon Khoury tué par les forces de répression de Senghor, en mai 68, à l’université de Dakar.

Hommage également au militant révolutionnaire, notre camarade Oumar Blondin Diop, mort le 11 mai 1973 en détention dans la sinistre prison senghorienne de l’île de Gorée. Depuis, le peuple sénégalais réclame toute la lumière sur ce qui semble être un assassinat.

Le Sénégal a vécu quarante ans durant sous l’hégémonie du parti socialiste héritier de l’UPS. Ces années ont été principalement caractérisées par la continuation du néocolonialisme au plan économique, politique et géo stratégique avec la présence militaire française et d’aliénation culturelle avec le français comme langue officielle.

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LA RÉVOLTE DE 2000

 

DIOUF DÉRACINÉ, WADE S’INSTALLE

En mars 2000, survint la première alternance politique dans notre pays avec la victoire au second tour de l’élection présidentielle du candidat du Parti Démocratique sénégalais (PDS), Maitre Abdoulaye Wade, soutenu par un large front de partis et mouvements de la gauche progressiste.

Cette victoire historique de l’opposition est la résultante des luttes amorcées dans les années 80 et 90 pour l’avènement du multipartisme, l’effectivité de la démocratie et de l’Etat de droit, l’obtention d’un Code qui assure la transparence   de l’ensemble du processus électoral. Dans cette séquence de lutte, le Parti démocratique sénégalais (PDS), le Rassemblement National Démocratique (RND) et les partis de la gauche « d’obédience marxiste » principalement (PIT, LDMPT, AND JEF) ont joué un rôle déterminant.

Le mouvement étudiant, fidèle à ses traditions de lutte anti néocoloniale et de résistance contre les atteintes aux droits fondamentaux du peuple y compris les droits économiques et sociaux apporta une contribution décisive pour l’avènement de l’alternance en 2000. Les étudiants ont payé l’année blanche de 1988 comme tribut à la lutte.

Une nouvelle société civile critique et révolutionnaire apparut avec la création du Club Convergences Alternatives (CCA) qui publia un manifeste appelant à la refondation des offres politiques traditionnelles, le développement d’initiatives centrées sur la démocratie participative et le contrôle citoyen permanent des pouvoirs institués. Ce club qui porta à sa tête, lors de son assemblée constitutive Alymana Bathily, comptait, entre autres membres fondateurs Mary Teuw, Chimère Diaw, feu Mouhamadou Gueye dit Billy, Jean Pierre Phan, Maitre Amadou Sall, Dame Babou, René Lake, Catherine Gueye, Mamadou Wane dit Mao. Le CCA a mis en place des modalités opérationnelles innovantes avec des groupes d’animation et de travail tels que le Forum permanent sur la Démocratie, Arts et Essais, Autofinancement du développement et le projet Médecins d’Afrique pour envoyer dans des pays d’Afrique en situation de crise humanitaire de jeunes médecins africains temporairement volontaires.

Dans ces années de crise économique et sociale marquées par la calamité des politiques d’ajustement structurel imposées par les institutions de Bretton Woods (Banque Mondiale et Fonds Monétaire International), le mouvement syndical, particulièrement les syndicats des secteurs de la santé et l’éducation ont participé à la résistance nationale contre le régime de capitulation du Président Abdou Diouf. Ces politiques ultra-libérales dictées par les institutions du capitalisme financier international ont entrainé la réduction drastique de la masse salariale dans la fonction publique, la croissance vertigineuse du chômage, la dévaluation du franc CFA, l’effondrement généralisé du pouvoir d’achat des classes populaires et même des classes moyennes. L’ensemble de ces facteurs politiques, économiques et sociaux ont contribué à la chute du régime du président Abdou Diouf défait dans les urnes.

Le premier régime de l’alternance démocratique issu de cette crise multidimensionnelle qui emporta le système prédateur UPS-Parti socialiste réactionnaire fut prématurément victime de dissensions internes qui provoqua l’éclatement de l’alliance du PDS, parti dominant, avec principalement l’Alliance des Forces Progressistes (AFP) de Moustapha Niass dissident du PS et Premier Ministre du premier gouvernement de l’alternance, du PIT de feu Amat Dansokho et de la LD/MPT du Pr Abdoulaye Bathily. La fissure du bloc hégémonique s’accentua avec le départ de la tendance d’AJ AND JEFF de Landing Savané et d’une partie de la mouvance trotskyste de l’URD/ FAL représentée par Doudou Sarr et Mahmout Saleh.

Avec le départ des forces de gauche, le PDS exerça pratiquement seul le pouvoir jusqu’à sa chute en 2012 du fait de ses crises cycliques internes, la  dégénérescence de son mode de gouvernance mettant en péril la démocratie et l’Etat de droit, l’accentuation de la crise économique et sociale , la profonde crise politique indue par le troisième mandat du président Wade et l’hypothèque d’une dévolution dynastique du pouvoir avec la tentative du projet de réforme constitutionnelle introduisant le quart bloquant et le ticket présidentiel.

La société civile avec principalement le mouvement Y’en a Marre et la RADDHO avec Alioune Tine fut à l’avant-garde du mouvement du 23 juin qui constitue un des principaux marqueurs de la mobilisation citoyenne et populaire ayant abouti à la défaite à l’élection présidentielle de février-mars 2012 du Président Abdoulaye Wade et à la victoire au deuxième tour de Macky Sall. Ce dernier avait démissionné du PDS en 20O8 et avait créé dans la foulée un parti dénommé Alliance Pour la République (APR).

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2012 : MACKY DÉTRÔNE WADE MAIS ASSURE LA CONTINUITÉ DU SYSTÈME

Le régime du Président Macky Sall, porté douze années durant par la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) avec l’APR comme parti dominant, est issu d’un mouvement de forte demande sociale de moralisation de la gouvernance politique et économique, de refondation de nos institutions, de sécurisation de la Constitution et consolidation de l’Etat de droit. Pourtant ce régime a été le plus grand fossoyeur de la démocratie et de l’Etat droit de l’histoire politique de notre pays hormis la parenthèse du Parti-Etat du régime senghorien.

Le régime de Macky Sall s’est sinistrement illustré par des stratégies de liquidation non conventionnelle d’opposants, d’arrestations et de détentions arbitraires de milliers de manifestants, d’assassinats arbitraires ou illégaux de centaines de manifestants dont la majorité est composée de jeunes et parfois même de mineurs.

LA SAUVAGERIE DU RÉGIME DE MACKY : 209 PERSONNES ET EN BLESSANT AU MOINS 390

Le Rapport 2023 du Département d’Etat américain sur les pratiques des droits de l’homme  au Sénégal renseigne sur l’existence de rapports crédibles faisant état : d’assassinats arbitraires ou illégaux ; de traitements ou peines cruels, inhumains ou dégradants infligés par ou au nom d’agents de l’administration pénitentiaire ou des services de sécurité ; de conditions de détention pénibles et dangereuses pour la vie ; d’arrestations ou de détentions arbitraires ; de graves restrictions à la liberté d’expression et à la liberté des médias, y compris arrestations injustifiées de journalistes ; de graves restrictions à la liberté de l’internet. Le Département d’Etat américain souligne « bien que la constitution et la loi prévoient un système judiciaire indépendant, des rapports indiquent que le système judiciaire est soumis à la corruption et au gouvernement ».

Le Rapport 2023 d’Amnesty international, publié le 25 avril 2024, fait les mêmes constats de violations graves des libertés individuelles et publiques au Sénégal. Le rapport souligne que l’année 2023 a été marquée par des atteintes à la liberté d’expression, de réunions pacifiques, de détentions arbitraires ainsi que le recours excessif à la force contre les manifestants. Le rapport renseigne que près de 60 personnes ont été tuées et des milliers ont été blessés dans le cadre d’opérations de maintien de l’ordre lors des manifestations de mars 2021 et juin 2023.

Selon Amnesty international, lors des violentes manifestations qui ont eu lieu à Dakar et à Ziguinchor à la suite de la condamnation d’Ousmane Sonko pour « corruption de la jeunesse », des policiers et des hommes armés en civil agissant parfois en concert ont tiré à balles réelles tuant au moins 209 personnes et en blessant au moins 390 (source : Croix Rouge).

Concernant les arrestations et les détentions arbitraires, le rapport renseigne, qu’entre janvier et octobre 2023, plus d’un millier de personnes ont été arrêtées et placées en détention principalement en raison de leur participation à des manifestations ou de leur lien présumé avec le Parti Pastef.

LA RÉPRESSION-RÉCLUSION DES JOURNALISTES

En matière de liberté d’expression et de réunion, Amnesty International regrette l’interdiction de plusieurs manifestations organisées par Yewwi Askan Wi (principale coalition de l’opposition) et par les organisations de la société civile comme F24 et FRAPP-France Dégage sous prétexte d’empêcher des troubles à l’ordre public. Le rapport dénonce également la restriction de l’internet au moyen des données mobiles et le fait que Tik Tok n’était accessible qu’en utilisant un réseau privé virtuel, la coupure durant le mois de juin du signal de Walf TV qui a couvert les manifestations sans préavis par le ministère de la communication, des télécommunications et de l’économie numérique, de nombreuses arrestations de journalistes comme Pape Alé Niang, Serigne Saliou Guèye, Pape Ndiaye.

Ces violations graves des libertés publiques et individuelles quasi permanentes caractérisent le régime néocolonial de Macky Sall. Le peuple sénégalais, à travers les forces progressistes et le leadership de patriotes panafricanistes, organisa la résistance qui a abouti au renversement, par la voie des urnes, des bourreaux de l’Etat de droit et de la démocratie.  Comme le dit le Professeur de droit Sidi Alpha Ndiaye, la victoire du candidat Bassirou Diomaye Faye, au premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars 2024, constitue le grand soir de la révolution démocratique.

Cette victoire de la résistance démocratique et populaire est l’aboutissement du combat politique amorcé avec la création en 2015 de Pastef armé d’une nouvelle offre politique basée sur le portage du panafricanisme et le recouvrement de nos souverainetés politique, économique, culturelle et sécuritaire. Tout est parti des événements de mars 2021 avec l’appel à la résistance du leader de Pastef Ousmane Sonko pour faire face au plus grand complot politique et moral contre un opposant au Sénégal. Dans toutes les villes du Sénégal et principalement à Dakar, des émeutes d’une rare intensité ont éclaté pour empêcher l’arrestation du président Ousmane Sonko. Le pouvoir recula face à la détermination des manifestants et le libéra Ousmane Sonko tout en le plaçant sous contrôle judiciaire.

Le pouvoir réactionnaire et autoritaire de Macky Sall, au bord d’une chute inéluctable évitée de justesse grâce à la médiation de milieux religieux influents, venait d’enregistrer sa première défaite politique. Le pouvoir n’avait pas pour autant abandonné son plan de liquidation de Pastef et de son leader pour réduire l’opposition à sa plus simple expression, objectif tant rêvé de l’autocrate Macky Sall.

SONKO EXCLU DU JEU POLITIQUE

C’est ainsi que la phase II du complot pour exclure le président Ousmane Sonko de l’élection présidentielle, prévue le 25 février 2024, fut exécutée en juin 2023 avec sa condamnation pour diffamation dans l’affaire PRODAC montée de toutes pièces par le pouvoir. Comme en mars 2021, le peuple riposta à travers une résistance héroïque dans tout le pays qui se solda par plus de deux mille arrestations et emprisonnements, des centaines de blessés graves et de morts (dont des étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint Louis) tués au cours des manifestations. Le président Ousmane Sonko, après 55 jours d’assignation illégale à son domicile barricadé par des forces de défense et de sécurité (FDS) du régime fut arrêté. Dans cette logique répressive et complotiste, le Pastef fut dissous et la rafle débuta pour la neutralisation de son appareil politique et opérationnel avec, entre autres, l’arrestation du Secrétaire général du parti et actuel président de la République M. Bassirou Diomaye Faye.

La résistance populaire se poursuit sous de nouvelles formes avec le phénomène de « sonkorisation » dans les stades, arènes, écoles, campus universitaires et autres lieux de l’espace public. De partout au Sénégal et dans la diaspora fusent les slogans mythiques « libérez Sonko scandé même par des tout petits enfants » et surtout le refrain très populaire « Aye, Sonko Namanala, Sonko, Sonko… ».

