Par DEMBA NDIAYE
La honte ! Mais ce sentiment fait-il partie du corpus moral d’un président ? Du nôtre notamment ? Si oui, il devrait dès aujourd’hui donner sa démission et ne pas attendre le 02 avril. Par anticipation ! Par orgueil et pour l’honneur ! Si ces gens-là en ont encore. Par cette décision du Conseil constitutionnel, les sept Sages font montre de leur sagesse et rendent hommage à leur manière, à leur homologue français dont les funérailles ont eu lieu hier, lundi, Robert Badinter, qui a dit à Mitterrand après avoir prêté serment, qu’il usera de son « devoir d’ingratitude ». Autrement dit, bien que nommé par le Président, il ne sera pas son godillot, mais le garant des institutions, de la Constitution, notamment.
La honte aussi à cette majorité mécanique parlementaire qui a suivi comme les moutons de Panurge qu’ils sont, la direction montrée par le doigt présidentiel. La honte pour les députés libéraux qui ont concocté toute cette tambouille infecte, indigeste, pour remettre dans le « jeu » électoral leur candidat en fuite et planqué depuis une dizaine d’années dans les gratte-ciels climatisés du désert de Doha.
Au-delà de la honte qui devrait étouffer ces parangons de l’indicible, ils devraient (devront) payer les conséquences de leur agression contre notre Constitution : la mort de trois jeunes gens à la fleur de l’âge. Oui, tous devront payer un jour : celui qui a ordonné et donné son feu vert pour ce crime contre notre Constitution, ceux (députés) qui ont avalisé, par une loi, un crime imparfait, bâclé, mais aussi ceux qui ont appuyé sur la gâchette. Ce pays ne peut pas et ne doit pas devenir un Far West politique avec des cow-boys de pacotille. L’élection doit avoir lieu dans les « meilleurs délais ». C’est-à-dire tout régler avant le 02 avril, pour avoir notre nouveau Président. C’est possible, et c’est ce qui se fera.
Mais il est évident que les mobilisations doivent continuer, que cette décision du Conseil constitutionnel ne soit pas un anesthésiant pour les mobilisations en préparation et/ou en cours, mais au contraire un coup de fouet pour accélérer la cadence. Les ennemis de la démocratie, de la République, ceux-là qui ont organisé le b… que le pays connaît depuis quelques jours, n’ont pas dit leur dernier mot. Ils reviendront à la charge avec d’autres coups tordus. Parce que leur descente aux enfers n’est pas terminée : leur chef n’est toujours pas décidé à partir, leur candidat est toujours en route pour un enterrement de première classe, leur cauchemar de Cap Manuel est toujours vivant, et désormais plus vivant que jamais.
Les comploteurs qui avaient juré que non seulement leur cauchemar numéro un ne sera pas candidat, mais aussi ceux qu’il aura lancés dans l’arène (Diomaye, Dr Cheikh Tidiane Dièye, Habib Sy). Du fait que le Conseil constitutionnel n’a pas exaucé leurs vœux, ils ont mis en route toutes ces insanités politiques : attaque sournoise contre (deux) le Conseil avec l’appui de la cinquième colonne du Pds.
Oui, il est fort probable qu’ils ne noieront pas leur honte dans l’humilité. C’est pour ça qu’il faut continuer la veille citoyenne, la mobilisation jusqu’à l’accostage du Gaal, le 02 avril. Il est interdit de dormir sur ce laurier du Conseil constitutionnel.