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MAISON D’ARRET ET DE CORRECTION DE ZIGUINCHOR 118 détenus entament une grève de la faim illimitée pour protester contre les longues détentions préventives

Cent-dix-huit (118) détenus de la maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor ont entamé, lundi matin, une grève de la faim illimitée pour protester contre les longues détentions préventives, selon une source judiciaire. Les grévistes sont constitués de détenus dits politiques, dont le maire de Diacounda (département de Bounkiling), Amadou Sané et d’autres poursuivis pour d’autres affaires.

« Ils nous ont contacté hier pour nous annoncer qu’ils comptent observer une diète. Ce matin, quand on y a été, on a constaté qu’ils ont démarré la grève de la faim », informe Madia Diop Sané, coordonnateur national du mouvement Vision Citoyenne. Selon lui, « si, sur les trois cents et quelques détenus de la Mac de Ziguinchor, cent-dix-huit sont en grève de la faim, c’est que l’avertissement est assez sérieux ».

«Le ministre de tutelle avait

publiquement affirmé que…»

En effet, ils protestent contre « les longues détentions » et réclament « l’amélioration des conditions de détention ». « Les tenues des chambres criminelles et correctionnelles sont distantes. Elles sont organisées deux fois par an. Et compte tenu du nombre de dossiers en instruction et des affaires à juger, c’est très peu. Ça allonge les détentions. C’est une revendication qui revient à chaque mouvement d’humeur », regrette Madia Diop Sané. À l’en croire, « les grévistes comptent aller jusqu’au bout pour amener les autorités à prêter attention et prendre en charge leur doléance ». Et de marteler : « Depuis mai 2023, il n’y a pas eu de chambre correctionnelle. Ils dénoncent donc leurs longues détentions préventives. Effectivement, il est temps pour que la justice affecte dans la région de Ziguinchor suffisamment de magistrats pour faire le travail d’enquête et d’instruction ». M. Sané prône également le règlement définitif de ce gap d’effectif dans la région, car même pour la chambre criminelle, pour les appels, c’est une éternité de recevoir une réponse alors que les affaires s’accumulent sur la table du procureur. « Je rappelle que le ministre de tutelle avait publiquement affirmé que les longues détentions préventives seraient un mauvais souvenir, mais voilà que ça ne bouge pas en faveur de ces derniers », déplore-t-il.

«Mettre la pression sur les

autorités pour se faire libérer»

Madia Diop Sané et ses collaborateurs demandent à la justice de « dire la vérité aux Sénégalais et de faire leur travail ». « Ce sont des êtres humains qui sont en prison et ils ne peuvent pas rester en détention pendant des années sans être jugés et condamnés ou libérés. C’est inadmissible et inacceptable », laisse entendre Madia, qui se réjouit « du vent de décrispation qui doit souffler jusqu’à la Mac de Ziguinchor ». « C’est une manière de mettre la pression sur les autorités pour espérer se faire libérer », estime un jeune de la mouvance présidentielle, sous anonymat. « Ils veulent profiter du contexte et s’engouffrer dans la brèche ouverte à Dakar pour bénéficier de libertés provisoires », ajoute le jeune, qui souhaite que les détenus dont les dossiers ne sont pas assez sérieux soient élargis mais que ceux qui trainent des cas lourds soient gardés. De nombreux détenus sont ceux arrêtés lors des manifestations dans la région en mai et juin 2023. Ils attendent d’être fixés sur leur sort. Jusqu’à midi, personne de ces détenus n’est admis à l’infirmerie de la Mac de Ziguinchor, selon une source judiciaire.  La société civile a pris son bâton de pèlerin pour tenter de convaincre les grévistes à mettre fin à leur mouvement d’humeur pour donner une chance à des transactions en cours.

BARHAM BA

(Correspondant)

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