25 MARS 2024 : LA RÉVOLUTION CITOYENNE ET L’ALTERNATIVE POLITIQUE

Le nouveau mouvement de résistance démocratique s’élargit et s’internationalise avec de fortes prises de position publique de plusieurs centaines d’universitaires, intellectuels,  juristes et écrivains (notamment les Pr de droit Kader M’Boye, Serigne Diop, Babacar Gueye et Sidy Alpha Ndiaye, l’ex-Procureure de la République Dior Fall Sow, Me Mame Adama Gueye, les Pr Mamadou Diouf et Felwine Sarr, le sociologue/chercheur Youssou  Mbargane Guissé, l’écrivain Boris Diop, l’ancien ministre de l’éducation Mamadou Ndoye, Mme Thiaba Camara Sy, Elimane Kane de Legs Africa, Seydi Gassama, Alioune Tine, Pr Penda M’Bow, Pierre Sané, Demba Moussa Dembélé économiste), de journalistes, éditorialistes et autres professionnels de la communication (permettez-moi de citer spécialement Pape Alé  Niang, Serigne Saliou Gueye,  Demba Ndiaye, Adama Gaye, Alymana Bathily, René Lake, Félix Atchadé, Roland Diagne de Fernent, Nioxor Tine, Mamadou Oumar Ndiaye, El Hassane Sall, Top Sadikh Top, Abdoul Aziz Sall, Mame Birame Wathie, Moustapha Diop, Pape Sané, Pape Moctar Diallo, Pa Assane Seck, Awa Diop Ndiaye, Sa Ndiogou, Babacar Touré, Thioro Mandela, Maty Sarr Niang, Ngoné Saliou Diop), d’artistes comédiens et musiciens (je pense entre autres à Lamine N’Diaye, au groupe Daaraadji Family, Ma Sané, Queen Bizz,  Maya’School Ndiaye, Abdou Guité Seck, le rappeur Sir Jamal, Youssou Bou Serigne Saliou avec la chanson mythique Sonko mooy Diomaye, Diomaye mooy Sonko, Fafadi Kelefa, le reggaeman guinéen Elie Kamano avec sa fabuleuse chanson Sonko l’Africain), de cinéastes( spécialement Moussa Séne Absa et Maty Diop réalisatrice  du film Dahomey).

De nouvelles organisations de la société civile porteuses de réponses citoyennes et politiques à l’effondrement de l’Etat de droit et de la démocratie au Sénégal, apparaissent. C’est dans ce sillage que Fonx Sa Rew, Sursaut Citoyen, Demain Sénégal, le Collectif des Universitaires pour la Démocratie (CUD), entre autres, ont vu le jour.

LE COUP D’ETAT CONSTITUTIONNEL DE MACKY ET LA RÉSISTANCE DES SAGES DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL

Le coup d’Etat constitutionnel, perpétré le 3 février 2024 par le Président Macky Sall en reportant l’élection présidentielle à quelques heures seulement du démarrage de la campagne électorale, a provoqué la montée en puissance des organisations de la société civile active dans la lutte contre les   atteintes graves aux fondements de l’Etat de droit et de la démocratie au Sénégal. Cette montée en puissance s’est traduite par la mise en place d’une plateforme fédérative des initiatives citoyennes dénommée Aar Sunu Élection et qui a su opérer la jonction sur le terrain avec les forces politiques progressistes.

Dans l’histoire politique du Sénégal, cette situation provoquée par le coup d’état constitutionnel est inédite. En effet, elle résulte de la volonté autocratique du président de la République en exercice, frappé d’incapacité juridique de se représenter pour un troisième mandat consécutif, de biaiser tout le processus de l’élection présidentielle au profit de son clan contre le candidat de l’anti système et du camp souverainiste Bassirou Diomaye Faye.

Pour la première fois, deux membres du Conseil Constitutionnel étaient soupçonnés de corruption pour éliminer un candidat en l’occurrence M. Karim Wade. Pour la première fois, l’Assemblée nationale avec une majorité composée de députés du pouvoir et du PDS vota la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur les soupçons de corruption de membres du conseil constitutionnel jetant ainsi le discrédit sur cette institution qui avait validé officiellement la liste de 18 candidats à l’élection présidentielle du 28 février 2024. Le paradoxe c’est M. Amadou Ba le candidat du pouvoir qui était soupçonné d’être le corrupteur des membres du conseil constitutionnel.

La crise institutionnelle était ainsi provoquée par le président en exercice Macky Sall pour reporter l’élection présidentielle et se faisant faire reprendre le processus de validation des candidats à l’élection présidentielle. L’autre modalité du coup d’état constitutionnel perpétré par Macky Sall est la tenue d’un pseudo dialogue national, boycotté par la quasi-totalité des candidats retenus par le conseil constitutionnel, et qui a validé son agenda de ne pas appliquer en fait la décision du conseil constitutionnel pourtant soutenue par la quasi-totalité des acteurs de la société civile active, des partis et mouvements politiques, l’église catholique du Sénégal à qui je rends un vibrant hommage, et la communauté internationale.

Cette situation inédite renseigne sur la fissure du bloc hégémonique au pouvoir reposant sur l’asservissement des pouvoirs législatif et judiciaire au pouvoir exécutif hyper présidentialiste et son contrôle total de l’appareil militaro policier.  Suite au recours de candidats de l’opposition, le Conseil constitutionnel (CC) rejeta le report de l’élection présidentielle à décembre 2024 actée par l’assemblée nationale. Mieux le CC notifia par décision au président de la République l’impératif du respect du calendrier électoral conformément aux dispositions constitutionnelles. Cette décision ne faisait aucune concession devant ouvrir une quelconque possibilité de prorogation du mandat du président Macky Sall au-delà du 2 avril 2024 date légalement prévue pour la prestation de sermon du président élu et de passation de services.

Le peuple sénégalais et sa diaspora de partout dans le monde apporta une réponse révolutionnaire historique en mettant fin, le 24 mars 2024 au coup d’état institutionnel perpétré par Macky Sall et son régime despotique. En effet, la résistance imposa la tenue de l’élection présidentielle avant le 2 avril 2024 date prévue pour la prestation de serment du nouveau président élu et la passation de services entre ce dernier et le président sortant. Le conseil constitutionnel valida la proposition de Macky Sall de convoquer le collège électoral pour le premier tour de l’élection présidentielle le 24 mars 2024. Le président Ousmane Sonko et le candidat du camp panafricain et souverainiste furent libérés ainsi que la quasi-totalité des autres otages  politiques principalement membres de Pastef ceci suite à la capitulation de Macky Sall qui pour couvrir les complots et crimes de son régime fit voter par l’assemblée nationale à sa solde une loi d’amnistie «  couvrant  tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle commis entre le 1er février 2021 et le 1er février 2024 tant au Sénégal qu’à l’étranger liés aux événements de mars 2021 à juin 2023 qui se  rapportent à des manifestations ou ayant des motivations politiques y compris celles faites par tous supports de communication que leurs auteurs aient été jugés ou non ».

LA DÉFERLANTE RÉVOLUTIONNAIRE : SONKO-DIOMAYE PLÉBISCITÉ AU PREMIER TOUR

La mécanique irrésistible de la victoire du camp souverainiste et anti-néocolonial porté par Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ainsi que l’ensemble des forces progressistes s’ébranla avec l’entrée en campagne électorale réduite à dix jours, et malgré le retard de près d’une semaine, du ticket Bassirou Diomaye-Ousmane Sonko.  La dynamique vague déferlante qui s’empara de tout le pays se conclut en apothéose par la victoire dès le premier tour du candidat Bassirou Diomaye Faye avec plus de 54% des suffrages exprimés.

Depuis le nouveau pouvoir, issu de la révolution démocratique de mars, a amorcé le processus de rupture systématique concernant l’efficacité et l’efficience de l’action gouvernementale et du management public, la refondation de la gouvernance basée sur l’éthique et la redevabilité, les prémisses d’une révolution agraire, le blocage du carnage foncier, le réexamen de certaines conventions dans les secteurs miniers, pétroliers et halieutiques, la mise en place, entre autres, des processus de travail sur le dialogue national sur la justice, et la réduction du coût de la vie, l’audit des mécanismes et instruments de promotion économique et sociale des femmes, la revue des finances publiques sur la période allant du 1er janvier 2019 au 31 mars 2024.

Il reste entendu que des difficultés vont surgir car le pays est profondément abimé, tout est à refaire. Des erreurs ne manqueront pas mais l’essentiel est d’en tirer des leçons appropriées et d’avancer fermement dans le développement du projet souverainiste de rupture avec le système néocolonial et néo libéral dominant dans notre pays depuis son pseudo accession à l’indépendance.

Le camp réactionnaire ne désarmera point et soutenu par l’impérialisme il travaillera chaque jour à empêcher la poursuite du processus révolutionnaire et démocratique. Dès lors la sécurisation de ce processus devient un impératif absolu. La dynamique de résistance qui a conduit au grand soir de la démocratie et de l’Etat de droit doit s’amplifier et mener à la conquête de la majorité absolue aux prochaines élections législatives et locales. Oui l’Assemblée nationale doit être dissoute au terme des dispositions légales prévues. Oui les collectivités territoriales (municipalités, conseils départementaux) doivent être dissoutes. La refondation des institutions de représentation politique et citoyenne dans un équilibre des pouvoirs est une nécessité pour parachever la décolonisation de tous les espaces d’exercice et de décisions politiques et permettre le contrôle citoyen sur tous les pouvoirs légitimés par le vote populaire.

Le camp du peuple est notre camp, soyons les gardiens du temple, les nouveaux partisans de la défense de la révolution démocratique et citoyenne du 24 mars 2024.

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