Actualité Politique

COMPROMISSION POLITIQUE

Les excommuniés vont prêcher dans le désert de Diamniadio

 

Par MOUSSA FALL

C’est aujourd’hui que les partisans du coup d’Etat constitutionnel vont se réunir à Diamniadio, loin des tumultes de la capitale et à l’abri des yeux dérangeurs, pour donner leurs derniers coups de hache à notre Charte fondamentale. Et ce, sur invitation de celui qui est le garant et gardien non juridictionnel de la Constitution. Pendant deux jours, ceux qui s’auto-appellent « recalés » et « spoliés » vont tenir une messe de requiem pour accompagner ce qui reste de nos valeurs démocratiques dans sa dernière demeure dans le désert de Diamniadio.

Nains et ectoplasmes politiques, regroupés autour d’une sombre structure pilotée et manipulée par le PDS, décident ce lundi de violer la Décision N° 1/c/2024 du Conseil constitutionnel ayant enjoint aux autorités compétentes de poursuivre le processus électoral, après l’échec de leur tripatouillage consistant à proroger anticonstitutionnellement le mandat présidentiel qui expire le 2 avril. Ces excommuniés de la présidentielle de 2024, soutenus par le Président Macky Sall et manipulés par le PDS, ne rechignent pas d’agresser voire transgresser en toute conscience le Texte constitutionnel au nom d’une pseudo-inclusivité de l’élection présidentielle. Il faut se dire la vérité, l’inclusivité électorale est morte le jour où Macky Sall himself a fait voter au forceps son projet de loi sur le parrainage en avril 2018. Filtre démocratique dira-t-on ! Sauf que ce tamis ne laisse passer que ceux qui ont la bénédiction du chef.

En 2019, sur des dizaines de candidats, seuls cinq sont admis à être sur la ligne de départ à l’élection présidentielle de la même année. L’alors Premier ministre de l’époque et directeur de campagne du Président avait désigné par « prophétie » politique ou par connaissance apriorique le nombre de candidats qui allait être retenu en définitive. Pourquoi les candidats pleurnichards de cette année-ci éliminés légalement pour la plupart n’ont pas rué dans les brancards en 2019 pour dénoncer le caractère expurgatoire de cette élection remportée par le Président sortant ? Pourquoi le PDS de Karim Wade éliminé arbitrairement en 2019 n’a pas déployé toute son énergie agressive pour exiger la reprise du processus par le Conseil constitutionnel ? Si c’est Macky Sall qui plaide pour une élection inclusive, c’est parce qu’il est en contradiction avec lui-même. Aujourd’hui avec un Macky mithridatisé, les jérémiades d’un Karim Wade frustré et des madeleines pleureuses lui importent peu. Ce qui l’intéresse, c’est d’avoir des pantins sur lesquels s’adosser pour matérialiser ce 3e mandat auquel il a renoncé par le verbe et non par les actes.

Aujourd’hui, dans la chapelle politique Abdou Diouf de Diamniadio, les politicards impénitents, après avoir récité leurs litanies lamentables et compassionnelles, vont s’aligner pour recevoir l’extrême onction résurrectionnelle du pontife de Bennoo Bokk Yaakaar ; et cela dans l’espérance de participer à une nouvelle messe électorale devant consacrer le nouveau pape qui dirigera les destinées du pays pour cinq ans. Mais ce sera un simple prêche dans le désert puisque les dieux du Conseil constitutionnels, à qui le peuple a confié un pouvoir biblique à travers un référendum, ont déjà décidé du sort de ces excommuniés.

Le Président sortant, au lieu de se conformer à la décision dogmatique du Conseil constitutionnel, a décidé, par des circonlocutions, de la contourner et d’imposer sa propre loi avec le soutien désespéré des excommuniés. Dans l’histoire des religions, aucun prophète n’a eu le pouvoir de modifier, selon ses desiderata, les règles établies par le Seigneur dans les livres sacrés. En République, les lois constitutionnelles intangibles sont assimilables aux dogmes des religions et aucun politique, fût-il Président nanti de tous les pouvoirs que lui accorde la Charte fondamentale, n’a le pouvoir exclusif de les modifier ou de les abroger. Ce qui veut dire que, quelle que soient les décisions qui sortiront de cet office politique loin de la capitale, la Décision N° 1/c/2024 des « Sages » du Temple constitutionnel demeure irrévocable et inchangeable.

Articles similaires

0 0 votes
Évaluation de l'article
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires