Actualité Editorial

TSUNAMI

 

Par DEMBA NDIAYE

Il ne s’est pas agi d’un raz-de-marée, mais de quelque chose de plus puissant, de plus dévastateur pour le vieux système : Tsunami cela s’appelle. Un Tsunami politique qui vient de dévaster sous nos yeux les vieilles terres victimes des dégradations de générations de rapaces, de pilleurs, expérimentés dans toutes sortes de prédations. Comme le phénomène naturel, celui-ci aussi n’ pas été vraiment prévu par les « sachants » en tous genres et autres supplétifs de la caste cannibale en décomposition.;

Ils avaient pourtant  perçu  l’imminence du danger depuis trois quatre ans et se évertué à « tuer » le virus sur les chemins des tribunaux, dans les cachots des commissariats et des casernes de la marée chaussée, dans la puante « cave »du ministère de la justice, et, enfin, dans un « pénitencier » au bord de la mer, à quelques brassées des vagues. Qui auraient pu les engloutir comme ces militaires portés disparus.

Mais leur haine pour cette génération morale, décomplexée, décidée à mettre en pièces  les connivences qui nous enchaînaient aux pieds d’anciens maîtres, le pouvoir, son chef en premier lieu, n’a eu comme objectif de survie que les lacrymogènes et balles des flics et des gendarmes, et enfin, une Justice qui a perdu l’équilibre de sa balance ; sa raison d’être. Une sorte de solution finale version libérale ; en chemin, ils se sont perdus dans leur stratégie de guerre, et là ont fini par perdre et la bataille et la guerre depuis ce dimanche.

Il faut le dire : jamais le Sénégal des élections pluralistes n’avait connu une telle issue électorale, et un régime, une telle déroute. C’est la fin tragique d’un régime qui, contre vent et marées, contre, surtout, la volonté de ses administrés. Ils n’ont pas vu ce que ce que transportaient comme rage, comme rêves brisés, comme horizons obstrués, ces voyages sans retour. Ils n’ont pas compris que tout cela, c’était la somme des rêves et des désirs de vie, du vivre autrement, dignement. Plus cyniquement, on avait l’impression qu’ils jubilaient de tant de vies noyées ou enterrées dans le désert : c’est moins de révoltés à mâter, moins d’emplois à créer, bref, moins de terroristes et autres casseurs à mater.

Mais ce Tsunami, a emporté aussi, (bon vent) dans ses vagues dévastatrices, des caciques du système : les débris socialistes et un des lambeaux du libéralisme. En effet, tout porte à croire que Khalifa Sall et Idrissa Seck ont dansé leur dernier tango électoral, même si dans cinq ans, ils peuvent toujours faire un « come-back » en marchant aux pas hésitants de sénateurs octogénaires. Si Idrissa Seck paie ses va-et-vient entre la stature d’opposant, la revendication de « chef » et les sinécures du pouvoir. Khalifa Sall, lui, paie les sorties haineuses de son jeune camarade, Barthélémy Dias qui est infoutu d’avoir un minimum de reconnaissance du ventre. Parce qu’il sait bien qu’il doit son fauteuil de maire de la capitale à l’apport inestimable de la coalition Yewwi, de sa locomotive en particulier, le Pastef et son chef, Ousmane Sonko. Les uns et les autres ont passé à côté d’une nouvelle réalité : la générale morale actuelle, exécrée les trahisons et autres inconstances. Ils viennent d’en payer le prix.

Quant aux autres, ceux qu’on n pourrait appeler la « nouvelle opposition » (TAS, Déthié, PD. Fall, Anta Babacar, et dans une moindre mesure, Boubacar Camarade, l’opinion semble leur dire, faites plus de militantisme que de réseaux sociaux et autres conférences de presse. Ainsi, les résultats de ce scrutin, ont donné une plus grande visibilité du paysage politique. Et les prochaines législatives devraient confirmer toutes ces tendances : une hégémonie du Pastef et de son pool, une évolution plus structurée de la nouvelle opposition et une longue traversée du désert de l’APR et de ses alliés de BBY après sa magistrale déculottée de ce 24 mars.

Il reste que, autant le Tsunami a balayé les ordures de nos sphères politiques, autant, la nouvelle équipe sera attendue dans un tournant très proche. Qu’elle ne compte surtout pas sur un quelconque « état de grâce » ! Tout est urgent, tout est prioritaire. Et les vautours chassés des carcasses du pouvoir sont aux aguets. Les bêtes blessées seront sans pitié et livreront une guerre sans concession. Les hyènes qui ricanaient des « mains inexpertes », inexpérimentées, de bandes de casseurs et autres forces spéciales, ceux qui faisaient amis par intérêts, tout ce vilain monde interlope sera à l’affût, des erreurs la gestion des affaires publiques, des lenteurs dans la prise en charge des urgences sociales, mais surtout, dans la mise en œuvre des réformes institutionnelles, avec de puissants coups de balai dans le magma d’une République grandement abîmée par des prédateurs. Les attentes, les espoirs sont en embuscade.

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