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MARCHE «SILENCIEUSE» DE AAR SUNU ÉLECTION

Le peuple exige «la tenue immédiate» de la présidentielle

La plateforme «Aar Sunu Élection» a finalement organisé, samedi dernier, sa marche silencieuse. Beaucoup de Sénégalais ont marché de la Vdn au rond-point liberté VI pour marquer leur désapprobation au report de la présidentielle de février 2024.

 

HABIBATOU TRAORE

Citoyens, hommes politiques ou membres de la société civile sont venus répondre massivement à l’appel de la plateforme Aar Sunu élection. Du rond-point Sipress (Vdn) au rond-point liberté VI, les manifestants ont brandi des pancartes avec différents messages. « Non au coup d’Etat constitutionnel », « Free Senegaal », « Non au prolongement du mandat », « Free démocracy », « Pour la libération des otages politiques »… affichait-on çà et là, le tout accompagné des bruits de klaxons. Ce, sans compter, des slogans comme « Macky Sall, dictateur » entonnés par les marcheurs qui sont pour la majorité habillés aux couleurs du drapeau national. Tout au long de la procession, les déclarations n’ont pas manqué de fuser.

«Ce que nous n’avons pas permis à Wade et Diouf, nous ne le permettrons pas à Macky»

 Ainsi, pour le candidat à la présidentielle, Cheikh Tidiane Dièye, cet appel de la plateforme Aar sunu élection concerne tous les citoyens. « Quelque soient les actes qui seront posés prochainement par le président de la République, il ne peut que se soumettre à la décision du Conseil Constitutionnel. Cette plateforme doit poursuivre son combat et imposer la rigueur au prochain régime pour nous éviter de revivre les mêmes injustices à l’avenir », alerte le membre de la coalition Yewwi Askan Wi.  Dans la même veine, le candidat de la coalition Gakou 2024 estime qu’il urge de trouver les voies et moyens d’organiser une élection démocratique, transparente et inclusive. Malick Gakou pense d’ailleurs qu’on ne devrait pas parler de dialogue mais plutôt des concertations pour un arrangement du calendrier électoral. « L’objectif est d’avoir un nouveau président de la République d’ici le 02 avril prochain. Le Conseil constitutionnel a donné raison à la volonté populaire. C’est aux parties prenantes de se concerter pour retenir une date en conformité avec la Constitution de notre pays », fait savoir le candidat à la présidentielle de 2024.

À côté des hommes politiques, d’autres citoyens anonymes ont simplement voulu « dénoncer une forfaiture démocratique, une fausse crise qui a plongé notre pays dans cette situation ». L’objectif de cette présence massive souffle-t-on est de montrer leur non adhésion au report de la présidentielle. Ce qui fait dire au candidat recalé Cheikh Alhassane Sène que tous les sénégalais se sont mobilisés comme un seul homme pour dire non à cet holdup up électoral. « Ceux qui sont ici constituent un peuple intelligent mais pas en colère qui milite pour un apaisement de l’espace politique et l’organisation de la présidentielle le plus rapidement possible ».

«L’engagement citoyen est un devoir. Cette lutte va profiter aux générations futures»

Dans le lot des manifestants, figure également des personnes à mobilité réduite qui ont déploré l’agression d’un de leurs membres par les forces de défense et de sécurité lors d’une manifestation en ce début du mois de février à Ziguinchor. Les syndicats d’enseignement et de la santé fortement engagés pour le respect du calendrier électoral n’ont pas été en reste. Le secrétaire général adjoint du Cadre unitaire des syndicats de l’enseignement du moyen secondaire (Cusems) n’a pas en ce sens manqué d’apporter la réplique à ceux qui pensent que la politique devrait être dissocier de l’école.  Aly Gnigue précise que le pays est à un tournant où tous les citoyens doivent se mobiliser pour l’intérêt collectif même s’il le faut mettre en attente les cours.

Pendant ce temps, le secrétaire général de la fédération des syndicats de la santé (F2S) soutient que « les plus grandes révolutions au monde sont portées par les intellectuels et de gros cadres ». Ce qui fait, dit-il, que beaucoup d’universitaires ont intégré la plateforme Aar Sunu élection, car ce sont des personnes libres qui ne dépendent d’aucune obédience politique. « Quel que soit le niveau, l’engagement citoyen est un devoir, ça doit être le rôle de tous les segments de la société, peu importe leur appartenance. Cette lutte va également profiter aux générations futures », indique Cheikh Seck. Ce dernier estime parallèlement que le conseil constitutionnel a reconcilié les Sénégalais avec leur justice. Pour le député Sokhna Ba, membre du parti Pur, les Sénégalais veulent tourner la page de la présidentielle qui tient le pays en haleine depuis des mois.

«Le camp d’en face ne fait qu’endormir le peuple pour dérouler sa forfaiture»

L’ancienne parlementaire Marième Soda Ndiaye invite, pour sa part, tous les Sénégalais à continuer à se mobiliser et à rester vigilants. D’après l’alliée de la coalition Diomaye Président, « le camp d’en face ne fait qu’endormir le peuple pour dérouler sa forfaiture ». « Nous nous félicitons de cette mobilisation composée de la société civile, des hommes politiques, seul le peuple peut arriver au bout de l’injustice. Nous n’avons pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes et notre marque de fabrique a toujours été de nous exprimer dans la discipline, la légalité … ».

Le candidat de la coalition Diao 2024 se réjouie qu’aucun débordement n’a été noté durant cette manifestation. C’est ce qui prouve selon Mame Boye Diao qu’il faut arrêter d’interdire systématiquement les manifestations. Dans la même veine, Cheikh Barra Ndiaye soutient que la manifestation est un droit constitutionnel qui ne devrait pas être interdite. A ses yeux, Macky Sall a l’obligation d’organiser la présidentielle étant donné qu’il a chamboulé le calendrier électoral.

Au cours de cette marche de la plateforme Aar Sunu élection contre le report de la présidentielle, la libération de tous les détenus a été au cœur des revendications.  A l’étape du Camp pénal, les manifestants ont scandé « Libérez les otages ». A ce propos, Souleymane Ndjim dont le frère Hanibal Ndjim a été récemment élargi pense que le combat doit continuer pour que tous les détenus soient libérés. « Un excès de zèle des forces de sécurité fait que nous avons presque fait le tour de tous les commissariats de Dakar.  Des gens ont été violentés et torturés, la surpopulation carcérale est insupportable et tous ceci ne repose que sur de l’arbitraire », dénonce Souleymane Ndjim.  Pendant ce temps, Dr Cheikh Tidiane Dièye se désole que des « des gens ont été accusés de terroristes et de faits graves pour finir par être emprisonnés sans jugement et libérés un beau jour sans procès. On veut la libération de Ousmane Sonko dans les meilleurs délais sans dialogue, ni négociation. Le cas de Bassirou Diomaye Faye est encore plus grave parce que c’est un candidat qui doit être sur le terrain et battre campagne. Les prisoniers sont également dans les régions, ils sont plus de 1000 dans le pays et tout le monde doit être libéré.  Nous voulons qu’il fasse plus d’effort en ce sens ».

Toutefois la plateforme Aar sunu élection a dans une résolution publiée à la fin de la manifestation appelé tous les citoyens, « soucieux de la préservation de la souveraineté populaire », à continuer la mobilisation tout en restant en alertes, pour surveiller le déroulement intégral du calendrier républicain selon les dispositions légales. Aar sunu élection invite ainsi, dit-on, les organisations et personnalités indépendantes à accompagner et participer à cette veille populaire des citoyens sénégalais qui ont fini de démontrer à la face du monde leur attachement fondamental au respect de la Constitution.

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